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Off Avignon 2022. Kiss aime le chant récolte la conquête

Comedia Bonita (photos de presse)

Comedia Bonita (photos de presse)

Comedia Bonita, Chapeau d’Ébène Théâtre (13 rue de la Velouterie), du 07 au 28 juillet 2022 à 18H – relâches les 12, 19 et 26 juillet,

 

« L’amour hait un fan que peau aime qui nagea méconnu de toi ! » J’ignore pourquoi ce pastiche « culpillotracté«  de Carmen m’est venu à la sortie de ce spectacle étonnant du Duo Bonito qu’est Comedia Bonita. Peut-être parce que les deux protagonistes ne cessent de s’y biser à Georges déployé ? Ou bien parce que l’Espagne y pousse un peu (trop) sa corne par le biais de la torera survitaminée qu’est cet oiseau rebelle de Raquel Esteve Mora ? Ou encore parce que son Nicolas Bernard d’amant peine à la contre-olé dans sa façon de jouer de son don jazzé ? Mais, même si toutes ces questions demeurent, ce dont je suis sûr, c’est d’avoir assisté à un spectacle extrêmement ambitieux sur le couple et sur l’amour… ce genre de sujet qui nourrit tous les modes d’expression artistique depuis la nuit des temps et, « en partie cul lié« , la chanson. Mais, aussi parce que, en cette journée internationale du baiser, le charme opéra.

Depuis leur création en 1990, Les Nouveaux Nez ont ému, transporté et fait se tordre de rire deux générations de spectateurs. Cette compagnie de clowns « évolutionnaire » a su révolutionner cet art si particulier -qui, trop souvent jusqu’alors, « tour-nez » en rond- pour le faire sortir des cirques et entrer dans les salles de spectacles plus « frontales ». Et cette « re-nez-sens » du clown, on la doit beaucoup à ces personnages singuliers qui ont décidé de s’installer dans la menuiserie du père de l’un d’entre-eux, à Bourg-Saint-Andéol dans l’Ardèche. Et depuis plus de trente ans, ils n’ont eu de cesse de faire du « remue-méninges » au travers de moult spectacles -plus différents les uns que les autres- pour toucher une multitude de publics de par le monde, de façons « sans-cible » et singulière.

Le Duo Bonito est donc l’une des émanations de ce terreau fécond avec, pour particularité, le fait que les deux protagonistes sont, selon la formule consacrée, un couple à la scène comme à la ville. Mais, si je me permets de signaler cette singularité-là, c’est bien parce qu’elle joue un rôle-clé dans Comedia Bonita. Car cela fait vingt ans que ces deux-là s’aiment et jouent de concert. Et ils ne se gênent pas pour nous le faire savoir. Déjà, en 2016, dans ce même cadre du Festival Off d’Avignon, ils avaient époustouflé le public avec leurs Chansons à risques, reprises effectuées avec tant d’inventivité, de virtuosité et de folie qu’on en était resté absolument sidéré.

Photo Comedia Bonita #2Avec Comedia Bonita, si on retrouve bien le contraste « clown blanc-auguste » du cirque traditionnel (avec l’apparemment timide Nicolas et l’assurément volcanique Raquel), ces deux-là ont su, au fil du temps, affiner et ciseler leur personnage et leur relation de façons inventive et subtile. En effet, là où, dans le précédent spectacle, on restait scotché par les performances qui ne cessaient de fuser, on a le sentiment, avec celui-ci, que le temps a fait son œuvre, en gommant le foisonnant pour tendre vers l’épure. Et les reprises de chansons d’hier se sont transformées en créations d’aujourd’hui. Ce que le duo assume en affirmant haut et fort qu’ils sont « devenus auteurs compositeurs interprètes ». Et, indubitablement, ils le sont, avec des chansons qui, tant par leur fond que par leur forme, sont l’expression fidèle de leur relation entre eux et de leur relation au monde.

« Mourrons-nous mon amour sans avoir en passant / Dansé en regardant les cieux étoilés / Mourrons-nous mon amour sans arme et blêmissants / Sans avoir impuissants écouté désolés les glaciers dégeler / Jouirons-nous toujours d’un si joli jardin / Courons vite au secours du monde suspendu« 

Où l’on peut constater que, sous des dehors faussement ingénus, ils ont su disséquer, avec justesse et finesse, l’écologie (dans toute l’essence du terme) du couple comme celle de la planète. Et leur interprétation rend justice à l’ambition du propos. En effet, le guitariste chanteur qu’est Nicolas Bernard sait si bien accorder ses désirs aux délires de Raquel Esteve Mora que sa voix bossa à la Pierre Barouh et ses arrangements subtils à la Michel Legrand fusionnent de façon quasi-magique avec le timbre métallique aux accents chantants de sa partenaire. Mais, au fil des chansons qui racontent l’évolution de leur couple uni vers un univers harmonieux, le petit grain de sable -qui vient gripper toutes les plus belles histoires depuis la nuit des temps- s’immisce dans le spectacle, pour le faire basculer dans des situations « alter-naïvement » souriantes, touchantes, énervantes, hilarantes, voire extravagantes. Et c’est à ça aussi qu’on reconnaît le talent : cette capacité d’aller puiser dans la tradition (on reconnaîtra dans l’écriture les influences croisées de Georges Brassens, Boby Lapointe et Boris Vian) pour la faire sienne et lui imprimer sa propre pâte (patte ?) qui nous épate !

Photo Comedia Bonita #1Mais, j’allais oublier, écervelé que je suis, l’insolite présence de celui qui, au moment des pires crises que le couple traverse, va permettre à celui-ci de ne pas creuser « ire aimée diablement » le fossé conduisant à la rupture : j’ai nommé le chien Woody. En effet, cette présence animale savoureuse va faire en sorte que le lien ne soit pas rompu entre les humains et constituer un trait d’union salvateur pour la paix du ménage, afin d’éviter que la paix déménage.

J’aurais encore beaucoup de choses à dire sur ce spectacle étonnant à plus d’un titre, mais je vais simplement m’en arrêter là, en vous conseillant de courir voir le Duo Bonito, ces clowns multi-fonctions qui nous racontent l’humanité en chansons comme personne. Et leur laisser le dernier mot avec un de leurs drôles de titres : « On était gentils, mais c’est fini ».

 

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