CMS

Taparole 2019 « On m’a donné Huissoud, pour aller au concert… »

Leïla Huissoud

Leïla Huissoud

Retrouver enfin le festival Taparole après une longue année sans édition, c’est retrouver, un peu, beaucoup, de ce qui fait la force et la beauté de ces petits combats quotidiens pour enchanter un peu ce monde qui en a parfois bien besoin.  Alors, pour cela et pour plus encore, merci et bravo à l’équipe du festival pour ces si beaux moments passés et à venir ! Après les années  » Parole errante », cette édition 2019 se déroule donc dans deux endroits distincts, le Forum Léo Ferré, chers à nos cœurs d’esthètes, et la Marbrerie, fantastique lieu montreuillois au passé ouvrier bien présent, tout de béton et de souvenirs mêlés. C’est au fantasque Charly Chanteur, par ailleurs comparse de l’épatante Léopoldine HH, que revient le redoutable honneur d’ouvrir le bal pour quelques titres décalés, devant un parterre de zozos bigarrés plus préoccupés d’accéder au bar que de tendre une oreille attentive… Avec son personnage lunaire et attachant façon Nicolas Jules, il reviendra ainsi ponctuer la soirée entre les sets, devant un public heureusement plus attentif les fois suivantes. Vous savez, chers Enlecteurs, toute la tendresse que nous avons ici pour Leila Huissoud, ce petit bout de femme comme soufflée d’une sarbacane à la fougue et à l’énergie incroyable. C’est en trio que nous la retrouvons sur scène ce soir (guitare, contrebasse, piano, batterie, oui, je sais, ça fait quatre, mais figurez-vous qu’un des musiciens passait allègrement d’un instrument à l’autre, si vous voulez tout savoir…)

Soviet Suprem

Soviet Suprem

Son premier titre nous cueille directement, avec une belle trouvaille scénique qui la voit chanter dos au public, tout en s’adressant à lui dans le reflet du miroir de loge qui lui sert à se préparer à entrer en piste. Mais un beau cliché vaut mieux qu’un long discours (voir ci-contre). Elle nous présente alors son Auguste bluffant de finesse, et tape juste, jouant à merveille le décalage entre son apparence de piaf mouillé(e) et une putain de présence sur les planches, fièrement campée, la guitare en sautoir et le sourire aux lèvres. Se présentant elle-même comme une adorable chianteuse, elle déploie vite, sous les atours d’une p’tite gueule à la fausse fragilité désarçonnante, tous les aspects d’un clown grinçant si émouvant de jeune maturité artistique… Et nous voici cueillis droit au plexus par un titre sur un deuil impossible, tango funèbre et mouvant introduit par un imparable solo de contrebasse slappée, une chanson caresse et coup de poing, chanson gonflée, chanson bienfaisante et nécessaire… S’ensuit une étonnante déclaration sur la nécessité de faire un enfant communiste, où l’art d’accommoder les règles du Je, suivie d’une imparable reprise du Cinéma de Nougaro, sur laquelle Leila Huissoud imprimera durablement l’écran noir de nos nuits blanches… Autre reprise mémorable ensuite que l’Infidèle, du regretté Patrick Font et son inoubliable «On m’ traite si souvent de salope /Que j’ai oublié mon prénom […] La liberté, la liberté /La liberté, la liberté /c’est tout ce qui me fait jouir ». Et, avec La Niaise, superbe titre s’il en est, voilà le temps de partir sans avoir personne où aller (quelle plume !), le temps encore de conclure ce concert en donnant la parole au Vendeur de paratonnerres, archétype du cocu magnifique dans l’œuvre de Tonton Georges.

Féloche

Féloche

La place et le temps nous manquent hélas pour vous narrer la suite de la soirée (allez au concert, merde !), sachez simplement que le bondissant Féloche nous entraina dans sa folie contagieuse, épaulé de ses deux extraordinaires musiciennes et danseuses. Et ça, c’était avant que les bolcheviks fanatiques du Suprem Soviet fassent tourner les soviets n’embrasent la scène et la salle, en un vibrant oukaze pour l’occase, appel sans concession à la révolution du beat et à l’émancipation prolétarienne. Et je vous prie de croire que, l’appel entendu, il y avait du monde aux Balkans. Bref, un joyeux foutoir mi prolo-mi pogo, qui nous laissa pantelants et échevelés aux petites heures du petit matin, en attendant que viennent, peut-être, le Grand Soir… Mais demain est un autre jour !

 

Festival TaParole, encore du 5 au 9 juin au Forum Léo-Ferré, à Ivry-sur-Seine. Le site du festival, c’est ici.

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Leïla Huissoud, c’est ici.

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Soviet Suprem, c’est là.

Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Féloche, c’est ici.

Leila Huissoud, « La farce »Image de prévisualisation YouTube

Soviet Suprem, « Couic couic »Image de prévisualisation YouTube

Féloche, « Darwin avait raison »Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives