Cabiac 2025. Jofroi, le sommet de la francophonie
Jofroi (photos Ghislain Debailleul)
« Le Monde est si vaste », 25 juillet 2025, festival Bonjour les humains, Cabiac (Gard),
« Quand vient l’été où tout s’arrête / Tu te choisis deux trois chemises / Des espadrilles des cigarettes / Tu empiles tout dans une valise / Tu t’en vas voir la vie des autres ». Une centaine de spectateurs en cette olivaie baignée de soleil. Beaucoup de belges ici, à croire que cette parcelle de Cabiac les cultive autant sinon plus que les olives. Des helvètes et des français aussi, d’un peu partout. De quoi rêver à cette francophonie chantée que nous aimons tant. Nous serons comblés, bien au-delà de nos attentes. L’hôte qu’est Jofroi est aussi l’artiste de cette soirée. Et cette fois-ci seul en scène, avec pour seule compagne sa guitare. Au moins au début de son récital, où il reprend des titres vieux (L’été la France, chanson de ses tout débuts quand il découvre les Cévennes ; Chapeau bas et Courriers indésirables) : n’est-ce pas une soirée de jubilé ou presque que celle-ci. Déjà beaucoup de nostalgie, de mélancolie… Et de reconnaissance à ce coin de terre où il posa ses valises naguère.
Tel n’est pas l’objet de ce récital un peu particulier. Quelques mois avant sa sortie, Jofroi présente à ses amis le contenu de son nouvel album enregistré au Québec, un album qu’un mécène, ami et admirateur, lui a offert. Un album où le natif d’Ath, en Belgique, partage ses titres avec de grands artistes québécois. Qui ne sont certes pas présents physiquement, ici à Cabiac, mais…
Mais imaginez un parterre de français, de belges et de suisses et, venues d’ailleurs, des voix québécoises qui viennent s’ajouter à celle de l’artiste en scène : magie des ondes, de la technique. Fermez les yeux et écoutez : ils sont là. Dix chansons, dix fois comme une magie toujours réitérée.
Le choc thermique n’est d’ailleurs pas pour rien, même si la chaleur cévenole cousine bien avec la froidure québécoise : « L’envie de faire le tour du monde / Le nez planté sous les étoiles / En attendant que tu répondes / Est-ce qu’il neige à Montréal ? » C’est comme une (heureuse) compilation, façon « le meilleur de Jofroi » avec pour notable différence que les chansons sont toutes partagées. Avec la crème du Québec : Jim Corcoran, Paule-Andrée Cassidy, Richard Desjardins, Marie-Jo Thério, Michel Rivard, Gilles Vigneault… Le générique est aussi prestigieux que franchement émouvant. Jofroi est alors seul, devant nous, avec son micro. Seul et pas, ses chansons sont habitées plus encore par celles et ceux que la sono nous restitue.
Il y a deux ans, à Cabiac, Jofroi nous avait présenté un émouvant spectacle sur Jean-Pierre Chabrol. C’est cette création que voici, enfin, en disque. Dix-neuf titres, avec la participation du groupe Nomade pour retrouver ce moment presque fusionnel entre le chanteur belge et l’auteur cévennol. « La vie a bien voulu que l’on se croise, que l’on se rencontre, se revoie, qu’une amitié et une fidélité naissent. Ce n’est pas innocent non plus, si de Belgique, nous sommes venus vivre un jour au bord des Cévennes. A partir d’un certain âge, elles avaient été quand même, une partie de ma nourriture. L’été, la France, une de mes premières chansons, je l’ai écrite en 75 sur le mont Lozère et c’est ainsi que Jean-Pierre Chabrol m’a surnommé le «cévenol du Nord», titre dont j’ai toujours été très fier. Et c’est un autre merveilleux cadeau qu’il m’a fait, me confiant un jour toute une série de textes inédits en me proposant de les mettre en musique. » On commande ce précieux album sur le site de Jofroi.
Le choix des chansons ne tient pas du hasard : il y a dans chacune d’entre elles cette empathie, ce tendre regard sur les humains. Que c’est beau de ré-entendre Si ce n’est manque d’amour en duo, cette fois-ci partagé entre Jofroi et Marie-Jo Thério…
On chante l’humain, on chante la terre et là, nul décor n’aurait pu être mieux choisi que ce bout de terrain, ce ciel étoilé. « Serait-ce folie de que dire / Que les hommes vivront d’amour / Ouvrir les portes les frontières / Et migrer comme les hirondelles ? » entonne Jofroi en hommage appuyé à Raymond Lévesque.
Le belge et ses amis québécois ensemble chantent l’espoir, ces lendemains de paix que tous nous appelons. Nous sommes ailleurs, champ d’olives et pépinière d’utopie. Mais qu’il est doux d’ouïr un tel chant qui, plus encore que la francophonie, vise à l’universel.
Cet album sortira d’ici à quelques mois. Soyez vigilants, il ne sera annoncé et disponible que sur le site de Jofroi.
Le site de Jofroi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
« Est-ce qu’il neige à Montréal » : 
« En deux mille ans, l’humanité » : 


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