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Claïna Clavaron « La complainte de Mackie »

weill-brecht-hauptmann-lopera-de-quatsous-2023 AixEt le requin, il te nargue
Le sourire plein de rasoirs
Et M’sieur Mackie a une lame
Mais sa lame, qui peut la voir ?
Dans le grand bleu d’un dimanche
Un pauvre homme a rendu l’âme
Au coin du Strand tourne une ombre
Qu’on appelle Mack-la-lame !

Claïna Clavaron 

Paroles : Bertolt Bretch et Elisabeth Hauptmann, traduction française Alexandre Pateau. Musique : Kurt Weill. Extrait de l’album l’Opéra de Quat’sous, Festival d’Aix-en-Provence, Comédie-Française, Le Balcon & Alpha Classics / Outhere Music France, 2023

Cette nouvelle version d’Alexandre Pateau, toute récente, n’a été chantée que dans son milieu naturel (celui de l’opéra), sous la direction musicale de Maxime Pascal.  D’autres existent, comme celle chantée par Julie Fuchs en 2015.

Ils l’ont toutes et tous chantée ou presque : « Damia, Colette Renard, Pia Colombo (avec encore une autre traduction), même Vince Taylor (1) et désormais Carmen Maria Vega  », nous raconte un ancien article de NosEnchanteurs sur Bernard Lavilliers (qui lui aussi l’a chantée) :

Les dents longues, redoutables
Le requin tue sans merci
Le surin au fond d’la poche
Sans reproche, c’est Mackie
Sur les bords de la Tamise
Le sang coule dans la nuit
On périt les poches vides
Poches pleines, quelqu’un fuit

(Version de Boris Vian, dans l’album Fais-moi mal Boris Vian, voir l’article de NosEnchanteurs sur Carmen Maria Vega)

En plus d’être absolument légendaire, ce morceau issu de L’Opéra de quat’ sous de Bertolt Brecht a connu plusieurs adaptations en français, dont celle de Boris Vian est certainement aujourd’hui la plus populaire, c’est aussi celle qu’a chantée Catherine Sauvage en 1964.

Néanmoins c’est la version de Mauprey (première création en français en 1930 au Théâtre Montparnasse) qui a été chantée par Florelle, Damia, Colette Renard, Mouloudji ou encore Hugues Aufray… : 

Sombre est la nuit
Un éclair luit
Un homme fuit
La mort suit
Un corps tombe
Dans la tombe
Hécatombe
Sans un bruit.

De mémoire, il est peu courant d’avoir dans une même langue autant d’adaptations d’une seule chanson ! Peut-être seuls Bob Dylan ou Leonard Cohen pourraient bien à ce jeu concourir… Dommage car cela nous permet un joli jeu de comparaison, et rappeler tout l’art qu’est l’adaptation de chansons.

On remarquera ainsi que le texte de Mauprey est beaucoup plus évasif dans le sens, jouant davantage sur les rimes finales et un rythme très court à la lecture. Les deux autres conservent l’image du requin (der Haifisch). Mais le « couteau entre les seins » devient « une lame » dans le morceau le plus récent, transformant par la même occasion le nom de Mackie, un choix longuement réfléchi…et chanté. Oui, c’est en chantant que l’adaptateur a retraduit cette chanson : question(s) de prosodie !

(1) ou Louis Amstrong ou Ella Fizgerald, sous le titre Mack the Knife

 

- Agnès André, avec la participation de Catherine Laugier

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