Luc Arhlo, un cerveau aux rues embouteillées
Luc Arhlo (photo Ouest-France)
Luc Arlho nous vient du Mans. Il a beau avoir presque soixante-sept ans, c’est son second album après son J’ai couché avec les muses, un premier opus paru en 2007. Mais la chanson remonte à bien plus loin chez lui : il fut chanteur et guitariste du groupe folk De derrière les fagots dans les années quatre-vingt.
Dans les rues de [son] cerveau est un album gourmand : dix-huit titres dont il est tant le parolier que (à deux collaborations près) compositeur. Cerveau prolifique, aux rues joliment embouteillées : les idées viennent de partout, se croisent, se doublent, stationnent., démarrent… Ça bouge. Beaucoup de richesses en ces chansons bien bâties, du bon sens et de l’espièglerie, de l’observation, de l’onirisme, des comparaisons qui valent raison, de l’humour et de l’amour, de l’amitié, de l’émotion, de la mélancolie aussi. Ici, Arhlo arpente son enfance, les rues de son quartier, là sa femme baille à l’écoute du président (on peut lui pardonner), face aux grands travaux le temps ne compte pas ses heures, et Arhlo se pose des questions même s’il aime la religion. Ici, il cultive son jardin, là il se souvient de temps où il naviguait entre une garçonne et une gironde avec en sans capitale. Il se permet même de faire du Lèche-tombe en questionnant, en tutoyant les trépassé(e)s. Dix-huit tranches de vies (et donc de morts) qu’on écoute avec intérêt et souvent sourire « loin de la scène désolante / d’une planète sur la mauvaise pente ».
Luc Arhlo se présente comme un admirateur de Brassens, de Ferré et de Leprest. Avec de tels référents, on ne peut que bien travailler la chanson : force est de reconnaître que cette livraison est d’un beau niveau. La voix est saccadée, un peu timide mais trahit, et c’est touchant, l’émotion et la sincérité d’Arhlo. La plupart des titres sont servis au piano par Luc Brian, qui assure par ailleurs la direction musicale et la réalisation de ce disque. Et quand ce n’est pas lui qui est au piano, c’est Lorenzo Tarade. Dix autres musiciens (dont le chanteur) se partagent ce qui ressemble à un orchestre : guitares, ukulélé, mandoline, violon, violoncelle, alto, clarinette, percussions, banjo, bandonéon et accordéon. Et des chœurs. Une profusion qui enrichit les titres, tous déjà d’une réelle et joyeuse musicalité, leur donne une profondeur et des couleurs adéquates. Belle réalisation !
Luc Arhlo, Dans les rues de mon cerveau, autoproduit 2025. Contact : artmajeur884@gmail.com – 06 22 53 00 32



Commentaires récents