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Ces soirs avec Lionel Melka

Est-ce cette photo sur la pochette, zinc aux yeux mi-clos, à la lumière tamisée, qui vous donne sa grille de lecture, induit une perception, une ambiance ? Les Soirs sans sent la fatigue des nuits bien entamées, presque échues, de trop de vers distillés, quand une voix rugueuse, râpeuse, tapissée de nicotine, utile et subtil compromis entre Gainsbourg, Lantoine et Waits, s’offre sans retenue, dans l’impudeur de touchantes et coupables confessions (« Vous n’avez pas entendu mon cri d’amour / Pour vous, violeur… »), de choses inavouables en plein jour. Quand ce zinc soupèse la noirceur de votre âme et fait étalage de vos poches, celles de la veste comme celles sous les yeux : du cynisme et de l’amour, de la possible colère, de la déjà résignation. Chaque mot est alors important, chaque intonation, chaque ambiance… Jusqu’à la moindre note, au crissement des doigts sur les cordes dans ces portées qui vont de blues à rock. Et se reposent sur d’admirables cordes et des riffs quasi désespérés. Jusqu’à ces fumées de cigarettes qu’on devine, dans lesquelles dansent des gitanes aussi sûrement que tourbillonne l’esprit, que la pensée divague  en des états intermédiaires, des rêves déjà vus, de ceux « endoloris de cette vie de connard. »
Le disque paraît court (en plus, il l’est – 8 titres pour 26’50 –, faut-il que l’artiste s’économise à ce point ?) à l’écoute, tant il ne vous quitte pas, prenant et souvent poignant, empathique à souhait.
Lionel Melka avait précédemment sorti, il y a bien deux ans, un album au titre de Click sur oui (coup de cœur France-info, dont le succès d’estime lui avait valu de faire les premières parties de Rose). Là, on double clique sur son nom, tant ces soirs-là, même poisseux, limite glauques, ces « nuits où fumer tue » sont pour nous, étrangement, paradoxalement, de bien belles soirées. On devient accro à moins de ça.

Lionel Melka, Les soirs sans, 2010, autoproduit. Ce billet est la version augmentée d’une chronique disque parue il y a quelques mois sur le Thou’Chant. Le site myspace de Melka c’est là.

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