CMS

Hallyday : l’émotion plus forte que le fisc ?

13889003Johnny Hallyday vient de quitter la scène de sa vie. Pas de la nôtre. J’ai même dans l’idée qu’il risque de l’occuper longtemps encore. Que je sache, les archives télévisuelles sont surabondantes, les témoins sont nombreux (au besoin, il en naîtra de nouveaux), les compilations vont aller bon train, les inédits vont fleurir (on a tous en nous quelque chose d’inédit). Et l’industrie hollographique, après s’être essayé sur Mike Brant, Dalida, Sacha Distel, Cloclo et Jean-Luc Mélenchon, va trouver auprès de l’aqueu Johnny un formidable débouché. On peut même commercialiser la fameuse boîte à coucou qui, un temps, en fit le maître des guignols. Que nous aimions ou non Johnny, nous allons nous en bouffer durant long temps : le biznesse ne va pas lâcher de sitôt sa machine à cash.

Que l’on se tape du Johnny à longueur de télé, sur BFM et ses clones publics et privés, n’est pas important : il ne tient qu’à vous d’éteindre la télé : c’est vous qui télécommandez ou pas.

On aura, j’espère, l’intelligence de ne pas me taxer d’anti-Hallyday. Je suis, non le premier mais pas le dernier, à reconnaître la performance du monsieur qui, depuis près de soixante ans, a su surfer sur les modes, les lubies et rester en haut de l’affiche, tout en haut même. Certains le taxeraient d’opportuniste : moi je dis simplement qu’il a du talent.

Anti-Hallyday ? Non, j’ai quatre ou cinq disques de lui chez moi, et je l’ai vu en scène : assez épatant, dois-je le dire, mais avec beaucoup de moyens, ce qui aide à l’intérêt du show. J’ai de plus écrit sur lui nombre d’articles (parfois pas tendres, je le confesse, mais pas tous). J’ai même osé – avouez que c’est moins commun – un livre sur lui, qui n’est pas particulièrement un livre de reproches, mais d’approche.

Il est évident que Johnny Hallyday est un chanteur populaire. Si, vu son temps d’exposition dans les médias, il ne l’était pas, ce serait à désespérer. Il plait à la majorité d’entre nous, majorité à qui, soit-dit en passant, on ne propose guère d’alternative : je connais nombre d’artistes tous aussi talentueux vers qui les médias ne se précipitent pas.

Hallyday est un grand chanteur populaire, je le concède sans mal. Cela en fait-il un héros ? Mérite-t-il une cérémonie nationale d’hommage, de celles destinées « aux personnes ayant eu un destin exceptionnel », d’un Jean Moulin, d’une Simone Veil ? Non, je ne le pense pas, je ne le souhaite pas.

On sait qu’il y a huit ans, lors d’un précédent état de santé qui amena déjà Johnny à trois pas du trépas, l’Elysée de Sarkozy avait mis au point des obsèques nationales : ce qui est bon pour le peuple est toujours bon pour ses dirigeants. Voici que Macron, pas plus avare de démagogie et d’idiotie que son prédécesseur à talonnettes, s’apprête à une cérémonie nationale, « un hommage populaire » dixit, ce samedi, pour accompagner Johnny à sa dernière demeure, en passant par les Champs-Elysées et la Concorde, avant une cérémonie en l’Eglise de la Madeleine. Aux frais de qui ? Ça, même De Gaulle ne l’a pas eu (il ne l’a pas voulu non plus), même Brassens, même… Flatté de l’hommage ainsi rendu à son idole, le bon peuple sera content. Et en (ordre de) marche.

Pardonnez-moi de voir en cette cérémonie un dégât collatéral. Celui d’encourager plus encore les petits malins très argentés à poursuivre leur partie de cache-cache avec le fisc : ce qui ne les empêchera nullement, bien au contraire, d’avoir le jour venu les honneurs de la Nation reconnaissante. Florent Pagny, autre et notoire exilé fiscal, a tout l’avenir pour lui.

 

On lira avantageusement notre article d’hier, extrait du livre « Johnny Hallyday, à la plume et au pinceau » de Jean-Marc Héran et Michel Kemper, disponible dès la fin de cette semaine dans toutes les bonnes crèmeries.

5 Réponses à Hallyday : l’émotion plus forte que le fisc ?

  1. Christian Camerlynck 7 décembre 2017 à 17 h 38 min

    Les Funérailles de Jean Ferrat ont été retransmises integralement Sur FR3 depuis Entraigues.

    Répondre
  2. Patrick Engel 7 décembre 2017 à 18 h 29 min

    Heureusement qu’il nous reste Sardou…

    Et comme le chante si bien l’ami Sarclo :
    « Hervé Vilard, Sylvie Vartan
    Ils sont toujours là, on attend
    Yves Duteil, Gérard Lenorman
    C’est pareil, ça prend un moment

    Une petite joie de temps à autre
    Tout peut pas venir en même temps
    On joue une partie après l’autre
    Et ça suffit pour être content… »

    Répondre
  3. Marie GUYOT 8 décembre 2017 à 0 h 59 min

    Cela fait vraiment du bien de lire un commentaire lucide…Enfin!

    Répondre
  4. Mingot 8 décembre 2017 à 11 h 08 min

    Toujours d’accord avec Michel, bien sûr… qui a l’art de la nuance en même temps que de la justesse abrupte. J’aimais le
    personnage, je ne sais pourquoi, même si je n’ai pas toujours apprécié ses chanson et ses shows monumentaux. Il faisait partie du paysage chansonnier de ma jeunesse, et puis un être vrai, pas bavard, à la difficile jeunesse sans affection paternelle. Il me touchait. Me sécurisait, comme un mur où l’on s’appuie. De là à approuver la mise en place d’un tel hommage… Mais nos dirigeants n’en sont pas à une flagornerie près. Adieu Johnny, avec toi s’en va quelque chose qui ne reviendra pas et que je ne parviens pas à définir, moi qui manie facilement les mots ! fanFan

    Répondre
  5. André ROBERT 8 décembre 2017 à 17 h 00 min

    Ne mélangeons pas tout !
    Johnny Hallyday n’a jamais eu le moindre problème avec le fisc.
    Depuis 40 ans c’est Jean Philippe Smet qui a été poursuivi et condamné à plusieurs reprises, pas plus tard qu’en février cette année !

    Répondre

Répondre à Marie GUYOT Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives