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Les Capsules : bulle de légèreté à trois voix

Les Capsules

Les Capsules (photos Jean-Pierre Maybon)

Festival de Poche à Miramas, 17 octobre 2021,

 

Ne les cherchez pas sur Internet : les Capsules sont bien connues de Miramas et de Salon mais pas encore de la toile. Trio féminin né par les liens du cœur (Sophie au clavier et Lola au chant sont mère et fille, Sandrine à la basse une amie de longue date), elles sont dans la musique depuis toujours, mais commencent tout juste à se lancer sur des scènes de plus grande envergure.

C’est avec délice, dans l’ancien dancing où dansent encore aux murs en décoration les noms des tubes qui ont fait virevolter les Miramassiens et Miramassiennes, qu’on entre dans leur univers autobaptisé avec dérision « naïve pop » aussi jazzy, élégant et rêveur : « mes premières compositions, je trouvais que ça faisait très chansons pour enfants ; il y a un petit côté tableaux naïfs », s’excuse presque Sophie, compositrice du groupe.

caps1caps3caps2En effet, c’est frais et léger comme une bulle – ces trois filles me font un peu penser aux Brigitte avec cette propension au chœur tri-voix envoûtant – naïf pourrait-on dire oui, d’où ressortent surtout dans ces deux premières compositions une recherche du rythme et une poésie du phrasé. Si loin, rêveuse chanson d’apprentissage de l’amour paraît bien anodine sur le papier, mais on s’y laisse volontiers bercer loin par la répétition et allitération en [é] lorsque déployée sur scène : « Elle m’a pris par la main / Elle m’a emmenée loin / Si loin / J’étais bien mal barrée quand elle m’a emmenée / On avait été tout emberlificotés / La tête dans les nuages, j’ai oublié / Les pieds dans les ruisseaux, j’ai appris à marcher ».

La seconde, composée non pas par envie de parler d’un thème cher ou de conter une histoire, mais plutôt de rendre un effet, une sensation vécue, est sertie à nouveau dans des mélodies au clavier, un phrasé et des chœurs qui nous laissent tout flottants. « Elles tournent elles tournent elles vacillent semblent tomber mais elles dansent / Elles dansent le matin, dansent le jour et la nuit / Elles vrillent les heures rebondissent sur le temps / Tourne et fait tomber les murs des carrières / Qui scintillent ». Écrit par une amie poète (Isabelle Tjolle) au rythme du train, ce texte mystérieux laisse en effet librement tournoyer nos pensées sans nécessairement nous imposer l’image de départ – celle de certaines anciennes carrières des Baux-de-Provence.

C’est ainsi que l’on plane du début à la fin, de leurs compositions à leur répertoire de reprises, parfaitement coulées dans l’esprit du trio. Ainsi leur va si bien le vers « je ne veux plus broyer du noir » de la Femme ou Tombé(s) du ciel, ces jeux d’Higelin sur le versatile verbe « tomber », titre choisi en hommage à « l’invité » du Festival de Poche qui donne sa couleur à chaque édition. Avec des reprises aussi éclectiques que Nougaro aux côtés de Polo et Pan, de Nina Simone et de Brassens, la voix de Lola flirte avec les graves, portant toutes ces chansons avec brio, défiant les couacs dus au stress à coup d’humour intercalé.

La salle est intimidante et les trois sont de grandes timides ; c’est sûr, ça n’aurait pas tenu à la barjaque de redoutables et acérés barjaciens, mais nous sommes ici dans un autre étang et c’est vacillants sans tomber que nous sortons de ce concert, l’oreille douce, rêveuse et reposée.

 

Les Capsules sont (tout de même) sur Soundcloud : c’est ici !

 

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