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Bernard Meulien, 1944-2020

Bernard Meulien (photo non créditée)

Bernard Meulien (photo non créditée)

C’était une petite librairie, à Troyes, une ruelle étroite et moyenâgeuse. Sur des étals saturés de livres, quelques 33 tours, forcément le haut du panier, aux goûts du patron. Dont ceux de Jacques Bertin, et quelques autres de jazz. Et cette Chanson d’un gars qu’a mal tourné : un disque, paru chez Alvarès, qui nous révélait le poète-paysan Gaston Couté, par la voix de Bernard Meulien et le chant de Gérard Pierron. J’ai toujours cet album, aux spirales usées, labourées de trop d’écoutes, que chaque usage a mangé d’un micro-sillon d’charrue. Ça devait être en 1977, 78 peut-être. La librairie vendait aussi les volumes sur Couté parus aux éditions du Vent du ch’min… J’ai peu après fait connaissance avec Gérard Pierron, à Troyes, à Bourges et ailleurs… Lui, je l’aime comme un parent. Mais n’ai jamais vu, jamais eu la chance ou le hasard de rencontrer Bernard Meulien, dont aujourd’hui je suis, comme vous, tristement orphelin. Je l’ai simplement suivi, de loin en loin.

Né à la Croix-Rousse, à Lyon, Meulien est un passeur modeste, un talentueux diseur. On l’a dit génial interprète de l’œuvre de Gaston Couté : il l’est. Le timbre dentelé, la parole mordante, le ton toujours juste, sans outrance, sans jamais imiter un quelconque accent paysan ni convoquer un rustique folklore de pacotille, ajustant simplement le verbe au parlé de la Beauceron patoisante, dans le respect, la véracité.

Avec ou sans Gérard Pierron, avec Lucie Taffin, Hélène Maurice parfois, et d’autres, Bernard Meulien à rendu aux gens la parole, parlée ou chantée, de cet anarchiste paysan dont chaque vers est d’une pertinence et d’une actualité sans pareilles.

S’il a servi sur scène bien d’autres auteurs, n’empêche que le cœur de Bernard Meulien se partage plus particulièrement entre deux : Couté, mais aussi cet autre et singulier poète qu’est Tristan Corbière. Pour chacun des deux, Meulien en a fait un spectacle. « J’ai découvert ces deux poètes par des amis comédiens et j’ai tout de suite été séduit par la force poétique des images, leur profondeur, leur humour, la lucidité de leur vision du monde. Tristan Corbière par son humour noir et sa passion de la mer nous livre des textes gigantesques avec des histoires qui nous emmènent dans le fantastique ; Gaston Couté m’a accroché tout de suite par son parler patoisant, ses poèmes comme des peintures à la Van Gogh ! Il nous dépeint des scènes rurales de son époque qui deviennent avec le temps universelles ».

Quarante années durant, c’est pas rien, Meulien a arpenté les scènes, des modestes et des plus prestigieuses. Avec simplicité, humilité. Il vient de quitter ses amis, de quitter la vie, pour d’autres planches. Juré que sa voix résonnera en nous encore longtemps…

 

« Les gourgandines » de Gaston Couté

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« Le poète contumace » de Tristan Corbière

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6 Réponses à Bernard Meulien, 1944-2020

  1. Henri Schmitt 20 juillet 2020 à 18 h 32 min

    Je l’ai entendu une fois a Reims il y a plus de 30 ans, dans un petit cafe et vraiment par hasard. Etonnant etre humain, a l’air fragile,il etait accompagne au piano par une jeunee femme tres talentueuse elle aussi avec une voix energique. Je crois qu’elle avait interpret une chanson de Piaf, et ca decoiffait. Meulien lui nous avait dit et chante du Coute, et je me souviens de sa version du Fondeur de canons, qu’il chantait sur un air de tango, tout en esquissant un pas de danse. Tres different de la version de Gerard Pierron, il jouait plutot sur l’ironie. Ce qui m’avait aussi frappe, c’est l’intensite du monsieur quand il disait un texte. Il etait dedans, completement. Personnage rare, d’epoque qui s’eloigne…

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  2. Christian PIERREDON 20 juillet 2020 à 18 h 40 min

    Merci pour cet article qui relève un des multiples talents de l’ami Bernard qui vient de nous quitter.

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  3. venault 22 juillet 2020 à 21 h 30 min

    au Revoir l’ Ami
    je continuerai longtemps à partager qui tu étais, pour toucher les âmes et faire vibrer les cœurs ici bas!

    je remercie la Vie pour la merveilleuse rencontre avec toi depuis 39 ans !

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  4. Jean Pierre GLEIZE BOURRAS 23 juillet 2020 à 11 h 52 min

    Bonjour Michel,
    Et encore merci.Après Marc SERVERA, Bernard MEULIEN…que de belles rencontres avec Nos Enchanteurs. Et retrouver Gaston COUTE , que j’ai découvert avec « Le théâtre sous la dent » de Crolles (Isère) et leur spectacle le 1983: « La chanson d’un gars qui a mal tourné » et l’ami Daniel DUMAS , disparu lui aussi, et son action, d’Education Populaire qui se poursuit . Le « Théâtre » fête cette année ses 40 ans…Bon vent à toi et comme disait Yvan AUDOUAR*: « Conservez-vous ! »
    * un T ou un D ou rien du tout, je ne sais jamais je n’ai pas assez lu le « Canard ».

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  5. Fabienne Meulien Chevry 24 juillet 2020 à 14 h 11 min

    Merci pour ce bel hommage.

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  6. JC Dupuy 22 août 2020 à 19 h 53 min

    Quelle triste nouvelle, Bernard s’en est allé retrouver a son tour le champ de naviots, il a pris le chemin des allongés. Compagnon d’un moment sur Orléans, je lui dois une forme d’humilité fetarde. qui reste gravé dans ma memoire. J’embrasse sa sœur de tout coeur ainsi que Bena. JayCee

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