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Pourchères 2013 : Gallet en ricochets

Derrière les mots, des espoirs, des désespoirs, des réalités et utopies d’adultes portés par une voix presque gamine qui, jadis, aurait pu déglutir avec rage et innocence les sucettes à Gainsbourg, en savourer tout l’anisé (ça doit venir de ça, son goût pour le Pastis). Aujourd’hui elle nous réinvente le monde, troquant un kilo de cerises contre une seule bise, « tout ce qu’il faut pour / ne plus aller chez Carrefour. » Elle nous chante son enfant, sorti de son terrier, de son cocon, de son nid : « C’est sur mon ventre que tu dors / C’est de mon antre que tu sors… » Elle explore les cabines d’essayage « comme un confessionnal / tout en dentelles et en voilages », étranges façons de s’immiscer dans la vie des couples, et raille au passage les punks, leur taillant un nouveau costard sans clous ni tatouages, sans rangers et sans crête, de coqs à coquelets. Ça et pas mal d’autres choses encore où, étrangement, elle est tout en douceur, en retenue, pas comme d’hab’, sans mots plus gros que d’autres… C’est surprenant, on nous l’a changée. Pour peu, on dira d’elle « polie comme une Gallet »…

Elle était taureau, un peu vache, à charger pour peu qu’elle voyait rouge aux cardinaux du Vatican ; elle était furie à dégrafer son soutif pour mater les récalcitrants du calcif ; elle était arme de destruction massive si peu qu’il fallait charger la connerie… C’est pas qu’elle ne l’est plus, non… mais on nous l’a changée. Nous disions d’elle qu’elle avait touché le Font : là, elle remonte à la surface. Face B, saison 2, nouvelle et surprenante Évelyne Gallet. Une autre. Qui bien sûr, en fin de concert, vous régalera encore de ses Confitures, vous amusera de sa toujours très alerte Vieille, se révélera Infidèle, attendra le cul en feu son pompier charmant, son prince en rut. Bien sûr…

Galet poli, Gallet polie ? (photo DR)

Fig. 1 : Galet poli, Gallet polie ? (photo DR)

Mais ça c’est la préhistoire de Gallet, la pierre ponce, son passé dans lequel elle ne puise que pour avoir son compte de chansons, son bon poids de rimes avec un peu de provocation pour signer le tableau.

Non, Évelyne Gallet a quitté son fournisseur quasi exclusif en vers que fut Patrick Font, brule ses brûlots pour s’ouvrir à d’autres aimants, d’autres amants qui, dans son nid, versifient différemment : Alex De, Arnaud Jouffroy, Thibaut Defever, Bob Solo et Balmino rejoignent Font et Mathieu Côte. Bienvenue ! Avant, c’était pour partie le jeu ; là, c’est le « je » qui l’implique, la dévoile. Elle se met à poil, exhibant ses bleus, ses coquards, ses dessous. Elle ne saute plus au paf, elle se prend des baffes. Elle lâche la bride par bribes, se fond en émotions, en compassion. Est touchante, même quand elle chante « ceux qui ne se touchent plus que par malentendu »… C’est palette de nuances, mots délicats peints sur d’autres toiles. Plus de caricatures à gros traits, c’est désormais du Gauguin, du Monet, du Manet, du Courbet : toujours à l’origine du monde mais autrement. Qui l’eut, ce nouveau cru ? Si le millésime est différent, il n’en est pas moins follement passionnant.

La preuve ? Euh… : le disque nouveau sortira en septembre 2014, faut s’armer de patience. Ou souscrire pour gagner quelques mois.

 

Le site d’Évelyne Gallet, c’est ici. Forcément, il n’y a pas encore de vidéo pour acter le changement. Donc on se fournit chez Toutvieux pour la regarder. C’est là : http://www.dailymotion.com/video/xvvqi5

Une réponse à Pourchères 2013 : Gallet en ricochets

  1. catherine Laugier 4 mars 2015 à 13 h 40 min

    J’aimais bien l’âge de la pierre taillée à gros coups de silex, cela fait une bonne base pour la pierre polie !

    Répondre

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