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Pierron : j’étais tranquille, j’étais pinard…

Tiens, un vieux papier intemporel de presque dix ans. Pas un pli, pas une ride sur ce texte, Gérard Pierron est toujours pareil. Il est un des honneurs de la chanson, d’une chanson sensible, d’une chanson modeste, d’une chanson différente qui suinte d’ivresse douce. C’était en novembre 2000 salle Jeanne-d’Arc à Saint-Étienne.

Archive. Il est des zones d’oubli au pur talent, des trous d’air où quelques artistes ne s’époumonent pas à vous satisfaire de leurs refrains. Depuis un quart de siècle qu’il traîne sa douce voix sur les routes, Gérard Pierron ne s’était jamais produit en terres ligériennes. Sauf une fois à Saint-Julien-Molin-Molette. C’était en juin dernier, aux bien nommés Oiseaux Rares.
Pierron n’est du reste pas un artiste comme les autres. C’est un chineur de chansons qui nous offre le fruit de ses collectes, les rimes de quelques poètes oubliés de l’Histoire comme l’est Gaston Couté, anarchiste paysan à l’inspiration gouleyante, lui et d’autres rimeurs du même tonneau.
Peu ou prou, les spectateurs n’étaient venus que pour la « vedette » Leprest. Ils ont découvert au passage Pierron comme un cadeau qui vous est fait un jour et dont on ne se départira plus, qui vous enivre de ses «chimères douces de saoulées d’vin.»
En célébrant la dive bouteille, le jus de nos terroirs, Pierron, en œnologue de la chanson, convoque au fond de son verre d’autres auteurs encore, Brauquier comme Bizeau, Cassou comme Valéry… Ainsi que les contemporains Laffaille et Louki. Et Leprest qui aime le vin et teinte de son immense talent cette chanson fin de siècle. La salle devient alors cave et les vers fruits d’ivresse.
Pierron a pour lui simplicité et humilité : il n’est que passeur de mots. Hors sa qualité et son statut de chanteur, il n’appartient à la chanson que parce qu’il la restitue, lui rend justice et apaise notre ignorance de tous ces auteurs oubliés, par lui vivants. C’est un cep, ni majestueux ni hautain, un simple pied de vigne qui plonge ses racines dans un terroir subtil où s’additionnent arômes et goûts.
Modeste, simple, intemporel, car la récolte et la révolte le sont, il défriche nos vies, les enrichit. C’est tant un chanteur de proximité, car d’intime sagesse, qu’une lumière éveillée et lucide. Comme José Bové, croisé de la mal-bouffe et sage terrien, Gérard Pierron doit observer chaque poignée de terre au creux de sa main. Bonne et saine, elle fera pousser la poésie et chanter le vin.

Le site de Gérard Pierron.

Une réponse à Pierron : j’étais tranquille, j’étais pinard…

  1. Danièle Sala 9 juin 2013 à 23 h 52 min

    10 ans et quelques mois …Et il chante encore ! et le vin de ses chansons , c’est pas de la piquette! ce sont des grands crus de terroirs .
    « La terre nous apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. »

    Terre des hommes Saint-Exupery

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