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Gérald Genty : retour sur un record du monde homologué Guiness-book

Le Guiness-book qui atteste le Record du monde de Gérard Genty (DR)

Le Guiness-book qui atteste le Record du monde de Gérard Genty (DR)

par Gérald Genty,

 

Le livre Guiness des records, quand j’étais ado, c’était Robert Wadlow, 2 m 72 ou le plus gros tour de biceps du monde, Schwarzeneg- ger, 55 cm, ou encore Jeanne Calment, mais il n’était pas question de musique, de chanson.

La première fois que j’ai entendu un record en rapport avec la musique, c’était Gonzales : il avait fait le concert le plus long, plus de 27 heures de live. Je ne sais plus si je m’étais dit que c’était complètement dingo ou malin mais, en compétiteur averti, j’avais gardé cette info dans un p’tit coin de ma tête jusqu’à un soir d’après concert, en Belgique, à Braine-le-Comte. Constatant que faire plus de 1 000 km pour une heure trente de concert, c’était sympa, mais, comment dire…. trop « light », l’idée a ressurgi.

Et pourquoi pas faire plusieurs concerts dans la même soirée ? Et pourquoi pas une bonne dizaine ?? Eh, eh, tiens ?! N’y aurait-il pas un genre de record à tenter ??? Le lendemain, j’étais sur le net à glaner des infos sur un éventuel challenge.

Le record du plus grand nombre de concert en douze heures était détenu par des Allemands, un groupe : Weltrekorder (les recordmen du monde en allemand). Ils avait l’air entraînés, motivés, endurant, durs au mal… Ils avaient fait 35 concerts en 12 h.

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(photo Hugues Timmermans)

Ça ne m’a pas parut infaisable. Il m’a même semblé qu’un paquet de choses étaient sans doute plus difficiles, à commencer par courir un Iron Man, ou bien garder des enfants en bas âge (disons trois), 24 h/24 pendant une quinzaine de jours dont l’un (le plus jeune tant qu’on y est) aurait une gastro…

Pour moi qui avait fait 200 concerts en short d’athlétisme (je cherchais une tenue non prise par les aut’chanteurs), qui avait fait mon premier clip en courant sur une piste de 400 m, dont la pochette du premier album me représentait avec un bonnet de bain sur la tête, j’avais l’impression de pouvoir réunir deux mondes réputés plutôt étanches (à part pour Noah) : la musique et le sport.

On en a parlé avec mes producteurs belges. Bruxelles semblait être un genre de ville idéale pour ce genre de record, avec une belle capillarité de petits lieux où se produire. Le règlement était strict : il fallait jouer au moins cinq chansons éditées de deux minutes minimum dans un lieu habituel de concert avec une sono et une billetterie (dix personnes minimum dans le public) et que tout soit filmé avec un certain nombre d’observateurs mandatés.

Pour battre l’ancien record, il fallait donc se produire dans au moins trente-six lieux astucieusement répartis, si possible…

Pour la set-list, j’avais prévu une dizaine de titres avec des tempi accélérés pour que chaque chanson se situe autour de la double minute. Je n’avais finalement qu’une angoisse : l’extinction de voix . Elle est l’équivalent du claquage des ischios jambiers pour le marathonien.

Sept jours avant le record, mes enfants ont commencé à me tousser dessus (je voyais les postillons énormes tels des missiles antiballistiques me bombarder les amygdales…). Cinq jours avant, j’ai débuté mes premiers raclements de gorges, trois jours avant, je suis allé chez mon médecin traitant qui m’a presque ri au nez et prescrit au nez des trucs pour le déboucher… la veille, je n’avais plus de 40 % de voix (pour les statisticiens), un peu moins d’une octave (pour les puristes)…

(photo Eric Danhier RTBF)

(photo Eric Danhier RTBF)

Ce handicap a fait basculer définitivement le record sur le versant performance sportive. Pour l’artistique, ça allait être délicat voire… pénible…

On avait deux petites voitures électriques, j’étais filmé donc de A à Z. L’idée était de pouvoir faire un montage sono en une minute et être capable de rejoindre le prochain lieu en huit minutes maxi.

Je trouvais l’aspect sportif assez facile à maîtriser : un ensemble de manipulations à faire vite, être précis, tenir sur la durée, boire, manger rapidement, un genre de raid, mais pas dans une forêt, non : dans une grande ville, de salle en salle.

Le plus délicat, c’était d’arriver sur un lieu, de proposer un spectacle et finalement d’aller un peu à l’encontre de ce qu’est l’essence d’un spectacle, à savoir une rencontre où le chronomètre est banni, où les « choses » évoluent en fonction de la réception de ces mêmes « choses », cette part d’imprévu que l’on guette du public et et qui participe de la magie d’un concert. Il fallait au contraire se mettre en mode « robot », enchaîner, sans sortir d’un cadre, le chrono fixé à la guitare, tout c’qu’il faut éviter donc… Au fur et à mesure de la journée et de la répétition des chansons, les mots avaient tendance à se vider de leurs sens, l’incarnation était difficile. Le sens des paroles ne me revenait que lorsque je percevais l’effet de ces mots sur le public.

Ainsi, j’ai pu vérifier l’adage selon lequel l’énergie vient du public, le truc super bateau que je n’oserais jamais formuler, et pourtant… dans ma setlist, j’avais vraiment des titres qui s’usaient moins que d’autres, qui me donnaient de l’élan…

J’ai aimé faire cette performance car elle avait un côté absurde, enchaîner en quelque sorte une quasi-intermittence en 12 h.
 
Ce 19 août 2015, j’ai donc battu les Allemands en réalisant, de midi à minuit, 37 concerts. Sur la fin du record, j’ai pu me produire devant 3000 festivaliers puisque le Bruxelles Summer Festival m’a offert la scène aux environs de 23 h. Je suis monté sur la scène saoûl de fatigue mais euphorique, sans la moindre appréhension.

Au lendemain du record, il y a eu un écho médiatique, c’est passé sur M6 aux infos et sur pas mal de chaînes sur la planète. Au final, j’ai eu plus de retours pour ce record que pour une sortie d’album.

Pendant plus d’un an, j’ai attendu l’homologation officielle du record. J’ai même cru à une réclamation des Weltrekorders, je me suis dit que ça n’allait pas se faire, puis, en septembre, j’ai reçu par la poste un pli du Royaume-Uni. J’avais battu deux records : le nombre de concerts et la durée d’homologation (à décharge pour les « homologueurs », il a fallut regarder 12 h de Gérald Genty en mode robot, c’est moins palpitant qu’un bon Colombo…)

(photo DR)

(photo DR)

Aujourd’hui, je mesure 1 m 83, j’ai un biceps droit un peu plus gros que le gauche mais pas non plus Sylvesterstalonique et j’ai 42 ans et d’mi. Je vais sortir mon cinquième album dans deux mois, 38 chansons en un disque. Noyé que je suis dans la masse des autres chanteurs (et il y en a tellement des bons !), il y a maintenant un drôle de quelque chose qui me fait émerger, un genre de p’tite île déserte où personne n’a posé le pied (ou même pensé à y aller) : je suis devenu recordman du monde d’un truc, officially Amazing comme ils disent dans le Guiness book…

 

 

Le site de Gérald Genty, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Gérald Genty : retour sur un record du monde homologué Guiness-book

  1. Popp 21 février 2017 à 16 h 18 min

    Hum, c’est gentil ! (je n’ai pas pu m’en empêcher, désolé)

    Répondre
  2. André ROBERT 21 février 2017 à 19 h 21 min

    Le Guiness mentionne -t-il le temps effectif passé à chanter ?
    37 concerts de 5 chansons, cela en représente 185.
    2 minutes par chanson, soit 370 minutes, nous donneraient 6h10 de chant. Comme il est probable que chaque chanson durait plus de 2 minutes il est plus juste de tabler sur 7 heures voire un peu plus.
    A défaut d’une performance artistique (encore que…?) c’est, à coup sûr, une performance physique.

    Répondre

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