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Chantons sur le quai : l’ouvrir, la chanson

Ouverture Chantons sur le quai 24 septembre 2021 He le' ale' a

Ouverture Chantons sur le quai 24 septembre 2021 He le’ ale’ a

Veynes-Dévoluy, 3 jours d’arrêt pour Chantons sur le quai, festival impromptu en cette fin septembre dans la petite ville des Hautes-Alpes dont le terreau chanson se voit remué à nouveau : FestiFaï y avait, rappelons-le, accueilli de 2011 à 2017 de fort belles personnes – Yéti, Nicolas Jules, Grégoire Gensse, Delphine Coutant, Hervé Lapalud, j’en passe et des meilleures !

À l’affiche de ce petit nouveau à l’allure plus sage mais tout aussi prometteuse, des grands pontes de la chanson : Jean Fauque (le parolier de Bashung tout de même !), Jack Simard, Mardjane Chémirani ; et des peut-être moins connus de vos esgourdes mais non moins habitués de la scène : le baladeur Alain Ortéga et son Modjo Band, et le festif et fier franc-comtois Nadamas.

C’est au détour d’une scène ouverte pourtant que l’envie d’écrire me prend vraiment. On a tendance, comme critiques (ou arnaqueurs, comme dirait un ami), à prendre ça de façon automatique : concert ? Eh bien chronique ! Alors oui, c’est certain, si on ne chroniquait que ce qui nous donne l’étincelle, on chroniquerait beaucoup moins. Et non pas que l’étincelle ne me soit pas venue lors des concerts vus, écoutés, savourés de ces deux premiers jours de festival.

Chantons sur les quais Programme 2021Mais voilà, dans ce festival de qualité, avec « un public de qualité », ce que je vois, ce que j’entends, c’est certes la joie du public à revenir écouter du vivant et partager du vivant, mais ce que je vois, ce que j’entends, c’est aussi une salle clairsemée comme un adret de fin d’été. On a beau louer la qualité sur la quantité, avoir trente personnes dans une salle qui possède une capacité de 170 sièges, ça fait un vide un peu. Même avec un public déchaîné (et il l’était, vous auriez vu ce monsieur laissant sa canne tomber pour danser sur Nadamas !). Faute au diabolique pass sanitaire ?

Il a bon dos, je crois, le pass. La chanson reste, il faut le dire, victime de son image « truc de vieux », tireuse d’élite littéraire (jusqu’au brillant – et jeune – pianiste de Jack Simard qui lui aussi « hait la chanson française »). Et il faut le dire, outre pass magique, l’effet covid a aussi provoqué un bel embouteillage de festivals : au même moment à Gap (05) était organisé un festival d’arts de rue… gratuit. Choix vite fait donc et la couleur moyenne des chevelures qui peuplaient la salle demeurait ici d’un beau nuancier de blanc grisé.

Alors oui, c’est au détour d’une scène ouverte soudain que l’envie d’écrire m’a prise comme (ah je vous vois venir, non, pas comme une envie de pisser) – comme la sueur prend le corps dans une salle chauffée à l’humain. S’il y a bien une chose qui est belle dans ce nouveau festival, c’est qu’il ouvre la scène, littéralement, à la fois pour tous mais pas à n’importe qui, si vous me suivez.

L’objectif de Florence Olivreau, responsable du festival sous l’étiquette de l’association Helealea, était en effet de donner – par les master class dédiées à des auteurs non néophytes et ces scènes – un tremplin « à des auteurs-compositeurs-interprètes s’étant déjà frottés à la chanson ». Initialement prévues dans la rue, ces scènes ouvertes de qualité auraient sûrement permis de toucher, d’apprivoiser des non-initiés (et des non-vaccinés). Bon, la météo en avait décidé autrement. Faute à la lourdeur du gris menaçant.

Loo K Scène ouverte 26 septembre

Loo K en Scène ouverte 26 septembre

Alors oui, entrée au hasard de la salle de repli des scènes ouvertes, voilà que je m’en prends plein la gueule – qu’« [on donne] de l’air pour attiser le feu » : entre la pop acidulée de Pascale Borel alias Mikado et le rock rugueux pas toujours juste de Ramdam, Loo K, jeune slameur-rappeur du 05, fait péter les mots et je me demande bien ce que toutes ces têtes blanches dans l’auditoire en pensent. « Tant que les vagues ondulent / Tant que les vagues ondulent » – mots-balles qui jonglent sur la violence de vouloir plus loin que tictac d’un monde en rond. Le lendemain, le duo Ridolfo nous interprète d’une voix alainsouchonesque du Johnny comme du Allain dans un humour des plus ambrosiaques. La salle en redemanderait bien.

 

Chantons sur le Quai, première édition d’un festival de chanson française organisé conjointement par Veynes et Helealea (dont on se délecte à prononcer le nom) se promet donc un bel avenir : celui de donner « la part belle au mot », et on l’espère, d’ouvrir la scène de la chanson nouvelle à autres que convaincus !

 Le programme du Festival sur le site d’He le’ ale’ a, c’est ici.

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