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Oldelaf : la tristitude, vous voulez rire !

Oldelaf (photo d'archives Vincent Capraro)

Oldelaf (photo d’archives Vincent Capraro)

29 novembre 2018, Le Fil à Saint-Etienne,

 

Sans conteste, c’est en vedette de la chanson qui nous arrive là et déjà se la joue star, les jeux de lumières décomposant ses mouvements à dessein (animé). Avec un répertoire solide (quinze ans de scène et sept albums à son actif – les quatre premiers sous le nom de Oldelaf et Monsieur D – ça vous forge une personnalité) et des chansons qui toutes ou presque font mouche.

Oldelaf est un peu la synthèse (réussie) d’un Bénabar ou des frères Volo pour ses chroniques mi figues mi raison du quotidien, d’un Polo pour ses rêveries, sa poésie, et parfois des Fatals Picards pour ses sujets de société et la façon de les amener. Tout ça en un seul homme qui, deux heures durant, va donner tout ce que son public vient chercher : l’intégralité de ses deux derniers albums et quelques trésors plus anciens (Raoul mon pitbull, Bérénice…) de sa préhistoire à lui. Trésors ? Oui, Oldelaf est aussi chanteur qu’orpailleur : tout n’est pas pépite chez lui, mais ce qui l’est l’est vraiment : joyeusetés et joailleries, ça fait élégante parure.

Vous pouvez ne le connaître (ce serait dommage de ne se limiter qu’à ça) que par La tristitude, dont il nous livre ici une autre version que celle gravée sur disque et dans nos mémoires vives, tant c’est tentant d’en faire le réceptacle toujours renouvelé de nos affreux effrois : « La tristitude c’est jouer à la barbichette avec Cantat / C’est quand Igor apprend qu’il ressemble à Grichka […] C’est quand tu fêtes ta Bar Mitzvah en 43 […] C’est être le psychiatre de Francis Lalanne… »

SUISSA, PREMIÈRE PARTIE EN RÉUNION Faire la première partie est un rôle souvent ingrat. C’est aux premières notes, premières chansons, alors que vous vous êtes déjà présenté, que le public, alors massé au bar, arrive. Et ne sait rien de l’artiste en scène, pas même son blaze. Faut être fort alors pour se faire un nom entre l’écoute curieuse et l’indifférence polie. Car ce n’est pas vous qu’on vient entendre. A ce jeu-là, convenons que Suissa est excellent. Une guitare électrique et son musicien, Emery aux percus, et c’est comme tout un orchestre était devant nous pour une afro-pop qui fait agréable Réunion, bel échantillon de son art. Mais ce n’est que pour quelques chansons. Et c’est quand le public commence à entrer véritablement en complicité avec Suissa que l’artiste doit quitter la scène. Nous retrouverons Suissa dans quelques jours sur NosEnchanteurs, histoire d’aller bien plus loin par son nouvel album, Animal savant, ici à peine esquissé, déjà en bac (distribué par InouÏe Distribution). Un bien bel album inquiet mais plein d’espoir, opus « orienté vers demain, vers l’autre et la terre ».

SUISSA, PREMIÈRE PARTIE EN RÉUNION
Faire la première partie est un rôle souvent ingrat. C’est aux premières notes, premières chansons, alors que vous vous êtes déjà présenté, que le public, alors massé au bar, arrive. Et ne sait rien de l’artiste en scène, pas même son blaze. Faut être fort alors pour se faire un nom entre l’écoute curieuse et l’indifférence polie. Car ce n’est pas vous qu’on vient entendre. A ce jeu-là, convenons que Suissa est excellent. Une guitare électrique et son musicien, Emery aux percus, et c’est comme tout un orchestre était devant nous pour une afro-pop qui fait agréable Réunion, bel échantillon de son art. Mais ce n’est que pour quelques chansons. Et c’est quand le public commence à entrer véritablement en complicité avec Suissa que l’artiste doit quitter la scène. Nous retrouverons Suissa dans quelques jours sur NosEnchanteurs, histoire d’aller bien plus loin par son nouvel album, Animal savant, ici à peine esquissé, déjà en bac (distribué par L’autre distribution). Un bien bel album inquiet mais plein d’espoir, opus « orienté vers demain, vers l’autre et la terre ».

Si j’ai bien compris, avec Oldelaf, toutes les filles se prénomment Valérie (sauf Nathalie, jadis connue aux JMJ) et tous les gars Michel (ça, je ne peux qu’approuver). On se retrouve pour faire L’amour à l’hôtel Ibis entre 13 heures et 13 heures 10. Quitte à se contredire, Oldelaf a Le cœur fenouil : « J’ai le cœur fenouil / J’ai la mine gribouille / J’ai la vie bafouille / J’ai le lit bredouille… » et c’est sans doute une de ses plus belles chansons. Et plus on est nombreux plus on est seul : « Oh le monde est beau / Ils font partie du même réseau / Oh le monde est beau / Chaque jour on est plus nombreux / A être seul dans le même bateau ». Le rire chez lui est souvent jaune, comme un gilet. La bonne humeur lui est un postulat, antidote : ça fait passer la pilule. Derrière sa gouaille, ses clowneries, c’est la vie qui s’étale et se rétame, dont il faut changer le crépi : « Qu’est-ce qu’un jour il lui a pris / A l’inventeur du crépi / A-t-il vraiment eu le choix ? / Pour nous pondre un truc pareil / Une matière si moche et vieille / Qui fait mal et qui n’part pas ».

Ça vaut ce que ça vaut, mais Oldelaf a trouvé un fil, autre filon, pour nouer ses chansons, les introduire, avec qui plus est l’avantage de transformer plus encore ses cinq musiciens en acteurs de ce concert. Acteurs indisciplinés, grincheux ou orgueilleux qui se querellent, font le beau, font les comptes, se piquent d’importance et revendiquent. De fait, ce n’est pas, n’est plus, long alignement de chansons, mais, à sa manière une comédie qui se joue devant nous. Lourde parfois, facétieuse souvent. Et cette cohorte de chansons interprétées avec assurance, résolution, éclatante démonstration. Il faut dire qu’Oldelaf a face à lui un public totalement acquis, des jeunes en grand nombre mais pas que. Des qui connaissent ses titres par cœur, souvent depuis des lustres et en rient encore ; ça prédispose.

Oldelaf est artiste enviable qui, sans trop de concession à la facilité, au showbiz, draine un public fait majoritairement de jeunes. Un type qui apporte de belles pièces à la chanson. Si vous ne l’avez pas encore sur vos étagères de disques, comblez cet oubli. En attendant de l’applaudir en scène, où il excelle véritablement, où il crève l’écran.

 

Le site d’Oldelaf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

Le site de Suissa, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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