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Lamomali, le Kora-corps de -M-

lamomali-_cover_albumMesure-t-on suffisamment combien -M- est un artiste essentiel de la scène française ? Réjouissons- nous d’ailleurs que talent et notoriété aillent (pour une fois ?) de pair. L’homme est reconnu par ses pairs (il a de nombreuses Victoires de la Musique dans sa besace et on ne compte plus ses glorieuses collaborations avec tout le gratin du show-biz) et le grand public l’accompagne dans sa folie depuis son deuxième album Je dis Aime. Il a réussi l’exploit de créer un personnage unique dans la chanson française, peu friande d’habitude de ce genre de happening. A l’instar du Ziggy Stardust pour David Bowie, son double aux cheveux dressés en M lui a permis d’imposer une image forte, immédiatement identifiable, synonyme de prestations endiablées, de délires visuels et de shows guitaristiques virtuoses. Le tout au service de chansons aux rythmes imparables, dont le message à la candeur assumée fait tant de bien dans notre époque cynique.

-M- est un outre un bel artiste partageur. Aussi, après l’album et la tournée familiale qui lui aura permis de chanter en compagnie de son père, de son frère et de sa soeur, le voici qui se lance dans un projet singulier, fruit de l’amitié qui le lie depuis une dizaine d’années avec Toumani Diabaté, maître malien de la kora. Saluons d’autant plus l’initiative que la world-music n’est plus guère en vogue de nos jours.

Lamomali est un disque ambitieux puisqu’il entend marier la pop avec la musique traditionnelle du Mali. Pour ce faire, -M- s’est entouré principalement de son ami précité, auquel le premier titre de l’album Manitoumani rend hommage (J’entends dans ta kora / Parfois même ta colère / J’entends dans ta kora / Ton cœur qui bat mon frère), du fils de celui-ci Sidiki Diabaté et de la chanteuse Fatoumata Diawara, présente sur cinq morceaux. Pour le reste, ça se bouscule au portillon puisqu’apparaissent aussi bien Oxmo Puccino, Louis Chedid ou Jaïn qu’Amadou et Mariam ou Ibrahim Maalouf… Le clou de ces participations étant le titre symbolique Solidarité, interprété par des représentants de chaque continent : de l’américaine Santigold à la chinoise Chacha, en passant par le brésilien Seu Jorge ou la libanaise Hiba Tawaji…

Pari risqué, pari gagné. Célébrant le métissage (la magnifique photo de JR qui illustre la pochette est à cet égard emblématique et est appelée à devenir iconique), Lamomali est à la fois un disque de -M-, avec ses chansons pop idéales pour se remuer (en particulier Bal de Bamako, faite pour enflammer les scènes, et L‘âme au Mali) et un album plus reposé, laissant l’Afrique s’emparer de nous en douceur, tombés sous le charme des morceaux chantés en malien et des sons de là-bas. En ces temps nuageux où l’Afrique n’est plus envisagée par l’Occident que comme un réservoir de clandestins à combattre, qu’il est bon de voir les artistes reconstruire les passerelles que d’aucuns s’efforcent de détruire. La phrase mise en exergue sur la pochette, signée de la grand-mère Andrée Chedid, n’est-elle pas « Toi, qui que tu sois, je suis bien plus proche qu’étranger » ?

Le reproche majeur que l’on pourrait formuler : 38 minutes pour onze morceaux, cela file trop vite ! On aurait volontiers repris du rab, en particulier pour certaines chansons finissant de manière un peu abrupte. Mais la scène permettra évidemment de remédier à cela et on peut être assuré que l’artiste fera honneur à ses paroles  : « Honni soit qui mal y pense / Qu’importe la couleur de ta peau / Béni soit qui au Mali danse / Au son des bals de Bamako ».

Ma chair devint esprit et mon âme tam-tam, chantait Nougaro à bord de sa Locomotive d’or. Convenons que -M- y a rajouté un wagon.

 

-M-, Lanomali, 2017. Le site de -M- c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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