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Festivals ou radios : c’est la même chanson !

photo-archives-francois-destoc_1831406_660x372A l’exemple du Figaro qui titre « Festivals d’été : tous les mêmes et y’en a marre !», tous les ans, à la même époque, des confrères de la presse écrite se mettent à leur clavier pour râler, se plaignant que, d’un festival à un autre, les artistes sont ou seront tous les mêmes. C’est vrai. De partout, ce printemps, cet été, que vous soyez à Musilac ou à Soliday, aux Vieilles charrues ou au Inrocks, au Printemps de Bourges qui débute aujourd’hui, vous subirez (façon de parler) Stromaé, Fauve, Shaka Ponk, Franz Ferdinand ou Détroit (Bertrand Cantat). Tant qu’on se demande à quoi sert un chargé de programmation tant tous rendent la même copie. Une fois dit ça, convenons qu’un festival qui, en 2014, ferait l’impasse de Stromaé, le tintin de la chanson, passerait pour un con, un minable, même pas capable d’attirer la star belge qui sera sur la scène de 17 festivals en France. A tout hasard, Fauve le sera sur 21 dates, Yodelice 14, Shaka Ponk 12, Gesaffelstein 11, Skip the Use 11, Détroit 10, Franz Ferdinand 8, Woodkid 7 et Metronomy 6.

Dire que l’identité de chacun de ces festivals d’été est un tantinet contrariée relève du pléonasme. Mais c’est vrai que ce sont d’abord et avant tout des machines à cash, formatées à ce seul effet, sans autre projet que de faire du chiffre (il n’y a que les Vieilles charrues qui me semble différer dans leur modèle économique, dans leur projet politique de développement en milieu rural).

Qu’on se plaigne, qu’on s’indigne, pourquoi pas. Même nous, à NosEnchanteurs, sommes prompts à dénoncer ces copiés-collés qui tiennent lieu de programmation.

Cette pseudo-indignation est ce qu’on nomme dans la presse un « marronnier » : c’est l’immuable article à faire chaque année à période fixe, quand se dévoilent le contenu des festivités. Leur viendrait-il, à ces pleureurs de la presse, de faire également le constat que ce sont toujours les mêmes qui, jour après jour, passent à la radio, à la télé ? Car là aussi, c’est Stromaé à chaque repas, du Fauve et du Shaka Ponk, du Détroit et, ma foi, de l’étroit. C’est ce même pré carré, ou peu s’en faut, qui sert de vivier tant à la célébration des Victoires de la musique qu’aux médailles des arts et des lettres que la ministre de l’aculture (tiens, elle est restée, elle) distribue à tour de bras. Ça, ça ne semble pas offusquer mes estimés confrères.

Dans un rapport intitulé « L’exposition des musiques actuelles par les radios privées », le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel faisait récemment ce constat, pointant « l’absence de diversité des playlists ». Il est bien d’en faire le constat, encore faut-il, quand on est le CSA, proposer une solution. C’est ce qu’aimeraient l’ADAMI, le SNEP et la SACEM, co-signataires d’un communiqué préconisant les radios à changer de disque:« Les réseaux jeunes concentrent les deux tiers de leur diffusion de nouveautés sur 10 titres et une radio musicale peut aujourd’hui réaliser un tiers de ses obligations de quotas de chanson française avec la diffusion de 3 titres seulement. » Ces trois sociétés civiles veulent un plafonnement de diffusion des titres, pour que nous puissions entendre toute la diversité de la production francophone qui « demeure, contrairement aux idées reçues, riche, diversifiée et très largement majoritaire au sein de la production française. » Ce n’est pas NosEnchanteurs qui dira le contraire. Mais il m’est avis que c’est pas demain la veille que ces trois sociétés auront satisfaction.

8 Réponses à Festivals ou radios : c’est la même chanson !

  1. Phil* 22 avril 2014 à 18 h 26 min

    Il est toujours bon de rappeler qu’à coté des grands festivals , il y en a dans le pays des centaines de petits en tous genres , passionnants, alternatifs, débrouillards, qui programment des artistes beaucoup moins médiatisés voire très peu !

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  2. Norbert Gabriel 22 avril 2014 à 18 h 46 min

    J’ai l’impression que ces articles oublient de creuser un peu ce qu’il y a dans les programmes en focalisant sur les têtes d’affiche, qu’on retrouve, évidemment dans pas mal de festivals. Mais quand Higelin ou Lavilliers ont un nouveau spectacle, est-ce extravagant de les voir aux Francos de La Rochelle et aux Francos de Spa, ou à Montauban? Il y a peu de festivaliers normaux qui vont faire le tour de France, de Navarre er de Belgique (plus les festivals suisses) , à part les professionnels de la profession.
    Il y a quelques années j’ai été un assidu des Francos de La Rochelle, mais c’était plus la Salle Bleue et le Grand Théâtre qui me motivaient. D’autant qu’en 1990-2000, les horaires étaient compatibles entre les salles pour aller d’un spectacle à l’autre. Avec un même public à 80%.
    Aujourd’hui, depuis quelques années, il y a 2 publics, dont un vient uniquement pour la vedette de la grand messe du St Jean d’Acre, et qui la plupart du temps ne sait pas ce qui se passe à La Coursive. Comme certains journalistes qui ne sortent pas du village pro, contigü au SJA, et qui ne mettent pas les pieds à La Coursive, sans parfois savoir qu’il y a 2 salles, et les programmations innovantes des artistes en « développement » comme on dit. Moi, c’est ce qui m’intéresse… En priorité. Mais c’était la marque Foulquier, une approche généraliste de la chanson, qui commence à faire gravement défaut autant dans les radios que dans les festivals. Il y aurait aussi à creuser sur les programmations des festivals « spécialisés » qui ressemblent parfois à des chapelles très fermées, au risque de se scléroser faute d’apport de sang neuf.
    Et on retrouve dans les gros festivals les habitués des play lists…. Reste à voir qui a le privilège d’être invité dans les play-lists… Vaste sujet …

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  3. Patrick Engel 22 avril 2014 à 18 h 49 min

    Merde alors, nous voilà d’accord avec le Figaro..!

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  4. Jacques 22 avril 2014 à 19 h 35 min

    « Il y aurait aussi à creuser sur les programmations des festivals « spécialisés » qui ressemblent parfois à des chapelles très fermées, au risque de se scléroser faute d’apport de sang neuf. »
    Oh que vous avez raison, Norbert ! Que de chapelles en effet, qui sont fermées, ou qui s’ouvrent les unes au autres, car faut bien, parfois, renvoyer l’ascenseur. Ce sang neuf ne signifie pas, du moins pour moi, une vague de jeunisme, pour montrer qu’on est dans le coup. Il y a tant d’ oubliés dans les générations du siècle derniers…

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    • Norbert Gabriel 22 avril 2014 à 23 h 54 min

      Quand je parle de sang neuf, c’est pas forcément du jeunisme à tout crin, d’autant que les nouvelles vagues de djeuns sont assez parasitées par l’anglais sommaire, ‘Quand on n’a rien à dire, on le dit en anglais‘ … De même que certains jeunes commencent à être vieux très tôt.
      Un constat je vois pas mal de spectacles, et je ne retrouve pas dans la plupart des festivals, ceux qui tentent autre chose que les « produits en promo » la diversité et la parité qu’on devrait avoir si les différents programmateurs allaient un peu dans les salles, et pas seulement dans les festivals amis.
      Pour la parité, c’est comme si on trainait les vieux poncifs, sur « les chansons de bonnes femmes » (sans qu’elles soient absolument féministes) alors qu’on ne parle jamais « des chansons de bonshommes »… quelles qu’elles soient. Récemment j’ai lu dans la bio d’Anne Sylvestre une ligne d’un patron de festival qui se plaignait qu’il n’y ait pas assez d’ACI femmes, s’il lisait Nos Enchanteurs, il pourrait faire des découvertes intéressantes. Avec des artistes de scène de haut vol.

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  5. Gérard DEBARD 22 avril 2014 à 20 h 25 min

    Je m’inscris en faux : Stromae ne sera pas à Barjac cet été, Fauve et Cantat non plus. Alors, c’est là que je vais aller.
    Et puis, ce Figaro qui se plaint de l’uniformité, que fait-il toute l’année pour promouvoir ceux que l’on entend peu. Peut-être que s’il faisait son boulot, et beaucoup d’autres avec lui, la programmation des festivals serait différente !
    Gérard DEBARD

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    • Jacques 22 avril 2014 à 22 h 00 min

      Le Figaro n’est certainement pas le quotidien qui fait le moins pour la culture en général, la musique et notre chanson en particulier : c’est trop peu, mais ce n’est pas rien. Il faut savoir le reconnaitre.

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  6. Dblocnote 22 avril 2014 à 23 h 56 min

    ce manque de variété dans les programmations de festivals d’été est un marronnier de la presse généraliste au même titre que le chocolat de Pâques, d’ailleurs les articles voisinent souvent, dans une actualité au ralenti, ça meuble et ça ne mange pas de pain.
    En même temps, s’il s’agit de faire venir des vedettes nationales ou internationales, le nombre de vedettes en tournée avec des spectacles suffisamment volumineux pour ces kermesses à grand spectacle ne sont pas légion, ceux qui ont un spectacle tout neuf n’ont pas envie de le cramer dans un festival pour faire des salles vides sur le reste de la tournée, ceux qui n’ont pas de spectacle en route seraient bien en peine d’en monter un pour un ou deux festivals…

    Si le Figaro faisait le tour des festivals moins en vue, est-ce qu’on ne finirait pas s’apercevoir qu’on y voit aussi souvent les mêmes, et parfois certains ou certaines beaucoup plus souvent que les autres et parfois pour des raisons qui ne sont pas plus avouables que celles du show bizz?

    Que vous aimiez les grands festivals ou les petits, profitez-en, les restrictions budgétaires et des dotations aux collectivités locales qui se profilent pourraient bien n’être favorables ni aux uns ni aux autres.

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