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Francis Debieuvre, dedans nos failles

Francis Debieuvre (photo non créditée)

Francis Debieuvre (photo non créditée)

Si vous pouvez vous targuer de l’avoir applaudi cet été à Barjac m’en chante, ce n’était pas sur les scènes officielles, si ce n’est en scène ouverte, mais sur les pavés de cette cité renaissance. Avec cette année le renfort de son nouvel album, le troisième : Le vent dans les broussailles, douze titres finement ouvragés, joliment musiqués. Certes en solo à Barjac, mais avec nombre de musiciens sur les plages de ce disque. Contrebasse, violoncelle, violons, guitares (même flamenca), piano, trompette et batterie : y’a du monde sur le pont pour une orchestration sobre, intelligente, qui jamais ne prend le pas sur les textes mais, habilement, participe à la dramaturgie de chaque chanson, en souligne les mélodies.

L’art de Debieuvre passe par tous les états, de l’insouciance du premier titre (On dit qu’depuis que je suis heureux) à la gravité du dernier (Le chemin des Dames). Sur les portées de notes du violoncelle « passent les belles / et les tourments / Les hirondelles / les fleurs d’avant / les tourterelles… ». Les chansons sont toutes d’une telle douceur que, par distraction, on pourrait n’y entendre qu’amour et galanterie, fantaisie parfois, Des endroits où l’on se pose où se se vide la tête après avoir accompli nos tâches quotidiennes. Mais c’est trompeur, on n’est jamais à l’abri d’un vers, d’une rime, d’un refrain où la rêverie se cogne au réel : « On est sur le Nil avec ma fiancée / Un tir de missile nous a estropiés… » Les sept couplets de Que se passe-t’il font, eux, catalogue des guerres et catastrophes écologiques contre lesquelles on ne dresse vraiment que « nos discours convenus, nos drapeaux imbéciles / Que se passe-t’il ? Que se passe-t’il ? »

DruckPour bien vous le situer, s’il fallait comparer avec raison Francis Debieuvre, on irait à l’évidence sur Gilbert Laffaille (écoutez la superbe chanson-titre, Le vent dans les broussailles, vous en serez comme moi définitivement convaincu). Le souci de chansons bien ouvragées, un optimisme contrarié qui souvent suinte des vers. La poésie, la mélancolie et l’amour… « Même si plus rien / Ne sera comme avant / Même si des arbres / Disparaissent en même temps / Je veux te dire / Je le dis maintenant / Je t’aime ».

Le dernier titre, Le chemin des dames, semble clore la longue commémoration de 14-18 : « Il n’y avait que des hommes / Sur le chemin des Dames:Marchant comme un seul homme / S’engouffrant dans le drame […] S’il n’y avait que les femmes / Sur le chemin de l’Homme / On oublierait les armes / On cueillerait… des pommes ».

Un très bel album pour qui aime passionnément la chanson, pour qui y croit ; un CD qui, loin s’en faut, ne déparera pas sur les étagères de votre discothèque. Fasse que Debieuvre quitte bientôt le pavé de Barjac pour une programmation plus enviable, plus conforme à son talent. Que les programmateurs aient la bonne idée de l’inviter : tout le monde y serait gagnant.

 

Francis Debieuvre, Le vent dans les broussailles, autoproduit 2019. Le site de Francis Debieuvre, c’est ici (on y commande le disque). Contact : francis.debieuvre@live.fr

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3 Réponses à Francis Debieuvre, dedans nos failles

  1. POMMIER Marc 19 août 2019 à 18 h 38 min

    Merci d’avoir commenté ce disque de Francis DEBIEUVRE que j’ai rencontré au mois d’avril … j’apprécie son univers de plénitude qui dégage beaucoup de jolies sensations. L’homme discret n’enfonce pas les portes, il les ouvre … c’est de la respiration !

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  2. LEVY-VALENSI 19 août 2019 à 21 h 54 min

    J’ai connu Francis Debieuvre à ses débuts : c’est un poète qui a beaucoup d’humour. D’une grande sincérité, mettre les mots en musique est sa passion. Il gagne à être connu et reconnu. Cet article dépeint bien l’artiste et son talent. Le dernier album, comme les précédents, est touchant.

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  3. Maï Usclade Arthé café 22 août 2019 à 11 h 27 min

    Voilà des années je faisais la rencontre dans les ruelles de Barjac de Francis Debieuvre, ce Pierrot lunaire chantant. Ce fut un coup de coeur pour l’humain et pour les textes de ses chansons. La surprise fut aussi que plusieurs heures après l’avoir écouté, ses mélodies s’étaient installées au creux de mon oreille… Depuis Francis est revenu de nombreuses fois sur la scène de l’Arthé Café… La magie opère toujours et le public ne s’y trompe pas. Son dernier album, « Du vent dans les broussailles », est une pépite à découvrir, entendre et réentendre tout en finesse et subtilités textuelles et musicales. Belle et longue route à toi Francis ! Et oui, j’espère fortement une grande et belle scène à Barjac….

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