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Zoufris Maracas, le melting potes

Zoufris Maracas (photo de presse non créditée)

Zoufris Maracas (photo de presse non créditée)

D’abord il y a la pochette. Chatoyante et exotique. Mer et lune, qui s’entrecroiseront au fil des chansons, y tiennent la vedette, réunies jusque dans le titre de l’opus : Bleu de lune. Sur la gauche, un incongru squelette armé de maracas annonce le style musical : pas d’accordéon franchouillard au programme, mais bien des cuivres latinos, des percussions des îles et des guitares manouches. Ou comment partir au loin en ces temps confinés.

Ce bel emballage, c’est celui du troisième album des Zoufris Maracas, groupe parigot qui s’est juré de mêler poésie, engagement social et voyage musical, à grands coups de chansons festives qui ont oublié d’être bêtes.

La chanson d’ouverture donne le la. Rien que le titre vous emmène : De Maré à Lifou (pour ceux qui, comme moi, n’ont pas un atlas dans la tête, signalons qu’il s’agit de deux îles de la Nouvelle Calédonie). Une intro qui rappelle La Fanette de Brel, autre chanson de mer, une trompette mélancolique qui prend le relais, des guitares et percus de là-bas, et c’est l’embarquement immédiat ! Les paroles pourtant n’incitent guère au tourisme, le voyage entrepris par le narrateur ayant avant tout une vertu thérapeutique : « Je me suis éloigné / Pour oublier un peu / Notre belle société, qui s’arrache les cheveux / Se marche sur les pieds, qui veut, qui veut, qui veut / Qui a tout ce qu’elle veut, qui boit tout ce qu’elle peut / Qui vomit tout ce qu’elle est ». Périple qui se soldera par une séparation définitive : « Et c’est dans cet orage / Sur cette mer déchainée / Que survint le naufrage / De mes amours passées ». On l’aura compris : avec les Zoufris Maracas, rythmes d’ailleurs n’impliquent pas exotisme de pacotille !

zoufris 2Confirmation nous en est donnée dans la magnifique chanson suivante, Sa Majesté la mer, probablement la plus réussie de l’album. Un morceau qui débute tout en poésie par une adresse à l’océan (Aux vagues venues se briser / Depuis l’autre bout de la terre / J’aurai mille questions à poser / Vous qui avez croisé les hivers / Qui n’sont pas encore arrivés / Du côté de mon hémisphère), qui se mue en révolte sur le sort des migrants (Ne pourriez-vous pas pour une fois / Couler ces yachts de milliardaires / Plutôt qu’ces p’tits radeaux en bois / Où entassés rêvent mes frères ?) et s’achève en pensées suicidaires (Je voudrais retrouver la paix / Et pour finir vous laisser faire / Et enfin me laisser aller / A vos bras majesté la mer). Pas gai, mais si beau !

Les douze chansons sont du même tonneau, formant malgré leur côté disparate un ensemble cohérent des plus réussis. Des zouks endiablés à la gloire de la fraternité (Mon ami mon cher) ou à haute teneur écologiste (Sur quel pied danser), une valse tendre et clarinettée pour amours désillusionnées (Café genou), un jazz manouche sur les fêtes et défaites d’un couple (Clara), une ballade-prière pour l’astre nocturne (Bleu de lune), une mélodie apaisée que n’aurait pas reniée Moustaki (Le dimanche), une ode à l’orgasme en parler-chanter aux couleurs gainsbouriennes (Explosif)… Tout cela s’enchaîne et se répond, en un libre et joyeux méli-mélo musical, qu’on se réjouit de pouvoir apprécier sur scène dès que possible.

On résume : Zoufris Maracas, c’est de la fête à portée de tous, de la saine colère et des interrogations inquiètes sans prise de tête, de l’imagerie poétique qui se glisse en douce, des éclats d’humour parcimonieux. C’est de l’émotion brute, de la fraternité en rondelle, de l’énergie contagieuse. Qu’attendez-vous pour y jeter une oreille curieuse ?

 

Zoufris Maracas, Bleu de lune, Chapter Two/Wagram, 2020. Le facebook de Zoufris Maracas, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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