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Joan-Pau Verdier « Le droit à l’oubli »

VERDIER Joan-Pau 1979 Le chantepleureEt je suis là me délirant
dans ce non lieu dit du refuge
d’où je ne sors qu’une fois l’an
pour n’être partout qu’un transfuge
y’a mon fantôme d’arbre mort
qui me façonne ses poèmes
qui plus se meurt et plus se tord
qui plus se tord et que plus j’aime
il a tant plu sur le carreau
que les gouttes d’eau me détressent
comme les larmes du corbeau
 
Joan-Pau Verdier (1 février 1947 – 21 juin 2020)

Paroles Joan-Pau Verdier, Musique Pierre Fanen (1946-2000). Extrait de l’album« Le Chantepleure » 1979

Cet album important de la discographie de Joan-Pau Verdier a été auto-réédité en 2010 (L’Yeuse * productions), en même temps que Tabou le chat de 1977, lors de la sortie du dernier album de Verdier, Les Rêves Gigognes.

Est-ce parce que Joan-Pau Verdier n’a pas voulu choisir entre la chanson traditionnelle, rebaptisée  folk dans les années 1970 et de grand succès à l’époque, et le rock ou le jazz, entre poésie et engagement libertaire, entre français et occitan (il a longtemps animé une émission de radio en occitan sur Radio Bleu Périgord), est-ce parce qu’il a d’abord publié sous un gros label, ou au contraire parce que dans les années 80 il s’est autoproduit ? En tout cas les cinq ans de la disparition de Joan-Pau ne sont évoqués que par quelques amis, souvent artistes eux-mêmes. Cette chanson écrite en 1979 paraît donc bien prémonitoire, et elle résume à elle seule le sort des artistes qui n’écrivent pas de chansons commerciales et se refusent à rentrer dans les cases. Au fur et à mesure de la chanson les paroles se font plus dures, « l’imposture a pris le pouvoir » et plus encore « j’ai vu les âmes des gourous / coucher avec leur compte en Suisse / Torquemada ressuscité / inaugure ses chrysanthèmes / maître à penser, maître à berner / j’excommunie tous les baptêmes » avant de finir en érotisme brûlant. 

Ironie du sort, Joan-Pau Verdier est décédé le jour de la Fête de la Musique. En avril 2024 la mairie de Chancelade a donné son nom à une Esplanade devant sa médiathèque. La plaque commémorative réalisée par l’artiste José Corréa, 

« Je ne veux que quelques amis / à qui dédier ce poème /  j’instaure le droit à l’Oubli /  tout le reste n’est que SACEM ». Il semblerait qu’il ait été exaucé. 

*L’Yeuse est l’autre nom du chêne vert. La nuit de l’Yeuse est un des seize titres de l’album Rêves Gigognes.

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