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Avignon Off 2019. Terre happy de couple

(photos Florian Guerbe)

(photos Florian Guerbe)

L’amour… Ah, l’amour ! Sujet battu et rebattu depuis la nuit des temps, il n’en finit pas de nous tenter, de nous hanter et de nous chanter ses cahots, ses chaos et ses K.O. L’amour étant fan de poème, du oh le cœur au haut-le-corps, du trouble au couple, il provoque stupeur (du lendemain) et tremblements (de chair), free-sons très speedants et nous transporte (en commun) dans les spasmes. Bref, quand l’heureux sentiment et le ressenti ment se jouent des accros et secouent allegro… alors, se nouent des accrocs, ça boîte de l’ego et la paix déménage…

« Autant qu’on s’emporte en chansons » est un drôle de spectacle, fruit d’une rencontre peu commune. Une conjonction entre un couple (qui n’en est plus un dans la vraie vie) et un chanteur plus bifluoré (1er élément des halogènes et le plus réactif des éléments chimiques). Cette confluence entre deux comédiens-chanteurs et un chanteur-metteur en scène vient d’un lieu de théâtre où ils se sont rencontrés, il y a quelques années.

Avec Salvatore Caltabiano (comédien qui triomphe actuellement dans le Off d’Avignon avec « Comment j’ai dressé un escargot sur tes seins » de Matéi Visniec), Doty et Antho sont les heureux parents d’un nouveau lieu du Off, L’Atelier Florentin, très joli petit théâtre de la rue Guillaume Puy (l’un des centres névralgiques du Off d’Avignon). Ils y avaient alors accueilli le légendaire trio musical Chanson Plus Bifluorée et le charme avait opéré. Car, en deçà du coup de foudre artistique, c’est bel et bien la qualité des rapports humains qui, dans cette histoire-là, prévaut.

Parce que Sylvain Richardot (l’un des trois membres de Chanson Plus Bifluorée) avait particulièrement apprécié l’accueil de ses hôtes d’un mois et parce qu’il avait vu leur travail sur scène lors de leur précédent spectacle (« Little Red », une réjouissante adaptation décalée et en chansons d’un Petit Chaperon Rouge égaré à New York, en version bilingue franco-anglaise), il s’est dit qu’il y aurait certainement du grain à moudre ensemble, si le loup ne les dévorait pas auparavant… « Banco ! » répondirent alors à l’unisson Dorothée Leveau & Anthony Alborghetti.

Cela fait donc quelque temps que ce trio-là s’attelle à un spectacle en mesure de raconter à sa façon les rapports amoureux qui alimentent chanson et music-hall depuis belle lurette. Entre parodie et hommage décalé, entre tubes universels et petites bijoux méconnus, entre Brassens, Gerschwin, Bach, Albin de la Simone, Tété et même Arletty, entre sketches de leur cru et délires burlesques visuels, ces trois-là s’en donnent à cœur joie. Et si j’écris ces « ces trois-là », c’est à dessein. Car même s’ils ne sont qu’un couple sur le plateau, les écrits et la mise en scène de Sylvain Richardot sont bel et bien présents, comme un cadeau qu’ils se seraient à offerts à tous les trois. Comme si, tel un cupidon taquin, le bifluoré s’amusait à décocher ses flèches en direction du couple, à chaque fois qu’une forme d’équilibre faisait mine de s’instaurer. Juste histoire de voir ce que ça pourrait donner.

Photo Doty+Antho #2Et ça donne ! Car les harmonies à deux voix proposées par Sylvain Richardot sonnent d’enfer. Mais aussi parce que, en plus d’être d’excellents chanteurs (Doty et sa voix zéphyrienne-, comme Antho -formidable guitariste complètement timbré- sont passés par les excellentes mailles du filet de La Manufacture Chanson), ils sont des comédiens accomplis et peuvent donc, en donnant libre cours à leurs talents conjugués, amuser la galerie avec les tressautements et tressaillements de leur couple de comédie (attention, je n’ai pas écrit «  »de pacotille »).Et le fait que ces deux-là soient comédiens n’est en rien anodin dans notre histoire. Parce que, hormis leur physique (qui leur permet les outrances les plus saugrenues), ils ont tout pour joindre l’outil à l’agréable et nous entrainer sur le fil et dans le film de leur vie rêvée. D’ailleurs, l’une des bonnes idées de ce projet en évolution (pour l’heure, le répertoire est par trop parsemé de chansons de Brassens, issues de l’une de leurs précédentes productions, mais cela va bouger…), c’est d’intégrer de faux extraits de bande-son du mythique « Autant en emporte le vent » (l’affiche du spectacle y fait même explicitement référence), dont ils miment de façon hilarante la synchro-labiale, donnant lieu à de véritables fous rires de la part du public ravi.

Et c’est en travaillant dans cet esprit-là et de cette façon-là, que les trois acolytes vont, n’en doutons pas, parvenir à fabriquer un show de music-hall séduisant et sans prétention, si ce n’est celle de nous divertir, avec un habile mélange de grosses ficelles et de finesse. Parce que l’amour ne doit pas uniquement être la quête profonde d’une existence, mais peut aussi constituer un prétexte pour, comme des bulles de chant-pagne, faire pétiller, danser et (en)chanter légèrement notre vie…

 

Autant qu’on s’emporte en chantant – Théâtre de L’Atelier Florentin (28 rue Guillaume Puy) jusqu’au 27 juillet 2019 à 20H30 les jours impairs – relâche le 21 juillet.

Également à 18h50 les jours pairs jusqu’au 30 juillet 2021, en alternance avec Les stéréo’types les jours impairs jusqu’au 31 juillet. 

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