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Lomé – Cadou : l’heure de la Brière et le temps du vent

Bernard Lomé (photo Jean-Claude Galvao, tirée du facebook de Bernard Lomé)

Bernard Lomé (photo Jean-Claude Galvao, tirée du facebook de Bernard Lomé)

Comme dans les marais près de Saint-Lyphard, où terre et eau se conjuguent dans la beauté, l’un et l’autre ont trouvé dans ce disque un territoire commun. Voici Bernard Lomé, le musicien, le chanteur des bars de pêcheurs et des cabarets parisiens, interprète des grands du répertoire et modestement de ses propres créations. Voilà René-Guy Cadou, l’instituteur poète, amoureux d’Hélène et de l’odeur des lys.

Bernard n’a pas encore commencé à tracer sa route tandis que René-Guy meurt prématurément à 31 ans en 1952. La fantaisie du destin leur a tracé des chemins différents, hors du temps, pourtant, ce disque le prouve, ils participent de la même sensibilité naturelle qui unit les hommes et leur terroir pour en magnifier la sensualité et la rendre douce à nos oreilles.

Ce qui les unit : de Clisson à La Roche-Bernard, une même terre baignée d’océan, de Loire et de ruisseaux et la merveilleuse symbiose des amours humaines qui palpitent au rythme des forêts des vents et des marées. Aussi, une infinie sensibilité aux signes les plus ténus de l’âme humaine, aux messages que portent les vents et les embruns avec un réel amour des mots pour les traduire.

Cadou célèbre la femme : « Telle tu m’apparais que mon amour figure / Un arbre descendu dans le chaud de l’été » ; Lomé invoque l’amitié : « Quand les vagues rempliront nos verres / Des embruns du temps et des vents ». Ils savent l’un et l’autre trouver dans les éléments naturels la même sève qui alimente les élans d’amour et d’amitié.

Chez Cadou, l’amour de la femme, d’Hélène, est au premier plan ; il cherche dans ses yeux, dans ses seins et sous la caresse, la promesse d’une éternité. Chez Lomé, le champ s’élargit aux humains authentiques qui ont « encore le goût de la mer » et « de l’eau des ruisseaux » et aussi les efforts « des hommes de bronze comme des Indiens », le chant des paludiers, les pleurs des femmes avec les fantômes des naufragés.

(Pour commander ce CD, cliquez sur la pochette)

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La ligne de partage ne rompt pas cette harmonie profonde qui vient du plus intime frisson de la nature, qui fait la vie avec ses drames et ses bonheurs insondables.

Il y a chez Cadou une musicalité discrète qu’ont su déceler naguère Martine Caplanne, Éric Hollande, Morice Benin, Manu Lann’huel, Gilles Servat ou encore Michèle Bernard, Jacques Bertin et maintenant Bernard Lomé. De l’accordéon au triangle, de la guitare électrique au bâton de pluie, une douzaine de musiciens habillent avec élégance, jusque dans les moindres détails, chaque morceau de cet album partagé, là où chanson et poésie ne font plus qu’un. N’oublions pas que Pétrarque chantait ses vers, accompagné d’un luth. Ronsard, même s’il exagérait un peu, disait déjà : « La poésie sans les instruments ou sans la grâce d’une ou plusieurs voix n’est nullement agréable, non plus que les instruments sans estre animez de la mélodie plaisante d’une voix ».

Enfin, pour rabattre le caquet de la dématérialisation, cet album offre un livret avec les textes et surtout de magnifiques photos de Thierry Weber. Il ne lui manque que les senteurs du varech, le fumet de la tourbe et le parfum des pommes vertes.

 

Bernard Lomé, C’était le temps du vent, EPM 2022. Le site de Bernard Lomé, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« L’Amour » : Image de prévisualisation YouTube

« Un seul jour suffirait » : Image de prévisualisation YouTube

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