Chants Ouverts 2025. Chloé Bosc, tisseuse de bonnes aventures
25 avril 2025, mairie de Saint-Vincent-de-Durfort (Ardèche),
A croire que plus c’est petit, plus c’est bon. A constater aussi que, pour toujours exister, la chanson va désormais trouver refuge dans des lieux improbables. Improbables et carrément magiques. Nous étions à Saint-Vincent-de-Durfort, au mitan d’une Ardèche sauvage, route étroite et sinueuse (peureux, j’y vois des précipices partout !) qui s’ouvre sur un rare bonheur : trois jours sous l’auguste parrainage de Bernard Joyet, sous celui de Dudu (Philippe Duval), le mythique créateur du Limonaire, qui loge juste au dessus de la salle-mairie. Et d’un drapeau républicain tissé dans une saine laïcité qui obstinément refuse de se mettre en berne, même pour les obsèques vaticanes. Nous allons prendre le temps et tout vous narrer, tout ou presque. D’ores-et-déjà, il est sage de retenir ce rendez-vous pour la quatrième édition de cet événement indispensable, en 2026. Michel Kemper.

Chloé Bosc (photo non créditée tirée de son facebook)
Elle naviguerait depuis vingt ans « entre le blues et le jazz, la chanson française, les musiques tziganes et africaines, en passant par les gnawas et les musiques latines. Chloé appartient à ce monde parallèle où les nomades se croisent et se racontent, sa voix pour tout passeport » lit-on en recherchant sur la toile. Depuis vingt ans… avouons que les radars de NosEnchanteurs ont des ratés, que le maquis d’Ardèche fait souvent obstacle à notre soif de découvertes. Il nous faut nous rendre ici, dans la mairie de Saint-Vincent-de-Durfort, pour découvrir cette artiste dont le chant, à défaut d’être universel, embrase moult horizons, rend hommage à pas mal de cultures.
Sa carte de visite donne bien le ton : « Le cordon de vous à moi tressé de pleins et de déliés accorde l’âme de nos violons le temps d’un verre, d’une danse, de trois fois rien… mais qui réchauffe. Je fais un métier à tisser, ça me donne du fil à retordre. »
Son concert a pour titre Là-Bas si j’y suis, ça doit faire plaisir à Daniel Mermet. C’est un carnet de voyages, de sentiments et d’émotions, de révoltes aussi, à l’aquarelle sensible, sur du joli papier fait main. Ça nous promène du Bénin au Mali, par des chansons, des anecdotes, tranches de vies, dans un art coloré et empathique, tribal, très proche d’un de ses confrères, Hervé Lapalud, ici présent dans le public.
« On est que des mots / Tout juste des mots » chante-t-elle. Mais ces mots tantôt inquiets, tantôt frivoles, toujours généreux, font le tour du monde, le tour des questions. De l’intime au collectif.

Chloé Bosc et Bernard Joyet (photo non créditée)
Ça nous renvoie ainsi aux âges de la vie (« Moi j’ai quinze ans, j’ai bien vécu / Puisque bientôt, je serai femme / Et mon cœur qui se cherche un drame / Se déshabille à mon insu… »), à l’amour, à notre terre inquiète (« Je suis la terre qui boit et la pluie attendue / Et le torrent de larmes qui dévale têtu…). A la bêtise de l’Homme (reprise bienvenue du tube pas creux de l’ami Matthieu Côte par son croustillant et inusable Qu’est-ce qu’ils sont cons !), au soucis de quand même l’améliorer (là, par une reprise de l’autre vedette de cette soirée, Bernard Joyet) : « Il faut contre vente et marées / Tout bigarrer tout chamarrer / Qu’un homme nouveau aboutisse / Métisse ». Jusqu’aux reproches, actuels depuis longtemps mais plus encore qu’avant, en direction de nos dirigeants : « Écoute ces mots dévoyés / Par nos élites rassasiées / Et goguenardes / Ces mots qui toute honte bue / Jettent nos révoltes au rebut ». Rien à redire aux calmes et aux tempêtes de Chloé Bosc, toute seule à sa guitare. Superbe récital tant qu’on est surpris et ma foi un peu honteux de ne pas l’avoir pas connu plus tôt, étonnés qu’un vent complice ne nous ait pas porté son chant avant.
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