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Nach ou panache ? Les deux assurément

Nach (photo non créditée)

Nach (photo non créditée)

Dans la famille Chédid, je demande la fille. Ou la sœur, tout dépend où l’on situe l’épicentre de la tribu. Qui risque encore de se déplacer d’ailleurs, lorsque la fille de -M- se lancera à son tour (ce qui n’est qu’une question de temps). Y’a des gens comme ça…

Donc, deuxième album pour Anna Chedid, alias Nach, après un premier opus sorti en 2015. Pochette sobre et mystérieuse : une simple et belle photo en noir et blanc de l’artiste, qui nous regarde droit dans les yeux, avec la détermination de celles qui savent où elles vont. Pour connaître son nom – car avouons que son visage (pour le moment ?) ne nous est guère familier -et le titre de l’œuvre, il faut se rabattre sur la tranche du CD. Un intitulé, L’Aventure, déjà utilisé il y a peu par Da Silva, qui sonne comme une profession de foi. Car c’est bien à la suivre dans une aventure humaine que nous convie la chanteuse.

Je pars / Je pars à l’aventure / Je laisse tout derrière moi / Je pars / Même si ici tout me retient / Même si dehors tout me fait peur. C’est par ces mots que s’ouvre l’album. Un appel à l’échappée belle et au renouveau. Sans exotisme de pacotille : partir à l’aventure, ce n’est pas nécessairement plier bagage pour un voyage au long cours ! On peut changer de vie sans quitter son chez-soi. L’aventure extrême peut simplement consister à décider d’être soi et d’agir enfin selon ses envies profondes. J’irais comme l’oiseau / Parcourir la vie / Découvrir ma voie / Décrocher mon étoile.

5cb050e578398Et l’aventure pour Nach, c’est de nous offrir 10 chansons de sa plume, paroles et musiques, dans lesquelles on la devine toute entière. Des chansons d’une femme d’aujourd’hui, à la trentaine épanouie, qui nous fait part de ses envies et de ses tourments, de ses douleurs et de ses questionnements. Le programme est vaste, comme une vie bien remplie : l’amour qui prend possession de vous sans rémission possible (Tu m’obsèdes, je n’ai que toi dans la tête / C’est obscène comme ton image se répète / Si jamais tu me touches, à tout jamais / Moi tout à toi) ; l’insupportable sentiment d’abandon au départ de l’être aimé (A l’horizon, ta vie s’en va / Sous l’eau, si long, la vie sans toi / Allo, réponds une dernière fois) ; l’envie taraudante et angoissante de maternité (J’attends le bon moment pour toi et pour moi / J’attends d’être maman pour la première fois) ; la déchirure des amours qui se meurent (Mais que nous arrive-t-il ? / Te voilà sur ton île, si loin de moi)… Le tout pour en arriver à la seule conclusion qui vaille : Ma vie en voit de toutes les couleurs / Mais au bout du compte / Une seule vraiment compte / La couleur de l’amour. Les différences sont d’ailleurs, tous comptes faits, moins nombreuses que les points communs : A l’autre bout du monde / Même si la langue, les mots / Ne sont pas les mêmes qu’ici / Je sais que ta vie ressemble à la mienne / Mon ami.

Bien sûr, les tenants d’une chanson plus sociale ou engagée pourront – à juste titre – faire la fine bouche. Il serait certes facile de ranger le disque dans la catégorie « chansons pour bobos », tant il est vrai que les peines et bonheurs y évoqués relèvent du cœur et de l’épanouissement personnel. Mais lorsque l’émotion pure nous saisit au détour d’une chanson, résumé poétique d’une existence commune à tous, ces reproches n’ont pas lieu d’être : Dans les yeux de ma mère / J’ai vu comme c’est beau / J’ai vu comme c’est dur / J’ai vu la vie entière. La sincérité qui a présidé à cet album est palpable et emporte les réticences.

Musicalement toutefois, L’aventure ne tient pas les promesses de son nom : la pop-variété de Nach, quoique soignée et bien produite, ne dénote pas dans la production actuelle. La différence tient dans la voix de la chanteuse et dans son chant varié (avec parfois des intonations qu’on croirait volées à son frère…), qui n’est pas sans évoquer Jil Caplan. Nach a jadis étudié le chant lyrique et en a visiblement retenu l’essentiel. Avec une telle maîtrise, la porte lui est ouverte pour d’autres expériences vocales, que l’on se réjouira de suivre. Ne chante-t-elle pas au final : Enfin libérée / Poids plume / Cœur léger / Sur les dunes / Je me laisse emporter par la vie. Puisse cette vie la pousser à emprunter un chemin artistique plus aventureux encore.

 

Nach, L’Aventure, Polydor 2019. Le site de Nach, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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