Les Oreilles en pointe 2025 : Tibert en avant-goût
Tibert aux Oreilles en pointe (photo copie d’écran)
15 novembre 2025, festival Les Oreilles en pointe, Espace culturel Albert-Camus au Chambon-Feugerolles,
Tous les cinq ans, Tibert se programme aux Oreilles en pointe pour nous présenter un nouvel album. Là, pas de précieuse galette à la table de vente (dommage…), seulement quelques chansons toutes neuves qui en feront partie, qu’il interprète seul à la guitare, qui plus est en face de son complice helvète de toujours, le musicien et luthier Denis Favrichon, lui assis au premier rang. Ça fait de ce récital un moment de restitution, de sortie d’atelier avant mise en fabrication « industrielle ». Comme une insigne marque de confiance entre un artiste et son public.
Et d’abord l’accueil : « Allons viens pousse la porte / Elle n’est jamais fermée / Pose ton sac où tu veux / Tu es chez toi chez moi… »
Chaque chanson est introduite par quelques mots et le nécessaire étalonnage des samples : Tibert explore des thématiques, en suggère des pistes. D’abord, en quatre tableaux, de la rencontre à la rupture, un résumé – engueulades inclues -, des relations amoureuses : « J’ai laissé des plumes / Des chansons d’amour branques ». « Comment peut-on s’aimer si fort / Et ne construire que des remords / Ah les rêves, les belles histoires / C’était si bon juste d’y croire ». Pas de chansons bleues pour Tibert mais les bleus échangés, parfois le corollaire de l’amour… Pour, au final, se retrouver seul, qui plus est loin de tout : « Si tu me laisses sur ce caillou / Battu des vents et des orages / J’irai chercher dans les bayous / Le bois laissé par les naufrages ». Plaignez Robinson, qui plus est un samedi…
Autre défaite, celle de notre monde qui, avachi, au lieu d’agir, se trouve des boucs émissaires. Là, Tibert s’emporte : « Sur nos canapés défoncés / On a déniché les coupables / Hordes venues de l’étranger / Il faut des murs il faut des cibles / Combien de morts de déplacés / Combien de degrés de fournaise / Faut-il filmer, peindre et chanter / Pour que se taisent ces fadaises ? » Et, dans un autre titre tout aussi neuf, d’évoquer Le Grand soir : « J’en ai balancé des pavés / Et brisé des miroirs / Les poumons gonflés j’ai crié / Raconté tant d’histoires / Tant de rêves déroulés… »
Deux thématiques, plus ou moins fragiles, plus ou moins engageantes, plus ou moins engagées (combats du cœur, combats social ou politique) parmi d’autres qui chacune participe à un répertoire solide.
Le folk-singer Tibert a la modestie de ne s’auto-programmer qu’en première partie, chaque fois en grande cohérence avec l’artiste qui suit (ici la finistérienne Cécile Corbel, nous y reviendrons). Reste, et c’est une qualité, qu’on ne voit pas le temps passer avec lui. Chaque chanson est autant introspection que dramaturgie, qui élargit l’horizon, le retaille à la dimension de l’artiste, à ses territoires, géographiques, sémantiques et humains.
En avant-goût d’un septième album à venir, en avant-goût d’effluves celtes qui ne lui sont pas forcément étrangères, ce récital fut encore un de ces jolis moments de ce festival, toutes oreilles évidemment relevées.
Le site de Tibert, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.



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