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À fleur de pop, Julien Doré explore des terres inconnues

Julien Doré (photo presse Goledzinowski)

Julien Doré (photo presse Goledzinowski)

C’est dans l’air du temps : nous vivons de sacrées transitions en divers domaines. Julien Doré, artiste ô combien médiatique depuis sa percée en 2007 dans le télécrochet « La Nouvelle Star », l’incarne. Il a donc quitté Paris pour vivre et composer dans sa région natale, les Cévennes. Plus tout à fait le même ? Allez savoir ! En harmonie avec lui-même assurément et avec les inquiétudes communes du moment. De l’intime au destin collectif un des dandys de la chanson française se met en questions. Laissant au second plan ses peines de cœur qui constituaient l’essentiel de ses succès le trentenaire natif d’Alès livre un cinquième album à fleur de pop, comme l’écrit une consœur avisée. Fort d’un humour, d’une autodérision bienvenue, presque un détachement, et porteur de préoccupations environnementales et sociétales. Étonnant non ?

photo_1595255467Julien Doré aime se mettre en scène, se jouant de lui-même. Comme dans un des titres phares de l’album, Barracuda, repris en deux versions : « Tout l’monde a quelque chose à dire sur mes cheveux ou le climat / Bien que tous les deux aillent vers le pire, personne ne se battra pour ça ». A 38 ans, il semble que Julien Doré sonne la fin de la récréation et se soucie davantage de transmettre une vision du monde. « Le monde a changé / Il s’est déplacé quelques vertèbres », chante-t-il dans La fièvre. Entre pessimisme raisonné et nouvelle donne il alterne les atmosphères. Une chanson Kiki s’adresse à un bébé à naître. Des chœurs d’enfants dans plusieurs titres évoquent le souci de la transmission et le pari sur les générations à venir regardant leurs aînés, sans complaisance. L’héritier se fait fondateur. A l’image d’un album dédié à « Aimée », les prénoms de la grand-mère et de la mère du chanteur. Le tout habillé dans des couleurs musicales pop chics et décalées. Des rythmes caribéens aux percussions africaines. Tout n’est pas réussi dans cet album malin, sincère, mais l’exercice séduit.

Écrit avant le confinement l’album fait écho à l’actualité. Comme dans La bise, ce geste devenu étranger à nos coutumes ordinaires. Ou encore Lampedusa. On retiendra encore dans ces chansons qui souffle le froid des constats et le chaud des possibles, le duo avec Clara Luciani, L’île au lendemain où la voix de l’une transcende celle de l’autre un brin voilée. « Tout ça ne sert à rien / On a coulé l’île du lendemain » chantent-ils. Le vert va bien à Julien Doré quittant le registre de chanteurs à midinettes. « J’ai une forme de foi, de grande croyance » assure-t-il dans un entretien paru dans Les Inrockuptibles. Quand la recherche du sens ouvre des voies.

 

Julien Doré, Aimée, Columbia/Sony Music 2020. Le site de Julien Doré, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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