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Détours de Chant 2015. Jérémie Bossone enfin prêt pour l’envol !

Jeudi 29 janvier (en duo avec Daniel Jéa) et Vendredi 30 janvier, Jérémie Bossone, chant, guitare électrique, harmonica, Daniel Jéa, guitare électrique, Benjamin Bossone, clavier, théâtre du Grand Rond, Toulouse,

Jérémie Bossone ©Vincent Capraro

Jérémie Bossone ©Vincent Capraro

Il fallait l’avoir entendu souvent seul, depuis au moins sept ans, avec sa guitare acoustique, comme au printemps dernier sur la scène de musiques actuelles d’Art’cade en Ariège ; il fallait être là cette semaine aux apéros concerts du Grand Rond deux soirs de suite pour s’interroger sur ce qui peut restreindre l’élan d’un artiste tel que Jérémie Bossone. Son nouvel album Gloires sort enfin en février après des mois d’attente, quitte à être enfin distribué quand ces chansons là perdent sûrement de leur pertinence aux yeux de l’artiste lui-même. Car auteur, il l’est, Jérémie, compositeur aussi. Et nous le devinons impatient d’ouvrir une nouvelle page du livre.

Mais pourquoi donc, amis de Détours de Chant, pourquoi donc lui avoir offert seulement cet espace de découvertes et d’expérimentation (précieux, au demeurant, pour les chanteurs locaux surtout) qu’est la formule « apéro concert » du Grand Rond ? Heureusement, exception a été faite : Jérémie Bossone et ses musiciens ont été reçus sur la scène du théâtre et non dans le bar. Sans avoir pu approfondir la question, on a bien compris que la sonorisation y a souffert de quelques réglages à la va vite et l’inquiétude des musiciens était bien légitime.

Surtout, surtout, précisons que l’entrée est libre, que des tirelires attendent à la sortie pour recueillir l’obole du spectateur que l’on espère conscient de ce que représente son geste. Hélas, conscient et responsable, le spectateur l’est si peu ! L’expérience le démontre, quel que soit le spectacle. Il aurait été pour le moins respectueux de prévoir une billetterie.

Et le concert me direz-vous ? A lui seul Jérémie Bossone prolonge nos questionnements sur la place de la chanson dans les musiques actuelles.

En duo d’abord, il a eu du mal à donner toute sa mesure, malgré le soutien de Daniel Jéa, à deux mètres dernière lui. Il manquait d’espace au sens strict de l’expression. On le sentait comme embarrassé dans un costume trop petit pour lui. Mais on a pu aussi apprécier une version plus feutrée, plus intériorisée de La tombe. Certes très vite, Jérémie a retrouvé sa puissance, ses sauts de rocker, cette énergie qui bouscule et bouleverse, s’offrant et nous offrant même, le format épique de sa chanson, le Cargo Noir, point d’orgue de son set et de son album. Nous en serons privés le lendemain, le trio ayant distribué autrement les chansons du set, ce qui nous donne une raison de plus de regretter la formule offerte à cet artiste qui a dû « débarrasser » sans retard le plateau au bout d’une heure.

Mais quel bonheur ce trio ! Disons tout net que Jérémie trouve là une formule rêvée, plus ample, une formule qui prolonge l’état de grâce, les couleurs, le relief de l’album enregistré par Ian Caple. Avec Daniel Jéa, le fidèle, le discret, et son frère au clavier, le mot partage prend tout son sens et les chansons en sont magnifiées. D’emblée en entrant en scène, Jérémie avait gagné en confiance, en aisance, il prenait enfin son envol ! Quelques moments ont marqué l’osmose entre les musiciens et le public et leur valurent des applaudissements et des bravos nourris : Erotique ainsi que la reprise de Göttingen. Ce n’est que justice !

Mais que diable, que la chanson comme celle de Jérémie Bossone, comme celle de Manu Galure – pensons aussi à Dimoné, à Nevche pour ne citer qu’eux – trouve enfin la place qui lui est due dans les musiques actuelles, dans leurs salles, auprès de leur public !

 

Le site de Jérémie Bossone, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« Rien à dire », clip court 2015 Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à Détours de Chant 2015. Jérémie Bossone enfin prêt pour l’envol !

  1. Norbert Gabriel 31 janvier 2015 à 15 h 29 min

    Depuis toujours le brave spectateur qui va complimenter l’artiste après le spectacle, surtout s’il a été réussi, assortit son petit compliment de la phrase qui tue,  » et à part ça qu’est-ce que vous faîtes? »
    Depuis que « la musique » est en consommation gratuite, le brave spectateur de base veut bien payer 15 ou 20 € pour les verres de bières (en plastique, le « verre ») et s’il est bien disposé, laisser quelques pièces dans le chapeau ou ce qui en tient lieu… Ce qui me donne une idée, la prochaine fois que je passerai le « chapeau » pour quelqu’un, j’ai bien envie de remplacer le chapeau par un filet à larges mailles… si vous voyez…
    Bien évidemment tout ça ne concerne pas, enfin j’espère, le PHQ* amateur averti de CFQ**, dont on murmure qu’il serait ce public plutôt en phase senior que junior…

    *Public de Haute Qualité (sans l’indispensable adjecif, on pourrait se méprendre…)
    ** Chanson Française de Qualité

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  2. Danièle Sala 31 janvier 2015 à 17 h 09 min

    Faut dire que le public qui se déplace pour aller voir La Chanson Française de Qualité est souvent aussi fauché que les chanteurs qui sont sur scène , quel que soit leur âge ! N’empêche que je préfère 6 Bossonne , Gaillard, Galure, ou autre, à 20 euros, qu’un seul Johnny à 120 , voire 150 .

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  3. Patrick Engel 31 janvier 2015 à 18 h 05 min

    Tant que le PQ sus-cité n’est pas au bout du rouleau, tout va bien… Quant au filet à large maille, je saurais m’en souvenir, bravo !

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  4. catherine Laugier 31 janvier 2015 à 19 h 24 min

    Oui, assez de devoir faire ses preuves à chaque fois ! Un concert gratuit, ce ne devrait exister que pour récolter de l’argent pour une cause ! Payez les artistes de qualité, ce sont ceux qui donnent un sens à la vie. Et une scène digne de ce nom, quand on pense aux nombreux chanteurs qui doivent encore même à plus de quarante ans faire des concours et des reprises (pas des transpositions, non, de la copie) pour survivre !
    Entre parenthèses, pour quelqu’un qui n’a rien à dire, il a plus à nous apprendre que ceux qui commentent à tort et à travers sur certains réseaux sociaux. Un grand poète, un grand musicien, un sens aigu de la vie, de ses passions, de ses sentiments, l’ambition de ces poèmes musicaux (quel manque que l’absence du Cargo noir !), et l’universalité de la La Tombe qui devrait être un hymne national à même de nous faire réfléchir au vrai sens de la vie dans ces périodes de bruit et de fureur…

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  5. Christiane Delacourte 9 février 2015 à 16 h 12 min

    Effectivement lors du récent cabaret-découverte de l’asso Di Dou Da à Arras, Jérémie Bossone en trio a pris un superbe envol, et les presque 90 spectateurs ont été touchés en plein coeur, même ceux à qui le mot « musiques actuelles » fait un peu peur !
    L’équilibre parfait entre la voix poignante et les instruments en osmose complète avec l’artiste a permis à tous d’être embarqués dans l’intensité des mots et du spectacle. Rien d’artificiel, une justesse parfaite dans le ton, jusque dans les sobres présentations des chansons. Vraiment une soirée inoubliable et forte!

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