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Ces femmes peu communes de La Commune

"Hey madame, qu'est-ce que tu fais / A c't'heure si loin d'ton foyer ? / Mais rien m'sieur, mais rien m'sieur / J'suis juste en train de fout' le feu"

« Hey madame, qu’est-ce que tu fais / A c’t'heure si loin d’ton foyer ? / Mais rien m’sieur, mais rien m’sieur / J’suis juste en train de fout’ le feu »

On ne sait si nos dociles médias célébreront ou tairont le 150e anniversaire de la Commune de Paris, de mars à mai prochains, des fois que ça donne des idées, que ça réveille en nous des envies que seuls confinements, peurs, couvre-feux et lanceurs de balles contiennent encore… Imaginez la France couverte de rouge pour célébrer la Semaine sanglante, de quoi en faire une gilet-jaunisse du côté de l’Élysée. Si prompt à célébrer à tout va, notre président osera-t-il panthéoniser la vierge rouge que fut Louise Michel ?

Riche de dix-sept titres, ce disque de Pauline Floury et Séverin Valière célèbre donc ces deux mois et dix jours de l’Histoire de France qui firent vaciller la République. Mais mieux encore… Il célèbre les femmes de la Commune de Paris. Louise Michel il va de soi, mais pas qu’elle. Car, que je sache, à toutes étapes de cette insurrection, les femmes furent du lot, à la logistique comme sur les barricades : « J’ai vu trois révolutions et, pour la première fois, j’ai vu les femmes s’en mêler avec résolution, les femmes et les enfants. Il semble que cette révolution est précisément la leur et qu’en la défendant, elles défendent leur propre avenir » en disait le romancier et communard Jules Vallès.

les-femmes-de-la-commune-de-paris-pauline-floury-severin-valiereC’est par Filles d’ouvriers (dont nous avons retrouvé il y a peu la formidable interprétation par Michèle Bernard, nichée dans son intégrale discographique), de Jules Jouy, que cet album débute : « Patrons, tas d’Héliogabales ! / D’effrois assis / Quand vous tomberez sous nos balles / Chair à fusils ! / Pour que chaque chien, sur vos trognes / Pisse à l’écart / Nous leur laisserons vos charognes / Chair à Macquart ! » Si Eugène Pottier se fait le chantre de la misère (cinq chansons de lui sur cet album, dont Le fils de la fange : le titre à lui seul résume la chanson), il n’en prend pas moins la suite d’Aristophane qui appelle à La grève des femmes : « Nous, sur les portes de la vie / Dès ce soir posons les scellés ! »

Le ton de ce recueil de chansons est résolument à l’offensive, stock de chansons qui ont animé La Commune mais peuvent encore servir à tout moment. Des vers révolutionnaires et d’un grand et ardent féminisme : « En peu de temps vous avez pu / Ouvrir la vie de l’égalité / Donner l’espoir aux citoyennes / Liberté et fraternité ! » Parmi tous ces propos de Pottier, de Michel, de madame Jules Faure (qui fait rimer la colère en des notes qui nous sont coutumières dans La Marseillaise de la Commune). Les dix-sept titres mériteraient chacun un long développement, avec toujours en tête le rôle des femmes dans ce fait d’Histoire, ce moment de rencontre et d’action commune entre femmes au foyer ou ouvrières et femmes engagées des cercles d’idées. Une seule des chansons de cet album est signée de leurs deux interprètes, Les pétroleuses, celles qui foutent le feu, celles qui vous enflammeront dans cet enregistrement très réussi. Et si nécessaire en nos temps endommagés…
Michel KEMPER

 

Pauline Floury & Séverin Valière, Les Femmes de la Commune de Paris, EPM 2020. Pour commander cet album, cliquez ici.

« L’union des femmes » : Image de prévisualisation YouTube

« Filles d’ouvriers » : Image de prévisualisation YouTube

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