Jamait chante Maxime, en mode « plutôt guitare »
Yves Jamait (captures d’écran)
6 décembre 2025, La Passerelle à Saint-Just-Saint-Rambert,
« Si dans l’avenir on vante mes mérites / Ne croyez pas ce que les gens diront… » Qui donc est-on venu applaudir ce soir ? Une icône de jeunesse de l’après 68, artiste depuis longtemps éloigné du grand succès dont, mis à part quelques titres cinquantenaires des plus fameux, on ne connaît finalement que peu l’œuvre ? Ou un Dijonnais à casquette et rouflaquette, un fou de cette chanson à laquelle il rend souvent et avec grand talent de significatifs hommages.
Ci-devant Yves Jamait et ses magnifiques comparses Jérôme Broyet et Michel Haumont, formation « plutôt guitare » comme dirait Maxime. Et l’ombre portée de Le Forestier que Jamait revisite avec respect, admiration, humilité. Mais pas toute l’œuvre, une part seulement, de Mon frère à Né quelque part, pas même la moitié, dix-huit ans de la vie de l’artiste. Assez toutefois pour vérifier la persistance et la pertinence de l’auteur de San Francisco. Et pour constater que le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l’horizon ; que ce qui est écrit, prédit dans les vers de Le Forestier, c’est ce que désormais nous vivons, que désormais « un coca-cola vaut deux vies humaines / et nous nous y sommes résignés ». Que depuis longtemps Le Forestier observe notre société, nous alertant au besoin, appelant à ces jours meilleurs auxquels nous aspirons mais dont la perspective s’éloigne plus encore chaque jour : « Il m’reste un couplet d’Imagine / Ils m’emmènent ailleurs… » Au vu de ce monde qui dangereusement se délite, se trumpise, se poutinise, se bardello-lepénise, rien que cette chanson, Les Jours meilleurs, résume et justifie ce récital. Comme cette autre, L’Homme à tête de loup, superbe et implacable réquisitoire contre le racisme. Et bien d’autres encore, de J’m’en fous d’la France à Comme un arbre dans la ville, de Petit robot à La Petite vieille de Saint-Pétersbourg, du Steack à La Salle des pas perdus, de Raymonde (seul titre relativement récent de ce répertoire) à Nous serons vieux… Ou ce J’m’en fous d’la France dans laquelle il confronte notre triptyque républicain à notre quotidien.
Délaissant la plupart des titres plus célèbres qui peuvent faire obstacle, Jamait a prélevé à l’œuvre de son « maître » toute sa puissance sous-jacente, sa face B, redonnant à l’ensemble une lisibilité qui avait pu nous échapper. Bien plus qu’une simple interprétation, c’est un méticuleux travail de restauration, de vulgarisation, presque de réhabilitation. Après quoi nous ne pouvons que nous replonger dans les chansons de La Forestier, les découvrir le cas échéant, y trouver des pépites à profusion.
Impeccable prestation de Jamait, qu’on remerciera de régulièrement faire parenthèse de son propre répertoire pour nous transmettre ses autres passions chanson, nous en inoculer la virale énergie. Il l’a précédemment fait avec Henri Tachan puis avec Allain Leprest et Jean Guidoni, il le fera sans doute avec d’autres tant est grande sa culture, tant est énorme son envie de partage.
Le facebook d’Yves Jamait, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.



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