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Va où Ledent te mène, va

29101187_10213986327079665_1859704952083972096_nVoici déjà quelques années que Guillaume Ledent se partage, tel un sympa Docteur Jekyll et un Mister Hyde bienveillant. D’un côté, il chante pour les grands ses frais refrains, pop garantie bio, acidulée juste ce qu’il faut pour camoufler l’inquiétude de l’artiste devant le monde comme il va. De l’autre, avec son projet « Dérange ta chambre », il offre à nos chères têtes blondes, brunes et rousses des jolies chansons fraîches et délicates, à la légèreté dansante et jamais gratuites. Y’a pas de différence alors ? Ben non, pas trop !

Voici donc son nouveau disque, estampillé « Jeune public », intitulé Le mot dit. Un disque pour enfants, certes, mais qui les considère comme des futurs adultes. Si quelques chansons sont en effet plutôt connotées marmots (Ecureuil, Dimanche flanche, Meskeskon t’a fait…), bien d’autres ne dénoteraient pas dans un répertoire destiné aux anciens. Il y est en effet question de perfectionnisme maladif (Emilie parfaite), du monde métissé qui est la nôtre (Le 81), de la peur de vieillir et du diktat de la minceur (Maman s’affole) ou des expulsions des migrants (Malaïka)… Autant de sujets graves, traités avec légèreté, mais sans désinvolture. Et quand l’album s’achève sur le poignant Si c’était nous (« A l’écran j’ai vu les images / Si c’était nous maman / Et sur le Net t’as vu le naufrage / Si c’était nous, les gens »), ne cherchez aucune barrière entre parents et enfants : c’est bien la même angoisse, les mêmes craintes, que Guillaume Ledent exprime là, sans distinction.

Musicalement, l’album se joue également des frontières. Tout est soigné et réussi. Pas de musique sommaire balancée au synthé avec gimmicks rigolos, mais de belles orchestrations, aux accents africains ou orientaux parfois, des mélodies pop que ne renieraient pas Les Innocents, des chœurs, des instruments variés… Du miel pour toutes les oreilles.

Guillaume Ledent, pour petits et grands, plaisir à 100 %.

Guillaume Ledent, Le mot dit, Cod&S 2018. Le site de Guillaume Ledent, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

3 QUESTIONS A GUILLAUME LEDENT :

 

NOSENCHANTEURS : La frontière est floue dans ton répertoire entre les chansons enfants/adultes. Quand tu te lances dans l’écriture d’un titre, sais-tu d’emblée à qui tu t’adresses ? La démarche artistique est-elle différente ?

GUILLAUME LEDENT : Réponse de normand. Parfois j’écris en pensant d’emblée que ça sera pour les enfants, et parfois pas (les chansons plus « citoyennes », comme Si c’était nous ou Malaïka). Je fonctionne très à l’instinct et la spontanéité. J’écris et après, je vois !

Côté musique, je ne fais aucune différence. Je ne me censure jamais parce que je compose pour les enfants. D’ailleurs, comme au départ, j’ai souvent la musique qui vient avant le texte, je n’ai aucune idée si celle-ci servira pour des enfants ou pour des adultes.

Après les concerts à domicile, voici les concerts dans le jardin. Une tournée exclusive de Guillaume Ledent, cet été dans vos potagers.

Après les concerts à domicile, voici les concerts dans le jardin. Une tournée exclusive de Guillaume Ledent, cet été dans vos potagers.

N.E. : Musicalement justement, tes chansons renvoient aux univers de Voulzy, Peter Gabriel, -M- ou Mathieu Boogaerts. Tu es d’accord ?

G.L. : C’est vrai, j’aime beaucoup ces artistes. Voulzy et Gabriel pour le côté recherche sonore. Ce sont des maîtres en termes de production, à côté de leur génie mélodique. Je sais que certains voient Voulzy comme un rien sirupeux, surproduit, easy listening, mais pourtant, s’il y a bien un mec qui est difficile à reprendre, c’est lui! Bien plus simple de chanter du Souchon… Mathieu Chedid et Mathieu Boogaerts font eux aussi partie des artistes que j’admire. Je crois qu’on a en commun l’envie de créer des chansons pop accessibles et qui racontent quand même des choses un peu profondes sur un ton léger.

N.E. : Au niveau des paroles, j’ai trouvé deux clins d’oeil/réminiscences dans ton album. Le titre Maman s’affole me semble être une référence à Maman est folle de William Sheller, Et dans ce même morceau, il est question d’une « pommade rose pour cacher des choses », directement empruntée au On s’aime pas de Souchon.  C’est volontaire ?

G.L. : Non, ce n’est pas volontaire au départ. C’est conscient mais seulement après coup ! Je me suis bien sûr demandé si je gardais ces phrases. J’ai finalement décidé que oui. C’est donc un clin d’œil totalement assumé, vu que j’adore ces deux artistes. C’est du « sample textuel ».

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