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Benoît Dorémus trio : rien ne vaut la vie

Benoit Dorémus au Petit Duc (photos Frédéric Arène)

Benoit Dorémus au Petit Duc (photos Frédéric Arène)

« En Tachycardie », 1er avril, Le petit-Duc à Aix-en-Provence,

 

Même s’il n’en a plus l’âge, Benoît Dorémus a le physique idéal du jeune étudiant. C’est le frère qu’on aimerait avoir, le fils, ou le petit ami suivant ce que l’on est. Comme il est artiste, qu’il chante et joue de la guitare, il est auréolé d’un immédiat pouvoir de séduction.

Vous êtes dans l’erreur, il s’acharne à nous prouver le contraire depuis plus de dix ans, à nous persuader qu’[il] a la loose. Vous rêviez d’être la compagne d’un artiste, sûre qu’il allait vous emmener au ciel  avec sa poésie, son talent, son idéalisme et sa musique ? Vous vous trompez, les chanteurs ne sont que des Bêtes à chagrin, « Il dira ton narcisse / Qu’il est nul / En pensant le contraire » Quant à lui, à trente-cinq ans, il cherche toujours la femme de [sa] vie, Laura cette petite caillera le quitte, sa copine ne vient pas au rendez-vous « Je sens que je vais faire / Ma première ride / Si elle arrive pas / Si elle veut plus de moi » et ses parents oublient de le chercher quand il fugue. De toutes façons, comment l’écouter : « Mon style, pour pas qu’on me le fauche / J’écris faux, Je chante de la main gauche ! »

DOREMUS Trio Petit DucSauf que malgré ce qu’il en dit, son style est tout sauf faux. Son art poétique n’est pas celui des épopées mythologiques, non. C’est un sensibilité à lui même ou aux autres, hyper développée, attentive à chaque petit détail, alliée à une aisance textuelle peu ordinaire, qui transforme une histoire à priori banale en un morceau lyrique de premier choix. Tout l’art de l’écrivain en somme, le choix du mot juste, l’art du néologisme « Je peux avec mes dorémuscles / Herculéens / Soulever un train » ( Moi j’viens du cirque, figurant dans son premier disque auto produit et artisanal, de 2004, et chanté en quatrième rappel suite à une demande du public !). Aussi les alliances insolites, les oxymores et les jeux de mots « Ok je fous la paix aux essuie cigares, à l’allume glaces / Marque ton stop que j’t'embrasse ».

A l’inverse du spectacle d’Avignon, au lendemain des attentats de Nice,  l’ambiance est bon enfant, et  les musiciens Cyril Montreau à la guitare et au clavier, et Julien Deguines aux claviers et instruments électroniques sont présents pour soutenir  la guitare de Dorémus avec brio. L’artiste, arrivé deux jour plus tôt, a pu bénéficier, outre d’un accueil chaleureux et ensoleillé, de l’attention des étudiants de la Faculté de Lettres qui ont étudié ses textes au même titre que ceux de Flaubert ou Balzac : nul doute que certains ont pu analyser tant le style que la psychologie de l’artiste, étudier sa perception du mal de vivre dans nos sociétés modernes, les relations entre les sexes et l’absurdité du monde du travail. Quitte à découvrir des choses que l’auteur lui-même ne savait pas avoir mises.
Il est tout autant réjoui par l’accueil d’une classe de cours moyen, qui, à l’instigation de son instituteur Jean Rémy Barland, également journaliste culturel à La Provence, a monté un véritable spectacle autour de ses chansons.

DOREMUS Frédéric ArèneBenoît Dorémus est ainsi dans les meilleures dispositions, en milieu de concert, pour nous conter une histoire de sa vie bâtie sur cinq chansons de ses quatre albums de 2004 à 2016, fondue en une unique fresque musicale. Quelle idée extraordinaire de faire de sa vie une chanson à suivre ! Véritable mise en abyme du métier et du sentiment de l’artiste proposée ce soir là, depuis J’apprends le métier « J’ai franchement pas dans l’idée (…) de me retrouver à faire comme le padre un métier que je peux pas encadrer! », L’enfer «Ma mère pourrait pas me reconnaître / Je ressemble à moi-même dans vingt ans », De l’autre côté de l’ordi « Je fais des rencontres irracontables/ Je connais des bleds introuvables / Ô Capitaine, mon Capitaine ! / Je sillonne des France par centaines » en passant par la rencontre avec Renaud, et jusqu’à Dernièrement :  « Voilà les nouvelles / Quelques vains efforts / Quelques victoires sur moi même  / Je secoue la tête et tout recommence alors / Avec mes défauts avec mes défaites / J’avance / Je crois ». Voix douce ou prenante, presque rappée par moment, et grande intensité dramatique. Le public ne s’y est pas trompé qui lui a fait une véritable ovation, appréciant aussi les notes de légèreté qui parsèment le concert, en humour (Lire aux chiottes), en tendresse (Ton petit adultère) ou en autodérision (Brassens en pleine poire), la générosité d’un spectacle de plus de vingt chansons. Et reprenant avec ferveur La vie ne vaut rien de Souchon.


Le site de Benoît Dorémus, c’est ici
; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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