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Saint-Gély-du-Fesc 2025 : cinquante nuances de Brassens

Eric David, le chanteur des Trois Oncles (photo Sébastien Cholier)

Eric David, le chanteur des Trois Oncles (photos Sébastien Cholier)

8 & 9 novembre 2025, Rendez-vous avec Brassens, Saint-Gély-du-Fesc,

 

Si ce n’est à mon arrivée à Saint-Gély-du-Fesc, sous des trombes d’eau, voici un festival Brassens où je n’ai pas entendu L’Orage. Ni d’autres chansons trop usitées du natif de Sète : les amoureux ne se sont pas bécotés sur les bancs publics, le croquemort n’a pas emporté l’Auvergnat à travers ciel au père éternel, Margoton n’a du coup pas dégrafé son corsage et c’est là mon seul regret. Ce fut comme si nous n’avions écouté que les faces B ou peu s’en faut.

Les 3 OnclesTémoin cette impeccable prestation de Les Trois Oncles (Éric David, Bernard Anthérieu et Patrice Aviet) qui, sans mal et sans épate, ont pu séduire le public par un répertoire resté un peu à l’ombre des trompettes de la renommée. La formation est pourtant d’un rare classicisme : un chanteur certes au physique rockabilly, à guitare mais sans pipe, sans moustache mais avec rouflaquettes ; un contrebassiste et, insigne fantaisie, un clarinettiste par ailleurs aussi guitariste. Rien d’original, pas de jeu de scène, mais le respect et, entre chaque chanson, comme une petite notice biographique, un mode d’emploi tiré des souvenirs de René Fallet – il le fallait – qui en deux trois phrases en resitue le contexte, l’anecdote, la singularité. Les Funérailles d’antan, La Route aux quatre chansons, L’Amandier, Carcassonne (de Nadaud), Vénus Callipyge, Le Cocu, Le Grand Pan, Le Modeste, La Rose la bouteille et la poignée de main… Du tout bon dans une interprétation impeccable, solide et ma foi pleine d’enthousiasme. Facile d’adopter Les Trois Oncles pour ainsi agrandir la famille et les recommander de partout : tonton Georges doit être bien content d’eux.

Sympa aussi le trop court set de Djamel Djenidi : qu’il est agréable et doux que des notes exotiques poussent, telles des perce-neige ou des primevères, dans celles de Brassens, que des choristes ajoutent leurs féminines voix à celle de l’interprète donnant une séduisante ampleur, une autre dimension aux chansons. Un Brassens légèrement arabisant et c’est une autre porte encore qui s’ouvre, attestant de l’universalité de ses poésies.

Pierre Bernon et Marie d'Epizon

Pierre Bernon et Marie d’Epizon

Et, on ne s’en lasse pas, de nouveau Marie d’Épizon et Pierre Bernon d’Ambrosio, dans un récital Brassens où seules les femmes sont de mise, que ce soit la première fille qu’on a pris’ dans ses bras, celle qui veut rester pucelle, les filles de joie qui ne rigolent pas tous les jours, cette princesse qui s’offre en vain au croque-note ou cette maîtresse d’école qui tient son insolite promesse et roule un palot à ses quarante jeunes lauréats… A ceux qui me lisent mais n’y étaient pas, je conseille d’écouter Marie d’Epizon : sa voix, sa délicatesse et plein de je ne sais quoi font toute la différence : il m’est avis qu’entre toutes – que les autres me pardonnent – seules deux interprètes de Brassens crèvent l’écran : Pauline Dupuy (la fameuse Contrebrassens) et Marie d’Épizon. Avec le bonus pour d’Épizon d’avoir à ses côtés ce dingue et doué de Piou Bernon d’Ambrosio, guitariste pour lequel je ne vais pas tout le temps faire l’éloge, ça confinerait au pléonasme. Joli moment de cette fin d’après-midi, l’interprétation restructurée des Oiseaux de passage après que Bernon l’ait déstructurée deux jours avant (car il faut toujours rendre les chansons dans l’état où on les a trouvées en arrivant). Ce mini-récital de Marie d’Épizon a clos ce festival de la plus belle manière qui soit : par la plus pure beauté, la grâce, la subtilité (oh, ce Quatre-vingt-quinze pour cent pour grande partie non chanté mais dit avec audace et sans dédit…). On se quitte, car il le faut bien, sur le sublime Saturne : « Viens encore viens ma favorite / Descendons ensemble au jardin / Viens effeuiller la marguerite / De l’été de la Saint-Martin… »

 

Le site de Marie d’Épizon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Le site de Pierre Bernon d’Ambrosio, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Le site de Les Trois Oncles, c’est là ; le facebook de Djamel Djenidi, c’est ici.

 

« Le Sabots d’Hélène » par Djamel Djenidi : Image de prévisualisation YouTube

Brassens chanté par Marie d’Epizon : Image de prévisualisation YouTube

Récital des Trois Oncles : Image de prévisualisation YouTube

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