Joan-Pau Verdier « Le droit à l’oubli »

Paroles Joan-Pau Verdier, Musique Pierre Fanen (1946-2000). Extrait de l’album« Le Chantepleure » 1979
Cet album important de la discographie de Joan-Pau Verdier a été auto-réédité en 2010 (L’Yeuse * productions), en même temps que Tabou le chat de 1977, lors de la sortie du dernier album de Verdier, Les Rêves Gigognes.
Est-ce parce que Joan-Pau Verdier n’a pas voulu choisir entre la chanson traditionnelle, rebaptisée folk dans les années 1970 et de grand succès à l’époque, et le rock ou le jazz, entre poésie et engagement libertaire, entre français et occitan (il a longtemps animé une émission de radio en occitan sur Radio Bleu Périgord), est-ce parce qu’il a d’abord publié sous un gros label, ou au contraire parce que dans les années 80 il s’est autoproduit ? En tout cas les cinq ans de la disparition de Joan-Pau ne sont évoqués que par quelques amis, souvent artistes eux-mêmes. Cette chanson écrite en 1979 paraît donc bien prémonitoire, et elle résume à elle seule le sort des artistes qui n’écrivent pas de chansons commerciales et se refusent à rentrer dans les cases. Au fur et à mesure de la chanson les paroles se font plus dures, « l’imposture a pris le pouvoir » et plus encore « j’ai vu les âmes des gourous / coucher avec leur compte en Suisse / Torquemada ressuscité / inaugure ses chrysanthèmes / maître à penser, maître à berner / j’excommunie tous les baptêmes » avant de finir en érotisme brûlant.
Ironie du sort, Joan-Pau Verdier est décédé le jour de la Fête de la Musique. En avril 2024 la mairie de Chancelade a donné son nom à une Esplanade devant sa médiathèque. La plaque commémorative réalisée par l’artiste José Corréa,
« Je ne veux que quelques amis / à qui dédier ce poème / j’instaure le droit à l’Oubli / tout le reste n’est que SACEM ». Il semblerait qu’il ait été exaucé.
*L’Yeuse est l’autre nom du chêne vert. La nuit de l’Yeuse est un des seize titres de l’album Rêves Gigognes.
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