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Sarah Olivier : Java tout vous raconter…

Sarah Olivier (photos Sophie Libermann )

Sarah Olivier (photos Sophie Libermann)

Sarah Olivier, 26 novembre 2014, La Java, à Paris,

 

N’ayons pas peur des mots : longtemps attendu, Pink Galina, l’album de Sarah Olivier, à la poésie excentrique terriblement attachante, est tout simplement une vraie réussite. Véritable diva polymorphe délicieusement déjantée, elle réussit, sur scène et sur disque, le tour de force d’être partout en étant nulle part, sorte de mix improbable mais incandescent entre Edith Piaf sous acide et Nina Hagen sous Tranxène (ou l’inverse).

Si, si, c’est possible…  Iconoclaste,  le mot est faible, chers petits Enlecteurs, pour définir cette passionaria volcanique flamboyante et délurée à l’incroyable liberté de ton. Il faut dite qu’elle a de qui tenir, élevée qu’elle fut dans un entourage familial à l’ombre du mouvement « Panique », biberonnée aux belles folies lumineuses de Topor, Jodorowsky ou Arrabal, excusez du peu !

Classieuse et délurée tout à la fois, passant sans filet d’un blues du bayou à un sublime récitatif éthéré d’Hildegard Von Bingen, elle porte à bout de bras ses textes poignants à la poésie parfois fort crue. Entourée sur l’album d’une pléiade de musiciens d’exception (Brad Scott, Bab’X, Fantazio, Michel Schick,) elle se commet sur scène aux côtés des talentueux Joseph Doherty (guitare électrique et saxophone baryton, Elisabeth Keledjian, batterie et Stephen Harrison à la contrebasse, dandy punk à la bonhommie trompeuse…). Habitant littéralement un univers fantasque et chatoyant, mélange très cohérent de mélancolie sensuelle, de gouaille très parigote et de transe hypnotique, elle livre une chanson hallucinée et canaille, comme on parlerait d’un plat canaille dégusté au sein d’une chaleureuse petite gargote bien famée. Je me suis même laissé dire que l’on avait vu, lors de précédents concerts, s’égosiller tout en haut d’une (très) haute échelle, ou se rouler par terre enceinte quasiment jusque aux yeux…

Avec Nicolas Jules

Avec Nicolas Jules

Après un New Morning d’anthologie, elle investissait donc pour la dernière de ses trois dates la mythique et délicieuse salle de la Java, salle en sous-sol qui vit les débuts de Django Reinhardt, Gabin, Piaf ou Fréhel… Et quelle bonne surprise, c’est le fantasque Nicolas Jules qui ouvrait ce soir le bal, Nicolas Jules l’irrésistible prince sans rire, l’impassible Brummell déjanté, le Buster qui tonne chantant, celui-là même à qui Mick Jagger en personne dédia jadis un titre des Stones. Mais, si, souvenez-vous, N.J, NJ…

Quoi qu’il en soit, et pour reprendre un extrait de son album, la soirée était vraiment douce comme la queue du Diable au sortir du bain, le tout coloré de savoureuses parties de trompette bouchée jouée à la bouche, et sans trompette, bien sûr. Bouchées, fort heureusement, nos esgourdes ravies ne l’était point…

Et la diva vint, vêtue comme seule elle peut se le permettre d’un spencer en cuir noir aux époustouflantes et improbables manches-gigot de dentelle, et d’une micro-jupe du même métal, toutes jambes à l’air, le restant s’ornant résolument d’un réseau osé de résilientes résilles… Sa crinière léonine, passée de rousse à blonde, flamboie toujours au dessus d’immenses paupières-paillettes des plus pimpantes. A strass is born, Sarah Olivier est dans la place ! A ses côtés, l’inamovible et irremplaçable Stephen Harrison, imperturbable dans son costume suranné de mafioso mafflu precioso, maltraite avec entrain sa virevoltante contrebasse de contrebande sur des rythmes endiablés à la chaleur tropicale, twist utopique en quelque sorte… Les lignes mélodiques spasmodiques du sax baryton barytonnent à qui mieux mieux sur les mots-crinolines de cette en-chanteresse, liane féline à la voix rauque’n'roll, évoquant, et c’est un compliment, un Boris Vian au féminin sous acide. 

Un peu le genre, et ce n’est pas une image, à pousser la goualante hiératique tout en tapant sur une cloche à vache affublée d’une paire de gants de boxe… Crochet du droit, esquisse, uppercut, Sarah Olivier, c’est la chanson qui percute !

Quant à la fameuse jupe dite « aux petits oiseaux lumineux », nous vous laisserons, chers Enlecteurs, le soin de la découvrir par vous-même lors d’un futur concert.

Car demain est un autre jour…

 

Le site de Sarah Olivier, c’est ici.

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10 Réponses à Sarah Olivier : Java tout vous raconter…

  1. Norbert Gabriel 29 novembre 2014 à 12 h 11 min

    Avant la Java, nous nous esbaudîmes aux Trois Baudets sur cette extra diva comme il y en a tellement peu , elle est unique…
    Ce que NosEnchanteurs a écrit:
    http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2013/06/13/sarah-olivier-lextra-diva/

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  2. Danièle Sala 29 novembre 2014 à 14 h 59 min

    Article flamboyant pour une diva uppercutante, juste un petit bémol, le roux lui allait si bien !

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  3. Norbert Gabriel 29 novembre 2014 à 15 h 23 min

    Qui sera prem’s à découvrir une citation de N.J. dans la prose engelienne ? à gagner deux entrées gratuites au Connétable pour le spectacle du 12 décembre… qui est presque complet ..

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  4. catherine Laugier 29 novembre 2014 à 15 h 42 min

    Extra, je ne la raterai pas si elle passe par chez moi ! Elle accompagne aussi Nicolas Jules et toute une équipe de déjantés dans la dernière version du Bobby Lapointe repiqué, à la suite de l’également exceptionnelle Evelyne Gallet, demain 30 novembre à la Scène du Canal (version jeunesse, Bobby Lapointe au piquet)

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  5. André Drouet 30 novembre 2014 à 11 h 53 min

    Il me semble que le talentueux Stephen Harrison faisait parti de la bande irlando-anglaise The Sons of the Desert ?

    Quelqu’un peut-il répondre à cette existentielle question ?

    Merci, and keep the beat !

    A.D, dit Dd le malfrat.

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  6. Patrick Engel 2 décembre 2014 à 16 h 30 min

    Il vous semble fort bien, André. Et ce aux côtés de moult musiciens fort talentueux, dont un certain Bertrand Belin, à l’époque… Nos Enlecteurs sont formidables !

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  7. André Drouet 3 décembre 2014 à 22 h 05 min

    Merci Patrick.
    C’est ma mémoire des noms qui flanche…
    Mais j’ai gardé une excellente mémoire visuelle et de situation…
    Et j’ai tout de suite reconnu notre ami Stephen Harrison, même sans chapeau melon… Faut dire que je n’ai pas trop de mérite, même si cela date…. The Sons of The Desert, 1ère mouture débarqua en France en 1992 et je les ai produis en janvier 1993 avec notre petite « Association de Malfaiteurs » qui fêtait ces 5 bâtons de dynamite alterculturels au NEC à Saint-Etienne…
    Je suis heureux de les avoir fait découvrir au public Stéphanois. (Ainsi qu’aux Programmateurs de la Région qui aiment bien « découvrir » par le travail des petites associations, ceux qu’ils auraient découvert s’ils faisaient le leur !…). NDDD. A l’époque ce groupe m’avait donné une claque atmosphérique, tous excellentissimes.. ET Monsieur Harrison non content de peloter la Grand-mère, la faisait danser, lui montait dessus et même jonglait avec !….

    Je conseille tous les albums de Sons of The desert et en particulier le premier : « Cannibal Hood Carnival Hat »

    http://www.deezer.com/album/223173

    Ainsi va la vie des musiciens, on les retrouve à la croisée de multiples chemins….

    A.D, dit Dd le malfrat.

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  8. catherine Laugier 4 décembre 2014 à 21 h 48 min

    « douce comme la queue du Diable au sortir du bain » c’est NJ bien sûr Norbert! Mais si personne ne l’a cité, donnez les places à quelqu’un d’autre, je suis loin de Paris !

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