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Barjac 2014 : du public d’aujourd’hui à celui de demain

Laurent Berger, un de ces jeunes devenu un grand classique de la chanson, qui vient de définitivement asseoir sa réputation sur la grande scène de Barjac (photos Pierre Buro)

Laurent Berger, un de ces jeunes devenu un grand classique de la chanson, qui vient, sur la grande scène de Barjac, de définitivement asseoir sa réputation (photos Pierre Bureau)

Christian Camerlynck sait de quoi il retourne lorsqu’il parle de programmation (*) et du désir de mettre les artistes devant des salles garnies (sinon pleines !). Et, comme l’a dit Jofroi, la nécessité de renouveler le public de ces festivals, d’attirer un nouveau public plus jeune, devrait être un souci constant.
J’ai toujours été très frappé par l’importance de l’offre de chansons (le nombre de jeunes qui, parfois non sans talent, veulent se lancer dans la chanson) et la faiblesse de la demande de chansons qui est un peu partout celle d’un public grisonnant et retraité au sein duquel je me range. Si ce public ne se renouvelle pas, ces jeunes artistes sont condamnés à faire un autre métier. Il importe donc de mener une réflexion sur les moyens d’amener un nouveau public à cette chanson – textes et musique – qui est proposée. Et ceci n’est pas spécifique à Barjac, mais à tous les festivals du genre…

Elsa Gelly, quand l'esprit rock gagne Barjac.

Elsa Gelly, quand l’esprit rock gagne Barjac.

Quelques pistes : d’abord ne pas s’en prendre au troisième âge du public présent pour ne pas le décourager de revenir, c’est LE public fidèle. Certaines réflexions aussi stupides que maladroites à l’endroit de ce public sont commises par certains artistes (Mélismell, Nico*…) et il importe de se rendre compte à quel point elles sont énervantes et contre-productives. Eviter aussi de vouloir le faire chanter contre son gré, et de le prendre en sous-entendu pour inculte (« Si vous regardez autre chose que TF1, je vous signale que ce texte est de Bernard Dimey » !). Un minimum de renseignements sur le public devant lequel on va se produire éviterait bien des malentendus, voire des fiascos. Et puis, ce public fidèle doit de son côté se montrer accueillant aux nouveaux, ne pas montrer le spectacle de la division pour des queues de pelles : il n’est pas assez fourni pour sacrifier à ce luxe-là ! Au contraire faire preuve d’ouverture vis-à-vis des avis différents même exprimés vigoureusement, favorable à la discussion, à la reconnaissance de ses limites, et à la réconciliation après la brouille.
Ensuite, chercher quels sont les obstacles matériels à la fréquentation des salles par les jeunes trentenaires ou au-delà. Ce sont le travail et les enfants en bas âge, et donc un temps disponible limité. Venir faire la queue une bonne heure avant l’ouverture des portes est à cet égard rédhibitoire : c’est impossible entre le retour du boulot et le soin aux enfants, sans compter une heure de plus de baby-sitter. Les places numérotées seraient une indication d’incitation à venir pour ce nouveau public. Et puis, évidemment commencer à l’heure, ne pas déborder, limiter l’entracte à un quart d’heure et ne pas terminer trop tard pour permettre de rentrer, et de dormir suffisamment avant le boulot du lendemain. Et pourquoi ne pas organiser une garderie ? On la réalise bien pour les enfants des artistes (je me rappelle le petit Pierre de Paule-Andrée Cassidy et Bruno Fecteau qui était emmené promener par une jeune fille pendant qu’ils chantaient sur scène !). Et quand des parents s’organisent pour venir quand même au concert avec leurs enfants et espèrent qu’ils vont s’assoupir, ils se font traiter d’irresponsables et subissent les propos absurdes, voire insultants, d’un violoneux mal inspiré à tous égards…

La jeunesse des Chansons de parole, dans l'organisation, parmi les artistes, guère dans le public

La jeunesse des Chansons de parole, dans l’organisation, parmi les artistes, guère dans le public

Il y aurait aussi une réflexion sur une politique tarifaire : proposer à bas prix les concerts d’un artiste peu connu en complément de la place pour quelqu’un de connu. Du temps de Christian Camerlynck, le pass des « Faites de la Chanson » était un vrai pass qui ouvrait à tous les spectacles sans débourser un sou de plus, ce qui rendait « la totale » beaucoup moins chère que le système actuel qui incite plus le public à limiter ses frais… et le nombre de spectacles choisis !
Christian avait instauré le chant amateur à Arras et au Festival « Faites de la Chanson » les premières parties assurées par des chanteurs amateurs. Ca fait venir la famille, les amis, mais restent-ils après la première partie ? Et surtout reviennent-ils ensuite ? C’est une solution intéressante, mais qui a aussi ses limites : cette année, le théâtre n’a jamais été plein, même pour la soirée d’inauguration avec Laurent Viel !!! Peut-être faut-il creuser l’idée et faire des partenariats avec des chorales qui drainent beaucoup d’adeptes.

Dans l'attente de l'annonce publique du prix Jacques-Douai, remis cette année à Michel Boutet et à Thibaut Defever (Presque Oui)

Dans l’attente de l’annonce publique du prix Jacques-Douai, remis cette année à Michel Boutet et à Thibaut Defever (Presque Oui)

Enfin, le public de chanson se forme à l’école, dans les classes ordinaires, par des ateliers d’écriture de chansons, ou d’interprétation, ou de construction de spectacles de chansons dans le cadre de résidence d’artistes, avec des enfants éloignés de la musique et pas seulement avec des motivés des classes du conservatoire. Il y aurait sans doute là à dépenser plus intelligemment les subventions qu’à faire des fêtes aux décibels gratuites qui certes font parler du festival mais n’amènent pas un spectateur payant de plus dans les salles.
Tous les festivals sont concernés par ce problème… Et ils le seront de plus en plus par la diminution inéluctable des participations des organismes publics… Il n’y a pas de solutions miracles, ça se saurait : il y a des tas de petits aménagements à penser, à essayer, à évaluer ensuite, et des idées à glaner auprès de tous, car comme le disait Jofroi, c’est l’affaire de tous.

 

 * Ce billet a d’abord été publié en commentaire de l’article sur Delphine Coutant à Barjac.

23 Réponses à Barjac 2014 : du public d’aujourd’hui à celui de demain

  1. Claude Fèvre / Festiv'Art 12 août 2014 à 15 h 39 min

    Oui, Michel, ce commentaire méritait publication et quelle épatante conclusion à la longue liste de chroniques de cette dernière édition de Barjac… et aux problème soulevés! Voilà matière à débats, tables rondes pour tous les diffuseurs d’abord, mais aussi pour le public.
    Merci à François pour cette riche collaboration qui pourrait servir de point de départ à une rencontre sur le sujet à Barjac l’an prochain. Personnellement j’applaudis particulièrement au dernier paragraphe !!

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  2. japima 12 août 2014 à 16 h 13 min

    J’applaudis, moi aussi, à ce commentaire car il met en avant ce que je ressens depuis bien longtemps, à Barjac et ailleurs. Nous  » les vieux  » nous n’avons qu’une envie, c’est que des jeunes viennent, sur la scène, et dans les salles … Et pour cela il faut savoir les choisir ( ça c’est pour l’organisateur ) sans copinage, sans complaisance et en toute liberté. Et il faut savoir les accueillir, même si parfois ils sont maladroits et pas encore très professionnels. Et surtout, surtout, quand on n’est pas d’accord, les respecter, et respecter le public. A lire beaucoup de commentaires cette année, je me demande si là je ne suis pas dans l’utopie ….

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  3. Paul Granié 12 août 2014 à 16 h 18 min

    Plein de choses à dire sur cet excellent article. Sur l’age et les remarques des artistes je suis un peu étonné d’ y trouver Melismell , j’ai par contre une pensée pour le sinistre Melvil et un chanteur des nocturnes du chapiteau  »Vous connaissez le slam à Barjac ? » ou un autre (que j’aime bien)  »Vous avez deja vu des noirs en Isere ? » Bon on m’a dit que c’était maladresse et non moquerie. L’age des spectateurs de spectacles vivants ou des musées est elevé pour des tas de raisons : pouvoir d’achat, temps libre , dégagement des soucis de la trentaine / quarantaine, habitudes culturelles. Apres comme on l’a souvent dit il faut distinguer un public vieillissant qui un jour ne sera plus là et un public de personnes âgées. Pour ce dernier il y aura toujours des vieux et la machine continuera de tourner… En même temps il y a la vieille et belle idée de mélange des generations… en 12 ans d’accompagnement d’ une MJC ou pour les spectacles c’etait soit MJC soit MVC je sais bien que la rencontre n’est pas simple quand elle arrive c’est magique mais ce qui est magique est rare…

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  4. Fabre Christine 12 août 2014 à 16 h 55 min

    Bien , alors, voyons, ton article est quasiment complet , mon cher Michel, et je n’en enlèverais pas une syllabe: d’accord sur tout.Cependant la derniere phrase du dernier paragraphe m’interpelle.Oui, il y a diminution des participations des organismes publics et on cite : l’Etat, les conseils régionaux, les Conseils Généraux et par effet de domino les Villes, mais personnellement je ne me contente plus de » petits arrangements »: La politique culturelle comme celle de l’Education Nationale se réduit au cours des années comme peau de chagrin et ce ne sont pas des  » petits arrangements » qui vont sauver nos festivals, nos théâtres, nos écoles etc….. il faut une grande politique de la Culture et pour l’avoir IL FAUT L’EXIGER par toutes sortes de moyens qui sont encore en notre pouvoir – faire savoir que l’argent existe et qu’il faut avoir le courage politique d’aller le chercher en désignant les responsables.Nous pouvons tous pétitionner et aller rencontrer nos élus à tous les niveaux pour leur dire que nous ne sommes pas dupes des larmes de crocodile du MEDEF et des privilégiés de la Finance.

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  5. catherine Laugier 12 août 2014 à 21 h 28 min

    Oui Bernard, tous les chanteurs, frustrés de ne voir qu’une classe d’âge dans leur public, même si certains d’entre-eux atteignent eux-même les 50 ans, font des réflexions sur l’âge des spectateurs qui pourtant les font vivre : je l’ai vu avec Thomas Pitiot, Pascal Mary, Sanseverino…et bien d’autres. J’en ai discuté avec plusieurs d’entre eux à la sortie des concerts, et j’espère qu’ils en tiendront compte. Et au bout de la dixième blague sur les cheveux blancs de leur assistance, qui « devrait avoir beaucoup moins d’années restant à vivre que moi-même » (sic), cela ne fait plus beaucoup rire !
    Je comprends leur frustration, ayant moi-même beaucoup de mal à intéresser mes fils à qui s’exprime en français. La jeune génération a été bien formatée, et c’est miracle qu’on y trouve encore tant d’ACI aussi talentueux même s’ils ne sont pas connus du grand public.

    Je pense personnellement qu’ils doivent utiliser au maximum les réseaux sociaux tant décriés pour d’autres raisons, pour aller à la rencontre d’un plus jeune public, et ne pas compter sur les réseaux commerciaux qui favorisent tout sauf la qualité. Comme dans l’Economie en général, le seul levier c’est le réseau qui permet l’éclosion d’une véritable chanson de Proximité (pour le plus grand bonheur des spectateurs « initiés » donc plus restreints malheureusement)
    Les aménagements pour les parents de jeunes enfants sont souhaitables à tous les niveaux dans l’économie, il faut arrêter de penser qu’avoir des enfants est un handicap pour l’acivité; quant aux ateliers d’écriture, ils existent avec profit dans de nombreux établissements scolaires, les artistes, le plus souvent intermittents n’ayant pas attendu les propositions de certains ministres pour travailler dans ce sens. Simplement ces heures là ne doivent pas être bénévoles contrairement à ce qui semblait suggéré, mais bien compter dans leurs heures de travail.

    Ce qui n’empêche pas de militer pour une meilleure politique de la Culture !

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  6. Leo Artaud 13 août 2014 à 4 h 33 min

    Il faut que les artistes soient comme si et ne disent pas cela… que le public soit comme cela et évite d’être ceci…

    QUEL PROGRAMME!!!

    des crèches, des heures raisonnables…

    Tout cela donne une envie de jeunesse extrême!

    J’vais vous dire un truc: il faut ouvrir grande les portes et les fenêtres et se décomplexer de proposer des chansons dans une lignée qui donna Brel, Brassens, Ferré, Barbara et tant d’autres.

    les médias? les majors? les décideurs? les trucs et les machins? Il ne faut plus faire l’aumône… il faut les arraisonner!!!

    et surtout… surtout… il faut que les créateurs sortent des réseaux battus!!!

    le public? il faut arrêter de le prendre pour un moyen de survie ou de sauvetage! Il faut lui faire des choses textuels au public! qu’il rougisse! qu’il crie « ooooooooh! aaaaaaaaaaaah » et qu’il en redemande l’insatiable!!!

    Par devant! Par derrière! par tous les trous auriculaires! il faut le prendre et lui foutre du texte! Parce qu’il ne veut pas être le samu le public! il veut être un partenaire particulier!

    Alors il ira à Barjac et ailleurs comme on va dans ces clubs échangistes pour vivre des rapports textuels dans les volutes mélodiques « qui vous remettent le coeur à l’heure »!

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  7. Jean-François Schneider 13 août 2014 à 11 h 53 min

    Le constat s’impose. En revanche, les solutions/propositions me laissent sceptique… Quoique « retraité lecteur de télérama festivalier », je connais un certain nombre de trentenaires… Et, je suis étonné par leur emploi du temps ! Ils n’attendent pas en général l’organisation d’une halte-garderie culturelle (les grands-parents sont là !) pour prendre des billets, parfois fort chers… mais pour aller écouter autre chose que « notre » chanson. Il est sûr que la chanson « festive » (sono à donf et accordéon tristement massif, mais c’est un autre débat…) s’en tire mieux que nos pauvres ACI au regard des exigences du statut d’intermittent.

    Je suis malheureusement peu optimiste, et, si la quantité de la « relève » est satisfaisante, j’attends toujours le Brassens nouveau ou la « Barbara » nouvelle… et ne suis pas sûr d’avoir même trouvé le Souchon ou le Renaud nouveaux.

    JFS

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  8. Michel Kemper 13 août 2014 à 13 h 43 min

    Etablir la programmation de Barjac relève du casse-tête et, je crois l’avoir dit ici, je n’envie pas Jofroi. Il faut ne pas décevoir l’actuel public qui est, qu’on le veuille ou non, le seul socle économique fiable. Tout en constatant (c’est facile) que ce public vieillit et va s’estomper au fil des ans. Donc, prévoir la relève.
    Sur le présent public, respect. C’est vrai qu’il est composé pour partie d’intransigeants (certains se présentent à vous comme « ayatollah de la chanson » et je ne suis pas toujours persuadé que ce soit de l’humour au second degré), mais pas que. Il vient chercher ici sa ration annuelle d’une chanson elle-même exigeante. Et doit l’avoir au risque de ne plus revenir. Ça se comprend.
    De là à ce que ce public favorise la venue d’une public plus jeune, aux autres mœurs, autres rites que les siens, j’y crois pas. Il y aurait choc des cultures et nos têtes blanches ne le souhaitent pas. Il faut donc opérer cette manoeuvre par doses homéopathiques, sans heurts, en tous cas le moins possible.
    Au passage, qu’il soit dit que je donne raison à François Bellart quand il appelle les jeunes artistes présents sur les scènes de Barjac à un peu plus de retenue envers le public qui les accueille et paye pour ça : les « bonjour les vieux ! » et autres gracieusetés du même acabit sont simplement imbéciles. En 2013 nous avions eu notre dose (ayant quelques cheveux tirant sur le gris-blanc, je compatis).
    Je ne crois pas que Barjac puisse résoudre le problème qui me semble insoluble. L’an passé Les Ogres de Barback auraient pu sceller l’amitié entre jeunes et moins jeunes. Mais toutes les places ou peu s’en faut de la cour du château étaient prises par ceux qui ont acheté leur pass. Et ne restait plus rien, ou pas grand’chose, pour ces jeunes qui auraient pu prouver que tous écoutaient fondamentalement la même chanson. Il eut fallu élargir la cour du château, doubler le nombre de place. Pas possible.
    La rencontre entre jeunes et « vieux » doit se faire ailleurs. En fait partout. Avec volontarisme des organisateurs. Autant dire jamais ? Sauf si un gouvernement imaginait une incitation fiscale pour le faire. Pour qu’à une scène dont la vedette est un jeune, un vieux se produise en première partie. Que l’invité(e) de la Rue Kétanou soit… au hasard, Francesca Solleville ! Que celle de Tryo soit Laurent Berger ou Céline Caussimon. Pourquoi pas ? Qu’on mêle, qu’on maille intentionnellement les publics. On s’apercevrait alors que tous, peu ou prou, nous écoutons la même chanson. Et que c’est nous, jeunes et vieux, qui nous rejetions auparavant, au seul fait que nous sommes jeunes, au seul fait que nous sommes vieux.

    J’arrête là pour aujourd’hui. Y’a déjà matière à débat. Qui prend la suite ?

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  9. Cuffi Georges 13 août 2014 à 14 h 41 min

    Absolument d’accord avec tout l’article initial de François Bellart et ta dernière intervention, Michel !, entre autre avec ça  » Eviter aussi de vouloir le faire chanter contre son gré, et de le prendre en sous-entendu pour inculte » Je me reconnais personnellement aussi dans le spectateur « ayatollah », je croyais même l’avoir inventé! au téléphone j’avais dit « intégriste » mais c’est pareil ! Je n’ai rien contre les jeunes, au contraire… mais « le temps a passé comme un charme », il y a de moins en moins de chanteurs-poètes (ou je ne les connais pas, mais qu’on me le prouve) les « jeunes » sont tous formidables musicos, peuvent très bien chanter… mais ils n’écrivent plus. Et j’accepte de passer pour un vieux con, sachant que si un « djeun’s » se met à écrire niveau Vasca ou Bertin, je le reconnaitrai volontiers… mais ça m’étonnerait! :-) )

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  10. catherine Laugier 13 août 2014 à 21 h 58 min

    Non Georges, il y a des jeunes qui écrivent en plus d’être bons musiciens… et des super poètes. Pas d’accord. Il faut les écouter, et ne pas faire un critère de l’âge. Et apprécier des styles variés de poésie, c’est les différences qui font la richesse.
    Et Léo …il y en a qui font des choses textuelles au public…Pierre Lapointe, Dimoné, Valérie Mischler, GiedRé, Jeanne Cherhal, Jérémie Bossone, Pascal Mary…
    En plus, la plupart de ces jeunes je les ai découverts sur NosEnchanteurs…

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    • Norbert Gabriel 14 août 2014 à 0 h 06 min

      En plus de ceux-là, j’ajoute une découverte récente, Clémence Cheveau, très jeune, et remarquablement mûre dans ses choix de textes. Tout comme quelques découvertes du radio crochet France Inter, Gemma, Léopoldine, Martin Rahin, qui devraient émerger bientôt. Et Olivia Ruiz, qui est aussi assez jeune s’avère être une ACI confirmée…

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  11. catherine Laugier 13 août 2014 à 22 h 01 min

    Tout jeunes, jeunes…et moins jeunes, il y en a qui vont sur leur cinquante ans…Pas de creux dans la pyramide des âges !

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  12. Cat 13 août 2014 à 22 h 41 min

    Et puis Barbara, Brel, Brassens, Anne Sylvestre, Jean Vasca ou Jacques Bertin ne sont pas tombés du ciel avec tout leur répertoire sous le bras ! Barbara ne faisait « que » des reprises avant de se risquer à chanter ses propres textes. Léo Ferré mettait en musique des textes de Jean-Roger Caussimon… Il faut laisser aux jeunes le temps de mûrir ! Juste leur donner le temps, une écoute attentive, des critiques constructives, un public averti. Comme ça s’est toujours passé « avant », dans les cabarets ou « maintenant », dans des festivals ou des rencontres de la chanson (Barjac, Pourchères, Prémilhat… tant d’autres !) Peut-être que c’est plus difficile maintenant, avec la précarité, la baisse des subventions des collectivités… même les génies ne sont pas toujours reconnus !

    C’est peut-être Mozart le gosse qui tambourine
    Des deux poings sur l’bazar des batteries de cuisine
    Jamais on le saura, l’autocar du collège
    Passe pas par Opéra, râpé pour le solfège

    C’est peut-être Colette la gamine penchée
    Qui recompte en cachette le fruit de ses péchés
    Jamais on le saura, elle aura avant l’heure
    Un torchon dans les bras pour se torcher le cœur

    C’est peut-être Grand Jacques le petit au rire bête
    Qui pousse dans la flaque sa boîte d’allumettes
    Jamais on le saura, on le fera maçon
    Râpé Bora Bora, un mur sur l’horizon

    C’est peut-être Van Gogh le p’tit qui grave des ailes
    Sur la porte des gogues avec son Opinel
    Jamais on le saura, râpé les tubes de bleu
    Il fera ses choux gras dans l’épicerie d’ses vieux

    C’est peut-être Cerdan le môme devant l’école
    Qui recolle ses dents à coup de Limpidol
    Jamais on le saura, KO pour ses vingt piges
    Dans le ring de ses draps en serrant son vertige

    C’est peut-être Jésus le gosse de la tour neuf
    Qu’a volé au Prisu un gros œuf et un bœuf
    On le saura jamais pauvre flocon de neige
    Pour un bon Dieu qui naît, cent millions font cortège

    Allain Leprest…

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  13. Leo Artaud 14 août 2014 à 6 h 28 min

    Des « Brelbrassensferrébarbara » y en avait avant, y en a eu pendant, y en a eu après, y en a aujourd’hui et il y en aura demain si il y a un demain.

    Bien sûr on en découvre dans les « réseaux » dits « ayathollisstes » de la chançon françouése… Mais pas que! Dans les majors aussi autant qu’au coin du boulevard!

    « Saint-Germain des prés » fut une parenthèse d’émulation qui toucha toute la culture (pas seulement française). Mais nous sommes dans une époque où règne la médiocratie. ça ne durera pas! et je vais même plus loin: je suis sûr qu’on en sort! Dans le brouhaha général il y a des lumières qui apparaissent ici et là!

    Mais l’article n’y contribue pas parce qu’ils posent des questions d’alcôve du comité d’organisation et préconise, excusez du peu, de la mesure de la part des artistes autant que de la tenue correcte du Public… NON MAIS! oh!!! on déchabotte ou bien?

    Je vais vous dire: il fut une époque où être censuré était le must de la reconnaissance de la liberté poétique! Si on n’était ps censuré c’est qu’on était qu’un chanteur commercial! un pion du shox biz! dans l’inconscient collectif! Alors d’aucun « aimait à voir rosser les cognes » d’autres disait que « les bourgeois c’est comme les cochons » et untel préconisait qu »il fallait baffer « l’espèce de conne de s’assumer ainsi dans sa liquide sénescence » et j’en passe et des meilleures.

    Vous savez ce qu’est le must de la rebelllion poétique aujourd’hui? C’est d’être méprisé par les sur »manufacturés » de la chanson et d’être rejeté de la programmation de barjac!

    La poésie, chantée ou non, elle est la poésie tant qu’elle n’est pas réglementée, encadrée, mesurée, certifiée conforme, académisée, manufacturée ou agrée dans des lieux dédiés!

    Des poètes il y en a partout et même à Barjac parfois! Mais pas plus qu’ailleurs! Barjac n’a pas un problème de public vieillissant! il a un problème d’égo démesuré mélangé d’un complexe absurde de « sous-valorisé’ de la culture.

    Ne me dites pas « heureusement qu’il y a ceci ou cela pour faire survivre la « belle chanson »… pour les grands qu’on nomment ainsi, de tout temps, il n’avait pas tout le temps ceci ou cela… Pourtant… ils sont les grands qu’on nomment ainsi!

    Barjac me fait penser à ce bistrotier qui me dit que c’est une chance pour moi, me faire connaître, que d’aller chanter dans le fond de sa salle!

    Il n’y a qu’une façon d’aider Joffroi et les courageux qui s’y collent! C’est d’ARRETER DE FAIRE LES MISEREUX et de gueuler haut et fort que ce qui se passe là est formidable, unique et incroyablement jouissif! C’est de dire à celui qui dit « il n’y a plus de Brel, de Brassens, de Ferré… de lui dire: « Mais si mon pote!!! y en a des tas! Mais mieux encore il y en a des tas qui seront les untel, les ceci et les bidules de demain! » il y en a à Barjac, au bistrot du coin et même il y en a des qui passent dans ta télé! ça arrive…

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  14. Danièle Sala 14 août 2014 à 16 h 47 min

    Je cois que l’âge ne fait rien à l’affaire, il y a de jeunes chanteurs(euses) de talent qui prennent la relève allègrement, et il y a un public de tout âge, quand on aime la chanson, ça commence très tôt, et ça ne finit pas. Et il y aura toujours un public pour écouter, pour découvrir, à Barjac et ailleurs.

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  15. Marion 14 août 2014 à 18 h 37 min

    En parlant de nouveau public !
    Mon blog « Autour de la musique classique » traite du sujet de la possible démocratisation de la musique classique grâce au numérique et notamment au web. Des sujets pointus sur la musique classique de façon générale. Mais surtout beaucoup d’idées et de conseils sur la communication autour de la musique classique afin qu’un nouveau public s’y intéresse.

    Marion

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  16. Michel TRIHOREAU 14 août 2014 à 18 h 44 min

    François fait une belle analyse et les commentaires confirment le constat et les idées fleurissantes.
    Il serait bon de savoir, statistiques à l’appui, quel pourcentage parmi les « jeunes » écoute de la chanson. Sans doute est-il très minoritaire. Mais quel pourcentage parmi « les vieux » représente le public de Barjac (ou d’ailleurs) ?
    Oui, il y a une différence de culture : les jeunes ont davantage besoin de bouger et de ressentir la musique physiquement. Mais ce n’est pas nouveau, le jazz, le rock ne sont pas nés d’hier. Ils sont formatés par les médias. Sans doute, mais sur Europe 1 en 1965 ou en 1980 on entendait davantage Sheila ou ACDC que Henri Tachan ou Jacques Bertin, non ?
    Les nouvelles générations ont aujourd’hui accès à beaucoup plus de genres musicaux et font des choix plus variés. Leurs idoles sont plus éphémères qu’autrefois. Les techniques ont changé, mettre un 33t en vinyle sur une platine demandait de la patience et même de l’habileté, aujourd’hui il suffit de cliquer pour écouter toute la musique du monde.
    Il y a une autre question qui se pose, plus insidieuse, car elle entraîne un débat sur la culture populaire et l’élitisme : Jeunes ou vieux, qui sont ces gens qui écoutent Barbara, Leprest, Véronique Pestel ou Jérémie Bossonne ? Pour accéder à cette chanson « d’auteur » ou « de proximité », ne faut-il pas préalablement une étape qui permette aux uns et aux autres d’accéder à l’écoute, d’apprendre à décoder, d’accéder à un second degré nécessaire à la compréhension de la chanson et de la poésie.
    C’est dans la cellule familiale que ça commence, puis à l’école, puis partout où l’on peut apprendre, lorsqu’on a compris qu’on n’est pas fini quand on a quatorze ans et que le monde est un vaste champ d’information. Tout le monde n’a pas cette chance, mais tout le monde a le potentiel d’avancer un peu plus. Si l’on n’a pas déjà fait ces quelques pas, on ne peut pas être sensible à la beauté des mots et à la sensibilité des notes et l’on se contente alors du tout-venant, par grégarité, facilité ou imitation.

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    • MariePierre 23 août 2014 à 21 h 38 min

      Tout à fait d’accord, c’est plus facile d’écouter de la chanson quand on est tombé dedans petit. Les adultes de mon entourage m’ont mis Sylvestre et Lafaille dans les oreilles à 5 ans, à 10 ans j’écoutais des florilèges sur K7 que mon père avait faits à partir de sa collection de 33t estampillés « Rive gauche », que je découvrais à 14 ans quand je m’achetais mon premier tourne-disque, pendant qu’une de mes tantes nous offrait systématiquement une copie des albums de Ferrat qu’elle achetait. Entre 15 et 18 ans je passais toutes les semaines à la discothèque municipale explorer le rayon « chanson française ». Alors, quand à 20 ans j’ai entendu Leprest et Pestel, j’étais mûre pour les mettre dans ma discothèque idéale !
      Cependant c’est aussi une histoire de goûts. Ma soeur, qui a eu accès à la même discothèque parentale que moi, ne connait guère les artistes que je vais applaudir à Barjac ou au Forum Léo Ferré…

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  17. Thomas 15 août 2014 à 7 h 03 min

    Oui il y a matière à réflexion sur le sujet, et une grande diversité de possibles réponses à toutes les questions qui en découlent. D’autant plus que la diversité du public et des personnes concernées est loin de reposer uniquement sur le critère de l’âge! Je crois avec une conviction certaine que la première question à se poser est la suivante: Est-ce qu’on entend dans les radios (et je pense en particulier à France Inter) des Laurent Berger, Eric Frasiak, Rémo Gary, Jofroi, Michel Bühler, Anne Sylvestre… ? Et bien NON ! Alors que les radios de service public ont le devoir d’informer le plus largement possible, en l’occurrence sur la création artistique, musicale… elles adhèrent à un système qui semble les asservir à une certaine caste, et programment quotidiennement et cycliquement les mêmes, les Roussel, les Malzieu, les M.. et quelques autres qui confondent orchestration et harmonie avec fusion de bruits, textes avec amas de mots à la mode, ou personnalité originale avec nombrilisme. Comme disait Coluche dans son sketch « Misère », « à force d’entendre que des conneries à la radio, à la télé, vous finissez par les acheter, et vous n’êtes pas raisonnables… » . Alors chacun peut agir à son niveau. Si l’on ne connait que ce que l’on entend dans les radios et les autres outils de la machine infernale de la société de consommation, on reste ignorant de toute la création et forcément de ce qui peut nous toucher. C’est à tout le monde de chercher « sa nourriture spirituelle » par tous les moyens dont nous disposons, et nous sommes sur la bonne voie grâce à internet; bien sûr on a tendance à n’y chercher que ce que l’on connait déjà ! Alors il faut trouver un moyen de forcer les barrières, de faire tâche d’huile, de déborder les Deezer et autres diffuseurs, peut-être de créer un diffuseur spécialisé dans la chanson de paroles… Quant au public « grisonnant » des lieux où l’on entend cette chanson, c’est celui qui a le temps, et les moyens sans doute, de la chercher , de trouver ses pistes .. c’est ce que je fais grâce à internet surtout! Et je préfère passer mon temps là plutôt que le perdre à écouter certaines radios…( Il ne nous reste plus que Chanson boum sur France Culture … « judicieusement » programmé à 23 h le dimanche soir quand nous n’aspirons qu’au sommeil réparateur après un week-end chargé, et préparateur à une nouvelle semaine d’activités… ça ressemble à de la ségrégation … alors: révolution ?

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  18. Norbert Gabriel 15 août 2014 à 10 h 22 min

    Depuis que Foulquier a été viré (par Schlesinger, le nouveau superviseur des programmes) la chanson a perdu entre 12 et 15 h d’émissions par semaine sur France Inter. Les artistes que vous citez, c’est dans Chanson Boum, ou dans « Des nuits noires de monde » de Laurent Valéro qu’on peut les entendre. Les seuls à écouter les albums qui ne sont pas soutenus par les majors. (Philippe Meyer aussi a les oreilles ouvertes) Quelques exemples récents – vus de l’intérieur si on peut dire- montrent que l’écoute par les programmateurs ou les animateurs est souvent plus que sommaire, voire inexistante, on avait son idée avant d’écouter, et on s’y tient, quelle que soit l’évolution de l’artiste. Les étiquettes sont bien collées , et il conviendrait de les décoller. (En argot, « étiquette » est un des petits noms de l’oreille)

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  19. CHRISTIAN CAMERLYNCK 16 août 2014 à 13 h 10 min

    Je suis d’accord avec François Bellart. Les choses ont apparemment changée à Arras; Les amateurs n’apparaissent plus à chaque spectacle. Ils doivent se préparer bien avant la Faites de la chanson. Je sais que des participants au festival ont été refusés Ils venaient de loin et ne pouvaient pas participer aux « préparation », répétitions » préalables. Bref Faites de la chanson a évolué et n’a guère à voir avec ce que nous faisions. La philosophie du projet a changé. Jamais un metteur en scène avait été payé pour diriger des amateurs. Il y avait une mise en espace réalisés par un metteur en scène comédien, celui-ci prenait en charge dans la journée ceux qui se produisaient le soir. Rien à voir avec le travail de Xavier Lacouture par exemple.

    Mais oui il y a un travail de réflexion à faire. Et dans nos stage ACORPSVOIX nous le poursuivons avec un certain succès depuis bientôt 15ans et moi même depuis 35 ans.

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  20. MariePierre 25 août 2014 à 22 h 24 min

    Il y a des « jeunes » (ça reste à définir, j’imagine que chacun a sa fourchette ») qui écoutent de la chanson, et même vont au concert, mais n’écoutent peut-être pas spontanément Anne Sylvestre ou Rémo Gary.
    Pour rajeunir le public, il faut penser programmation et tarifs, ça a été souligné plus haut. Il faut aussi mélanger les artistes (et là il n’est pas question d’âge mais plutôt de style), ce qui favorise la diversité des publics. C’est parfois le cas à Barjac, et on repère vite dans le public ceux qui sont venus plutôt pour la 1ère ou pour la 2nde partie.
    Je vous invite à regarder ce qu’il se passe du côté du festival TaParole à Montreuil. Peut-être n’est-ce pas un festival « du genre » de Barjac ? Toujours est-il que les bénévoles y sont jeunes, et le public aussi. S’il y a des têtes grisonnantes ou dégarnies, les 25-45 sont nombreux, accompagnés de leurs enfants de 0 à 12 ans. Je ne sais pas quel est leur secret, mais il y a une programmation variée et les tarifs sont imbattables (15 euros plein tarif pour la journée, 3 à 5 spectacles).
    Et concernant Barjac il faut penser que fin juillet on est en pleine période de vacances. Les jeunes adultes (qui sont majoritairement parents…) sont au travail ou en vacances… avec leurs enfants. Donc soit on n’accueille personne (ou uniquement les sans enfant), soit on accueille tout le monde. Sauf à faire une garderie… (pour les « locaux », il y a peut-être des grands-parents ou un autre système de garde, pas pour ceux qui viennent en vacances dans le coin.)

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    • Norbert Gabriel 26 août 2014 à 0 h 37 min

      Pour TaParole, c’est en effet un bel exemple de mixité intergénérationnelle, et de programmes qui concilient souvent la tradition et la découverte. Et l’espace « jardin » avec les buvettes qui jouxte la salle est parfait, les enfants peuvent sortir s’ils s’ennuient, sans déranger les spectateurs. C’est sans doute le meilleur agencement pour que tous les spectateurs de tous les âges puissent profiter de ces belles soirées.

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