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Katé-Mé, furtivement avec eux

Sylvain Girault, chanteur de Katé-Mé (photo photos d'archives Laetitia Rouxel, page facebook Sylain Girault)

Sylvain Girault, chanteur de Katé-Mé (photo photos d’archives Laetitia Rouxel, page facebook Sylain Girault)

Katé-Mé, 10 novembre 2011, Stéréolux à Nantes,

 

Interzone est un duo d’acoustique et d’électrique, mariage improbable entre oud et guitare, trad et moderne, somptueux dialogue entre un syrien (Khaled AlJaramani, par ailleurs membre du groupe Bal Assalam) et un français (Serge Teyssot-Gay, l’ancien guitariste de Noir Désir). Teyssot-Gay fait de sa guitare électrique une guitare, certes, mais tout autant un violon ou un violoncelle, qu’il frotte de son archet. C’est calme et envolé à la fois, mais reposé, profond et puissant, comme une réconciliation, une promesse de paix universelle entre l’Orient et l’Occident. Parfois AlJaramani pousse la chanson qui se fond aux oscillations de la musique. C’est respectueux, presque fabuleux. Grand calme dans la salle, belle écoute, si ce n’est quelques imbibés au bar que Teyssot-Gay interpelle sèchement. Un délice, vraiment, que cette première partie.

13557943_10209574809304932_5857951183600967150_nRetour, pour quelques concerts seulement, de Katé-Mé (« avec moi » en langue gallo), le groupe rock-folk breton animé par Sylvain Girault (le Sylvain Giro, régional de l’étape, qui désormais mène carrière solo et que les lecteurs de NosEnchanteurs connaissent bien), après huit ans de sommeil, que les six musiciens réveillent pour nous d’un bien beau baiser. Groupe trad à l’évidence, dans la (re)formulation musicale, dans l’appel à la danse (tiens, personne ne danse d’ailleurs, dommage), dans les thèmes archi labourés de la tradition, même ce prisonnier, cette jeune geolière… Et le message. Par eux non fardé par de belles histoires, sentimentales ou tragiques, mais direct, sans ambages. Et c’est pour ça que Katé-Mé s’est reformé : pour dire, dénoncer. Car « il faut dire la vérité / ou bien jamais s’en mêler », lance Girault à propos de Notre-Dame des Landes. Mais c’est aussi valable pour tout le reste. A croire qu’en huit ans rien ne s’est vraiment passé, les sujets sont les mêmes, identiques chansons, désespérante République qui, sous son triptyque hypocrite, en oublie la liberté, l’égalité, la fraternité. Les sans-abri couchent dehors, rue de la République. Toutes pareilles. Sauf une, inédite, toute fraîche (en vidéo ci-dessous), écrite le lendemain d’un fatal 13 novembre, à l’origine ne faisant pas nécessairement référence au Bataclan, mais… C’est La rue des lilas : « Ce soir je meurs sous vos bombes / Pourtant je n’ai rien fait pour ça / Je ne suis qu’un simple flâneur dans la ville / Sur le trottoir de la rue des lilas ». Solennité, force d’interprétation… oui, cette seule chanson méritait résurrection de Katé-Mé.

Sur la scène nantaise (photo Anne-Laure)

Sur la scène nantaise (photo Anne-Laure)

Bombarde et biniou frèrent avec batterie, guitare et basse dans ces fac-similés de trad’. Même en un pot-pourri où ces chansons éternelles (A la claire-fontaine, Le pont de Nantes, Les prisons de Nantes, etc) se croisent et toujours nous enchantent. Même et surtout, comme tout groupe trad qui se respecte, Katé-Mé termine par une chanson à boire avant que tous se rejoignent en fond de salle, au bar : « Buvons, buvons à pleins verres / Le Muscadet des compagnons / L’eau c’est bon pour les poissons ».

Chanter pour dire, pour gueuler, les chanteurs ne le font plus assez. C’est vrai que quand ils le font, ils sont condamnés au silence médiatique, à des audiences restreintes, peau de zob et de chagrin. En ces temps qui trump énormément, de médias et de politiciens qui presque tous trahissent et dévoient nos indignations (« Je suis le dépouilleur de tous vos oripeaux / Je vous dépouille, braves gens, de toutes vos colères »), il est temps que la chanson reprenne ses droits. Et ses devoirs. C’est ce que fait Katé-Mé. Que nos six amis le fassent plus longtemps encore qu’un simple retour sans suite. Même si l’on vous dit que la chanson engagée n’existe plus – ce qui est faux -, faites-la vivre plus que jamais.

 

Le site d’Interzone, c’est ici http://sergeteyssot-gay.fr/bands/interzone/ ; la page Wikipédia sur Katé-Mé, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Sylvain Giro, c’est ici.

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Une réponse à Katé-Mé, furtivement avec eux

  1. Catherine Laugier 12 novembre 2016 à 20 h 31 min

    Ils donnent la chair de poule, mais cela ne m’étonne pas, ayant déjà ressenti déjà l’émotion qui émane de tout ce que font Sylvain Giro et les musiciens avec qui il collabore ( Vu dans Le lac d’Eugénie).
    Et vu leur implication dans la vie de tous les jours !

    Répondre

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