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EPM, stratégie contrariée…

« Aborder toutes les faces de la mise en voix de l’expression poétique, de la diction au chant et, pour ce dernier, aussi bien la forme chanson que le très riche patrimoine lié à la mélodie française. Les albums de cette collection seront tout autant consacrés aux poètes qu’à leurs interprètes (récitants ou chanteurs). Ensemble, ils sont les « Voix » de la poésie. »
A peine née qu’elle disparaît. EPM venait de lancer sa nouvelle série, sous l’impulsion du dynamique Bernard Ascal, directeur artistique et par ailleurs artiste interprète : « Les voix de la poésie », des disques simple, double ou triple où se rencontrent tant le poète célébré que tout ou partie de ses repreneurs, de ses interprètes. Comme ce Philippe Soupault où Bernard Ascal reprend une douzaine de titres, où se rencontrent aussi Catherine Sauvage, Cécile Charbonnier, James Olivier et Jacques Douai, que Soupault clos en disant lui-même un de ses textes, La glace sans tain.
Gros problèmes de distribution sans doute, les disques à peine mis en commerces, les chiffres de vente sont tels (tellement bas) qu’EPM se ravise et arrête sine die la collection. Seul rescapé, mis en fabrication in extremis, le Jean-Roger Caussimon qui va bientôt sortir. Dommage.
Le courage des éditeurs se heurte parfois à la stricte réalité comptable. C’est vrai que la poésie se vend mal. On ne sait d’ailleurs où aller la chercher quand elle est gravée sur cédé, en quel rayon, sur les étals de disques ou chez les libraires, de toutes façons jamais en tête de gondole.
Sont sortis dans cette collection un double Aragon (avec Francesca Solleville, Marc Ogeret, Colette Magny, Jacques Douai, Catherine Sauvage, Georges Brassens, Martine Sarri, Monique Morelli, Maya ; et des textes dits par Jean-Louis Barrault, Serge Reggiani, Jean Chevrier et Louis Aragon) ; un double Paul Eluard (avec Francesca Solleville, André Tavernier, François Rascal, Jacques Douai, Pierre Bernac, Paul Braffort & Annelies Braffort, Gérard Pitiot et Julos Beaucarne, et des textes dits par Gérard Philipe et Paul Eluard), un double Julos Beaucarne (large compilation de poètes), le nouveau Chanson plus bifluorée ; un triple Apollinaire avec, entre autres, Yves Montand, Léo Ferré, Marc Robine, Paul Derenne, Anne Laloë et Camille Maurane, et des textes dits par Jacques Duby et Guillaume Apollinaire (Le pont Mirabeau) ainsi que (c’est l’intégralité du 3e disque de ce coffret) La chanson du mal aimé, oratorio composé par Léo Ferré et joué par l’Orchestre national de la Radiodiffusion française en 1957. Déjà une riche bibliothèque sonore, formidable lieu de rencontres entre l’hôte auteur et les artistes qui, de leur voix, propagent ses vers.
Par ailleurs, l’autre collection d’EPM, « Poètes & Chansons » (soixante-quatre titres à ce jour), que dirige également Ascal (succédant là au défunt Marc Robine), semble elle-aussi mise entre parenthèses (le dernier titre paru étant sur les Poètes de la négritude).

Fondé en 1986 par l’ancien président de RCA qu’est François Dacla, EPM est un éditeur phonographique spécialisé dans une « certaine » chanson française qui a distribué ou produit des artistes comme Léo Ferré, Anne Sylvestre, Michèle Bernard, Georges Chelon, Marc Ogeret, Marc Robine, Francis Lemarque, Monique Morelli, Julos Beaucarne, Diane Dufresne, Anna Prucnal et bien d’autres. « La poésie et la chanson ont une place de choix dans son catalogue » lit-on sur le site d’EPM. Le mariage des deux est simplement mis à mal.

3 Réponses à EPM, stratégie contrariée…

  1. francishebert 7 juillet 2011 à 13 h 39 min

    Au Québec, il y a eu une petite exception culturelle. On a sorti deux CD consacrés au poète Gaston Miron et ils ont connu un étonnant succès populaire.

    Les critiques et le public ont fait une fête aux deux volumes de 12 hommes rapaillés sur lesquels 12 artistes masculins québécois chantent de manière sublime des poèmes de Miron. Certains avait déjà été interprétés par Chloé Ste-Marie.

    Ce qu’il y a de singulier c’est que ce sont des disques (surtout le premier) assez homogènes, malgré la grande diversité des interprètes (Richard Séguin, Michel Rivard, Martin Léon, Yann Perreau, etc.)…

    En spectacle, ils sont tous réunis sur la même scène pour interpréter à tour de rôle leurs chansons.

    Par ailleurs, j’étais un fervent des CD d’EPM mais, depuis quelques années, ils ne sont plus distribués au Québec ou alors très secrètement…

    Les disquaires, à vouloir vendre toutes sortes de choses d’autres que des disques (des peluches, des jouets, du chocolat, des ballons, etc.), contribuent eux-mêmes à se saborder…

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  2. francishebert 7 juillet 2011 à 13 h 44 min

    P.-S. Avez-vous, Michel, plus de détails sur le volume consacré à Caussimon ? Il m’intéresse particulièrement. J’ai fait ma maîtrise universitaire à Montréal sur lui.

    Réponse : C’est sans doute une question de semaines, voire de jours. Question de distribution… Je vous tiens au courant de cette parution. MK

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  3. Eric Nadot 25 juillet 2011 à 23 h 04 min

    Tiens Francis qui passe par ici ! Coucou Francis !

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