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Antraigues 2017. L’art des choix

Govrache (photo Pierre Louatron)

Govrache (photo Pierre Louatron)

15 juillet 2017, Festival Jean-Ferrat, Antraigues-sur-Volane,

 

« Comme un p’tit coqu’licot, mon âme / Comme un p’tit coqu’licot… » Ce qui surprend, ce sont ces milliers, ces dizaines de milliers de coquelicots qui ornent et surchargent les rues. Du rouge de partout, taillé dans du papier crépon. Il y a ça. Et puis la chanson, omniprésente. La moindre place, même petite, même intersection, du centre-ville, est, deux jours durant, investie par la chanson.

La scène principale trône sur cette place de la Résistance, prise d’assaut bien avant le premier concert par un public qu’on aimerait voir plus souvent pour un chanteur : toutes les générations, de ceux qui s’avalent au kilomètre des clips à la télé aux cheveux poivre et sel privilégiant la chanson dite d’auteur. Le jeune homme qui est sur scène les réconcilie tous : c’est Gauvain Sers, modeste star, visiblement ému d’être ici chez Ferrat et Leprest : « Pourvu qu’elle sache qui est Leprest… » Dans les spectatrices attentives, une chanteuse autochtone, Francesca Solleville, satisfaite qu’un jeune cite, qui plus est avec insistance et talent, ses amis, ses camarades.

Gauvain Sers

Gauvain Sers

Francesca sera plus tard éblouie – le mot est faible – par un autre « jeune », Frédéric Bobin. Qui chante notamment son Creusot natal. Elle, elle a quasiment creusé Le Creusot, labouré sa mémoire ouvrière, fertilisé ses révoltes. Par Bobin, l’histoire semble se prolonger. Francesca aurait pu tomber pareillement en pâmoison devant Govrache et ses chansons sociales, sa révolte en germe et en paroles, sa gouaille qu’il doit tenir d’un lointain et presque homonyme des barricades. Par lui comme par Garance, autre gueule des faubourgs parisiens, et ses mélodies d’amour qui portent en elles un peu de l’adn de son ainée Anne Sylvestre. Par Pierrick Vivarès et par d’autres encore.

Garance (photo Pierre Louatron)

Garance (photo Pierre Louatron)

En fait plein de gens qui officient en même temps, quatre par quatre (Facteurs Chevaux, Frédéric Bobin, Govrache et Pierrick Vivarès en simultané ; puis Garance, Sammy Decoster, Tue Loup, Valérie Solis et Véronique Estel au même moment), en des placettes et croisements de rue bien moins avantageux, on s’en doute, que la grande scène, ce privilège des seules vedettes attestées. A l’abri des grandes transhumances du public. C’est la limite du genre, le défaut de la cuirasse, où selon que vous soyez connu ou inconnu vous aurez ou non les avantages de la fonction. Il conviendrait de revoir la copie pour que justement des artistes aussi pertinents que Frédéric Bobin, Govrache, Facteurs Chevaux puissent se voir proposer eux-aussi la foule qui pourtant est présente mais ne pousse pas la curiosité à écouter de la chanson dans les ruelles et places adjacentes. Ça donne l’impression d’un peu de gâchis. Pour autant la satisfaction est de mise chez les artistes : « Ces scènes insolites, c’est le charme de ce festival » affirme Govrache, qui loue le cœur et la belle âme des bénévoles de ce festival.

Ewens et Thomas Fersen

Erwens et Thomas Fersen

Antraigues, ce n’est pas rien et un festival chanson se justifie ici : suffit de voir le public en masse sur la place et en file indienne au cimetière. Le choix des artistes est par ailleurs excellent, mais avec des artistes souvent de trop grande proximité (Sers, Govrache et Bobin c’est kiff-kiff). S’il faut en plus choisir entre eux, c’est l’impossible art des choix, comme on dit ici.

On a envie de soutenir ce festival, farouchement même. En espérant y applaudir sur la grande scène la chanteuse commune et communale, la grande Francesca Solleville, ne serait-ce que pour faire mentir le vieil adage qui dit que nul n’est prophète en son pays. Pour l’heure on se satisfait des fables, souvent animales, et fantaisies d’un Fersen particulièrement en verve. Que la chanson est belle / Comment peut-on s’imaginer…

Une réponse à Antraigues 2017. L’art des choix

  1. Saussac 21 juillet 2017 à 9 h 32 min

    Petits commentaires :

    L’idée des petites scènes n’est pas là pour catégoriser un artiste en fonction de sa notoriété, elles sont là pour créer une proximité entre artistes et public, un échange privilégié pour que chacun reparte avec un joli souvenir au cœur. Le programme « simultané » se fait sur 2 jours et les artistes jouent donc 2 fois à des horaires différents ce qui permet au public de voir quasiment tous les chanteurs.

    Il faut noter aussi que le dimanche soir, tous passent sur la scène centrale lors du « best-OFF » et donc peuvent aux aussi « s’amuser » devant un public nombreux.

    Enfin, à titre personnel, je trouve que Gauvain/Govrache et Bobin sont loin d’etre « kif-kif ».

    Je tenais également à vous remercier pour votre soutient et pour ce joli article.

    Amitiés Mucicales.

    Armand Saussac
    Co-programmateur et Co-organisateur du festival.

    Répondre

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