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Totem, un album qui frise la perfection

Totem : Bastien Maupomé et Erwan Flageul (photo non créditée tirée du site Totem)

Le duo grenoblois Totem : Bastien Maupomé et Erwan Flageul (photo Sylvain Faisan)

Avant même de poser le laser sur la platine, on touche, on caresse ce disque qui a l’élégance de se faire livre, on en admire les superbes dessins, on feuillette avec précaution. Les doigts glissent sur le papier lisse… Si tous les CD étaient conçus comme celui-ci, aussi beaux, on n’aurait pas envie de copier ou de télécharger ; on les achèterait pour les avoir à soi et se dire que ce sont là de biens beaux objets.

S’il est réaliste, le trait aime le fantastique qui, même dans le noir et blanc, caméléonne en des figures angoissées où le visage de l’homme se fait félin (cf la pochette du livre-disque), où d’autres animaux (tatous, suricates, chèvres, papillons…) se fondent, se confondent, font corps à corps avec l’humain ; où, au fil des pages, il se mue en elfes, en improbables lutins… Les dessins sont de Marie Boiton.

« Chronomètre métronome / Acrobate accro du chrono / L’horloge ausculte les mortels / Sculpte l’histoire au scalpel… » Nous ne sommes pas tout à fait dans la chanson, juste à côté, pas loin, l’orée, la lisière. Pour le code-barre, on étiquettera « slam » que ce ne serait pas tout à fait faux. Mais Erwan Flageul (guitares, effets, séquences) et Bastien Maupomé (textes, voix) précisent en chœur : « Totem c’est la musique et la plume qui coiffent les étiquettes au poteau (spoken word, slam, chanson pas chantée, musique électronique, organique…) ». Oui, dans ce remarquable album, « Les silhouettes urbaines troquent casquettes et capuches contre iroquoises et peaux de bête… », « Une écriture onirique, révoltée ou incantatoire épouse des morsures rock et des médecines acoustiques douces, assorties d’arrangements électroniques élégants ».

LePasDuGuepardCouvFaceLe Pas du guépard est sorti fin 2019 : la pandémie de début 2020 a ruiné l’envol que promettait cet album, et les scènes promises. Des concerts qui « racontent un autre monde. Les rêves deviennent lucioles, cisaillent la pénombre et occupent l’espace public. Les insomnies se font rassemblements festifs. Les citadins sont des chasseurs nomades, la technologie et la vie organique se télescopent au fil de rituels vaudou. L’être humain renoue avec son animalité sauvage. Pâturage against the machine ! » De quoi regretter et attendre en trépignant la reprise des activités.

« Crever l’abcès, céder à tous les excès / Quitte à finir désaxés / Noyer les doutes, calciner les regrets / Aimer jusqu’à saigner / Dévorer cette nuit comme si c’était / Les dernières secondes sur terre / Vivre, on n’a plus le choix / S’envoyer en l’air une dernière fois ». Le contenu de cet album, longue mélopée, est bien trop dense pour oser un raccourci de quelques mots. Si vous n’êtes pas bloqués mordicus sur une esthétique, une seule, de la chanson, si vous aimez découvrir d’autres chants du possible, tenter d’autres émotions, d’autres relations à la poésie, à la musique, à notre monde aussi, alors procurez-vous ce bel album.

 

Totem, Le pas du guépard, La Chaudière production/L’Autre Distribution 2019. Le site de Totem, c’est ici.

« De l’air » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Totem, un album qui frise la perfection

  1. Agnès 20 avril 2021 à 22 h 05 min

    Jolie jolie jolie chronique (oui, x3!) , c’est félinement tentant!

    Répondre

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