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Boule en public, ah quelle belle époque !

Boule vide son sac Photo Presse

Boule vide son sac Photo Presse

Après Mélanie, chanson touchante évoquant les violences conjugales faites aux femmes, et Avion, ce titre si poétique issu de l’album éponyme Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel (2019), voici le troisième extrait disponible de cet album en public, Le poison, « dis moi chérie pourquoi tu ries ? / je suis un romantique tu trouves ça comique ? / je sens le poison agir une grosse fièvre », chanson  issue de l’album « Henri-Désiré », 2018.

Ce dernier est dédicacé à tous les malheureux – auxquels fait notamment allusion la chanson Troisième sein – qui portent le patronyme d’Henri-Désiré Landru, tueur en série bien connu pour lequel les femmes brûlaient d’amour… L’occasion d’un album drolatique, flirtant avec le cabaret horrifique, ambiance Tim Burton ou Yanowski mais plus sûrement Boule. Il étend d’ailleurs le sujet à d’autres faits divers, de ceux qui font acheter les journaux ou cliquer sur des liens débouchant sur des publicités. Par un jeu de mot inversé, Mécanique orange, il y glisse même un souvenir de la oiture de son père, personnage à la Pierre Richard maladroit et inoffensif, puisque bredouille à la pêche. 

Tout à fait dans la lignée décalée de l’écriture de Cédrik Boulard, alias Boule, qui est dans la vie un charmant garçon un peu perché, fâché avec les horaires et les contraintes  administratives ou les a priori. Donc essentiel.
Le poison, dans cet album, raconte un fait divers où le tueur est une tueuse, du point de vue de la victime (mâle) et répond au titre Le poisson, version de la criminelle, qui veut se garder au frais un amoureux éternellement jeune. 

On retrouve avec bonheur des chansons revisitées de vingt ans de carrière, issues d’« Appareil Volant Imitant l’Oiseau Naturel », L’Ours polaire, Les pizzas (même en japonais !) et la si poétique et philosophique Atome par Atome, ou encore Pensez à voir un Psychologue, restée au répertoire depuis 2012, et ce triste constat écrit pendant la pandémie, Je ne touche plus.  Boule réécrit pour nous Le loup et le chien, d’une saisissante façon : devenir policier, pour « traquer les gueux, les clandestins / Il te faudra mordre les voleurs de pain » et présente de nouvelles chansons (si vous tombez sur une critique négative d’un certain Gemini sur icelles, certifiant que Boule a perdu son inspiration, sachez que le sieur Boule s’est lui-même amusé à demander une critique négative de son album à l’IA du plus célèbre moteur de recherche et plus si affinités), procédé certes un peu dangereux (certains s’y sont laissé prendre) mais bien conforme à son humour noir.

BOULE 2025 VIDESONSACBien au contraire, ces nouvelles chansons nous impliquent dans la ronde des humains, entre révolte, humour et tendresse, dans une ambiance chanson réaliste début de XXe siècle très réussie. Boule se joue toujours autant des mots, de leur sens comme de leur son, pour ses engagements : nostalgique ballade d’une grande douceur poétique, cousine du jardin de Moustaki ou de La maison près de la fontaine de Nino Ferrer, « C’est dommage » ou plus rageux constat : « Sur la même terre tous les animaux / Respirent le même air et boivent la même eau » qui nous incite à danser au bord du gouffre. Il saisit aussi nos travers humains individuels : les rencontres qui se font ou non, tel ce couple improbable, Pied de coq et polyglotte, escroc raté et fille voyante, « L’homme est une maladie contagieuse / Et la femme une fleur venimeuse », parodie de couple célèbre de série d’espionnage. L’art de décrire sur fond d’accordéon les seconds couteaux que le public n’applaudit pas : le réparateur de Percolateur (instrument que les artistes ne maîtrisent guère!) ou l’hilarant portrait de l’apache Neuneuil (à cause de son œil de verre) « le roi des coups de pied dans les couilles ». La mélodie dansante entêtante de Rose et Adèle m’évoque des chansons plus vieilles encore dans le registre trad. 

Enregistré au Trianon transatlantique de Sotteville Les Rouen le 18 octobre 2024, avec Fabrice Lhomme à la contrebasse, Sonia Rekis à l’accordéon et Freddy Holleville aux percussions, ce concert est une réussite qui a laissé plus d’une fois le public ému, amusé ou pantois. L’album paru le 24 mai 2025 et célébré dans un joli lieu de proximité à Saint- Léger du Bourg Denis, dans la lignée de cet artisanat d’art, fait l’objet d’un double vinyle en édition limitée que l’on peut se procurer sur son bandcamp ici. L’album est également disponible en digital. 

 

« Boule vide son sac en public », Vache à lait Productions, 2025  Le site de Boule, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là
« Avion » Image de prévisualisation YouTube
« Mélanie » Image de prévisualisation YouTube
« Le poison » Image de prévisualisation YouTube

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