Samuel Cajal « Moche et mou »
D’entrée pour l’humanité c’était plié
La tête est beaucoup trop lourde chez les nouveaux nés
Trop de méninges chez Sapiens le singe
Une telle intelligence dans une boite crânienne même pas encore fermée
Rappelle-toi
Le prédateur ultime débarque dans la vie sur Terre avec un corps de victime
Inachevé jambes arquées os de poulet quasiment aveugle bref inadapté
C’est mal fait l’humanité ça marchera jamais
On nous fait naitre moche et mou
Samuel Cajal
Photo ©PoleyLuardEnImages
Paroles et Musique Samuel Cajal. Monotitre 2025
Première vidéo de l’album à venir, que Samuel nous dévoile peu à peu, nous savons déjà que le premier titre en sera Les marins, dont il donne un extrait sur sa page facebook.
La chanson met à jour la fragilité du petit(e) d’homme, guère doué physiquement pour affronter la concurrence de la course à la vie, et pourtant Cajal nous résume cette contradictoire situation avec cette imparable formulation : « Le prédateur ultime débarque dans la vie sur Terre avec un corps de victime ». Un gros cerveau qui le laisse vulnérable : « Faudra pas s’étonner après / L’insécurité chronique l’amour le manque / La tactique la bagarre la peur du noir ». Sous l’apparence de l’humour potache une analyse percutante…
C’est que Samuel Cajal, pour parler de notre monde chaotique, sait utiliser un humour noir, décalé, et alterne musique douces, comme dans ce Post apocalypse « Personne ne nous a prévenus de l’écart / Entre nos rêves et le brouillard », et orchestration rock, avec une belle inventivité.
Déjà dans son album sept titres Cachalot lalala (si si si !) il évoquait un Batman diabétique, tout en oxymores et en allitérations, « Addict aux malédictions chroniques de cette époque tragicomique », héros dévoyé mais qui a une faiblesse « Je veux qu’on m’aime » et un autre héros, Spiderman, où la situation fait écho tant à l’actualité qu’à la météo d’un mois de mars gibouleux : »Il pleut des araignées bleues / Il en tombe des cordes, ça fait des nœuds / Mais tout va bien, tout va bien ».
Les accessoires vestimentaires y jouent leur rôle : Le gant est un suspense policier mêlé de souvenirs d’adolescence, ce moment où l’empathie existe peu.
Dans ces Petites bottes, sorte de chanson d’amour tout en contrastes tant musicaux que textuels, apparentée à celles d’un Dimoné ou d’un Nicolas Jules, il se montre à la fois attiré « Tu ne me déranges pas non / Tes petites bottes brisent le silence de charmante façon » mais pas dupe, « Parfois tu parles un peu trop, c’est du vent », puis sensuel, tendre, avant de virer sur une affirmation d’une totale ambiguïté : « Dans tes bras je me pends ». On ne saura pas à quel degré « Le ciel est immense et mes nuits sont parfaites ». En tout cas, la chanson, elle, est parfaite, et Samuel Cajal est un modèle d’élégance dans le rock français, entre le sens, les sens, l’essence et la musique qui se renouvelle… On attend la suite.
Cajal est en concert le 28 mars 2025 au Trianon transatlantique à Sotteville-Les-Rouen.
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