CMS

J’habite rue Colette-Magny

C’est une manie : ils changent le nom des rues. C’est une Magny : c’est désormais le nom de ma rue. Une femme. Qu’a même pas découvert le radium, curieux. Une chanteuse, qu’on dit. Je cherche, mais ça ne me dit rien. Edith Piaf, Dalida… on n’en fait des rues qu’une fois mortes. C’est étrange, y’en a pas encore sur Sheila et sur Mireille Matthieu, ni la Chantal Goya, pourtant toutes trépassées, au minimum largement dépassées. Mais Magny, c’est qui ? Chercher son nom, c’est pas coton. C’est Mélocoton qu’on m’a dit.

C’est le Conseil de quartier Pont-de-Flandre, dans le nord du 19e arrondissement de Paris, là où se trouvaient les anciens abattoirs de la Ville, qui vient de prendre cette décision, en même temps qu’on été rebaptisées les artères attenantes en rue Bernard-Têtu (du nom d’un médecin généraliste ayant jadis exercé ici) et rue Henri-Verneuil, le réalisateur de La vache et le prisonnier et de Week-end à Zuydcoote.

La Magny ! Un nom qui semble sortir, non du néant, mais du total oubli. Une que l’administration des Postes ne risque pas de retenir pour illustrer un timbre – pas assez consensuelle, la Magny ! – mais qu’un Conseil de quartier a retenu pour la postérité.

Née à Paris en 1926, décédée à Villefranche-de-Rouergue en 1997, Colette Magny est un personnage haut en couleurs (le rouge, surtout) et forte en gueule de la chanson. Question de style et de portées, de registre et d’engagements, question de savoir ce qu’on fait de la chanson. Hors des clous, cette chanteuse de blues au timbre décapant, dont la voix vous foutait de singuliers frissons, fut tricarde de son art cause à ce que le métier n’a jamais réussi à la dompter, la museler, la mettre au pas. « Dans la famille coup de poing, Ferré c’est le père, Ribeiro la fille, Lavilliers le fils. Et moi la mère !, disait-elle d’elle. Injustices sociales, pouvoir des financiers, planète en perdition… on aurait bien besoin d’entendre son chant aujourd’hui : les sujets ne manqueraient pas. Mais, hors un cercle d’initiés, qui l’écouterait ? Les gens qui habitent rue Colette-Magny savent-ils au moins qui est cette dame ?

Image de prévisualisation YouTube

Signalons qu’une rue Colette-Magny existe déjà à Nantes, qu’une salle du 1er arrondissement de Lyon porte son nom ainsi qu’un établissement scolaire spécialisé à Lys-lez-Lannoy dans le Nord.

 

12 Réponses à J’habite rue Colette-Magny

  1. coco 16 novembre 2012 à 17 h 44 min

    quel dommage qu’elle ne soit pas plus connu, sa voix, ses textes, ses coups de gueule étaient salutaires, c’est bien de la faire connaître ! merci

    Répondre
  2. Danièle 16 novembre 2012 à 18 h 09 min

    Colette Magny, c’est aussi Rimbaud, Aragon, Hugo et d’autres poètes en chanson . C’est une voix qui prend aux tripes et un engagement partagé . Je serais fière d’habiter la rue Colette Magny .

    Répondre
  3. PASK 16 novembre 2012 à 18 h 15 min

    J’ai eu la chance de la connaitre …
    …Peu d’artistes reprennent son répertoire…QUANT AUX MEDIA…
    Je suis heureuse que l’on en parle. Oserai-je dire…ENFIN!!!!!!

    MERCI A TOI!!!!!!!!

    Répondre
  4. PROUVEZE Pierre 16 novembre 2012 à 18 h 16 min

    bravo de cette annonce qui prendra acte en janvier 2013, je crois bien, et d’autre part la salle Colette MAGNY dans le 1° arrondissement de Lyon n’est malheureusement plus…

    Réponse : Merci, Pierre, pour ces utiles précisions. MK

    Répondre
  5. Cat 17 novembre 2012 à 8 h 19 min

    Tiens ! Coïncidence ! J’étais hier soir à Martigues, pour re-re-revoir le spectacle « Caf’ conf’ Aragon » (Véronique Pestel, Magali Herbinger, Bernard Vasseur) et on s’est fait la réflexion, avec FanFan, que Colette Magny nous manquait vraiment !
    Véronique interprète « Richard II quarante » dans le spectacle… et par dessus la voix de Véronique, j’entendais celle de Colette… « Je reste roi de mes douleurs »
    Je signale d’ailleurs que ce spectacle va sortir en CD en février 2013 et qu’il existe une souscription qu’on peut télécharger sur le site de Véronique (onglet « concerts »)

    Répondre
  6. Norbert Gabriel 17 novembre 2012 à 9 h 02 min

    je viens de jeter un oeil sur le plan de Paris, ils n’ont pas l’air au courant, je vais aller y faire un tour, avec une banderole « Kevork » ou « Délit d’errance » ce’st dans l’air du temps ?. Manuel, si tu nous lis … on peut aussi dédier une Valse Romani … http://resistancechanson.hautetfort.com/archive/2012/08/27/valse-romani.html#c7358509

    Répondre
  7. Odile 17 novembre 2012 à 9 h 32 min

    Très belle chanson, sur une vidéo qui l’illustre bien « Ces gens de la moyenne ».
    Colette avec sa voix unique et incomparable.
    Merci d’avoir profiter de l’évènement , pour nous rafraîchir la mémoire!

    Répondre
  8. Claude Fèvre/ Festiv'Art 17 novembre 2012 à 15 h 03 min

    Quel
    bonheur de te lire Michel … Merci pour cette grande dame que j’ai vue au début des années 80 dans un co-plateau avec Brenda Wootton… Bon sang, quel coup de poing !!
    Inoubliable …!!
    Une grande leçon de scène, d’engagement …de vie … !

    Répondre
  9. Martine SARRI 17 novembre 2012 à 15 h 38 min

    Merci Michel, j’ai eu la chance de la rencontrer, de connaitre ses chansons,sa voix. Le groupe d’amateur dont je faisais partie à l’époque avait fait un spectacle pour envoyer un vélo médical de brousse « sa contribution au Bateau pour le Vietnam » et la « vedette acquise à notre cause que nous avions sollicitée, était cette femme généreuse et indomptable! Merci de raviver nos mémoires! Elle continue à chanter dans nos coeur

    Répondre
  10. Gergaud Jean-Paul 18 novembre 2012 à 18 h 44 min

    Quel hasard- je viens de trouver la semaine dernière à la FNAC de Nantes, au fond d’un bac le CD Melocotton; j’ai croisé la première fois C Magny et… Gilles Servat au « Bateau Lavoir » à Nantes en 1970. Quel dommage -et le mot est bien faible- que cette femme exceptionnelle dans ses engagements n’ait pas eu davantage d’impact!

    Répondre
  11. PROUVEZE 16 mai 2013 à 18 h 53 min

    de passage à Lyon, dans le quartier de la Croix Rousse, Jean-Marc LE BIHAN qui avait créé LE CŒUR DES GENS, café où il y avait un bar Bernard DIMEY et une salle Colette MAGNY, comme vous le disiez, et JM Le Bihan m’a dit que la salle Colette MAGNY existait encore. Dont acte…

    Répondre
  12. Danièle 3 juin 2013 à 10 h 06 min

     » Régie de quartier du 19ème
    9 rue Colette Magny
    75019 Paris
    M° Crimée, ligne 7 Donc, elle existe bien cette rue Colette Magny .

    Répondre

Répondre à PROUVEZE Pierre Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives