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FredObert, qualité made in Berry

FredOberT en concert

FredOberT en concert

Ceci est un album entièrement made in Berry. Qui, comme tout le monde ne le sait pas, est le véritable centre de la France. Certains diraient la France profonde, avec un petit air protecteur. Pourtant, de profondeur il n’en est pas exempt.

L’album, un très joli digifile carton sobre et chic, présente le trio en action. Benoît Caillault (basse, guitare et contrebasse), Yannick Cluseau (multi-intrumentiste, violon, guitares, batterie et tout ce qui peut se faire en percussions), pantalons rouges, autour de Fred Daubert, homme de lettres tant par son métier d’origine que par son écriture précise et pittoresque, coiffure stylée, lunettes, costume savamment dépareillé, converse jaunes, et sans le chapeau qui fut sa marque depuis ses débuts, lorsqu’il signait encore Fred Daubert. Presque aussi lié à sa personne que celui de Frasiak, même s’il y loge ses cheveux. Un chapeau à qui pourtant il a consacré toute une chanson : « Il est comme un couvercle qui protège ma fiole / Le bandeau qui le cercle en guise d’auréole / Il ne craint que la bise, Aquilon et Eole / Qui l’entraînent à leur guise en des ballades folles ».

L’album démarre sur une chanson d’amour : « Comme une belle au bois dormant / Qu’un baiser du prince libère / Tu m’as attendu patiemment ». Non, ne nous égarons pas, c’est à une 49.9, une vieille mobylette orange qu’il déclare ainsi sa flamme. Comme une première maîtresse, c’est elle qui a fait de l’enfant un jeune homme, et il espère bien la léguer à son propre fils. Si ça démarre très country avec guitare et harmonica, la variété des arrangements, jazz, world, chanson, a vite fait de vous faire voyager. Ballade accordéonée (Sébastien Tidière) Chez Jeannine « au bar de la civette », celle qui fait toute la convivialité du village, et qui « va jeter l’éponge tristement » sans trouver de successeur.

FredOberT 2020 Du-veloursIl y a comme un air de Renaud dans cette façon de décrire les « gens qui ne sont rien », qui pourtant sont tout. C’est à lui qu’il dédie cette lettre, son modèle de jeunesse. Une chanson d’une rare délicatesse, d’une grande justesse d’écriture, sur fond de violoncelle (Camille Mechain) et de clarinette (Justin Caillault), où chaque mot porte, émeut. « Pour l’ombre du héros je garde la tendresse / Ton blase tatoué dans un coin de mon âme (…) Tu peux ranger ta plume, réaffûter tes gaules / T’enivrer du parfum frais d’une aube nouvelle / Te ranger de la thune, du Pernod, des bagnoles / Sache que désormais, mon gars, t’es éternel ». C’est beau comme du Renaud. A lui encore on pense avec ce jour qui tombe sur la Brenne, sur Raymond Mis et Gabriel Thiennot, à l’ombre des Persiennes, condamnés pour un meurtre qu’ils n’ont peut-être pas commis.

C’est sur des rythmes exotiques et des accents orientaux au son des darbouka, kayamb, ribab et banjo qu’il nous fait visiter ce village de Carte postale qui a succomb[é] à l’appel du bleu sans avoir jamais vu d’exilé, cette retraite exquise : « On pourrait à l’occase y poser sa valise / Si le diable n’y avait pas déjà posé la sienne ».

L’amour n’y prend ses aises qu’en liberté, renonçant au grand mariage en raison de la difficulté d’établir un Plan de table- chanson bien troussée qui date de son premier EP – pour un plan à deux aux chandelles et au champagne ; et au mariage lui-même avec ses contraintes, sa routine et son ennui, pour Le plus beau jour de ma vie : « Je pars… / Aimer au jour le jour des princesses aux pieds nus / Faire les yeux de velours à la belle ingénue / Qui m’aimera sans chaînes et gardera son nom ».

Un mélange parfait entre chansons burlesques, Casamance, une histoire de légionnaire qui préfère le bouc à la chèvre, ou Tonton Martine : « Le genre de trogne à mi-chemin / Entre Cavanna et Régine » et chansons tendres, pleines d’une douceur sans facilités. Ecoutez plutôt Les larmes de crocodile, qui console le gros chagrin de sa petite fille, ou Comme un gamin, l’adieu à un ami discret.

Si la perfection n’était pas ennuyeuse, on dirait bien que cet album est parfait – son titre, Du velours, n’est pas usurpé – tant il est bien écrit, bien senti, bien interprété et d’une grande richesse musicale (on pourrait citer aussi le piano et les cuivres), avec une patte très cohérente.

 

FredObert, Du velours, autoproduit , YacProd (2020)

Pour se procurer l’album, le site de FredOberT, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là

Réécouter les versions confinées du répertoire de Fred Daubert. Même avec une seule guitare, ses chansons tiennent parfaitement.

49.9, version confinée Image de prévisualisation YouTube
Les larmes de crocodile (extrait) Image de prévisualisation YouTube

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