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Marc Nammour & Loïc Lantoine, poètes d’aujourd’hui

Loïc Lantoine et Marc Nammour

Loïc Lantoine et Marc Nammour (photo Cyrille Choupas)

5 novembre 2021, Maison de la poésie, Paris 3e,

 

Dans le hall, un mur-vitrine où s’affiche la prestigieuse collection Poètes d’aujourd’hui de Seghers. Sur la scène, deux autres de ces poètes, rassemblés, associés, mutualisés, imbriqués. En amitié, en cohérence. L’un est rapeur, slameur ; l’autre fait de la chanson pas chantée. Entre leurs arts respectifs, tout juste l’épaisseur d’un papier à cigarette pour faire le joint. L’un est Nammour, celui de La Canaille, groupe à la parole sociale, qu’on ne dira même pas engagé tant c’est l’évidence ; l’autre, le ch’ti la tête perdue dans les étoiles qu’est Lantoine.

Pour qui le public vient-il en ce poétique lieu, on ne le sait tout à fait. Aux premières notes de Pierrot, applaudissements, Lantoine à l’adresse de Nammour : « Tu crois qui sont v’nus pour qui ? » S’ils sont là pour l’un, ils découvrent l’autre, et réciproquement. Ça relève du double choc, de l’effet kiss-cool, de la tectonique des plaques. Pour ma part, en vingt ans, j’ai tout vu ou presque du Loïc ; là je prends Nammour en pleine gueule : c’est bien plus qu’une baffe et ça fait du bien de tels bleus à l’âme.

Nos deux non-vedettes, nos stars de l’underground, croisent leur répertoire, voyagent en Super Nova, baignent aux mêmes projecteurs, font économie commune, commerce de gros de mots, d’uppercuts. Un peu moins Lantoine il me semble, tant qu’on a l’impression qu’il se met au seul service de Nammour. Humilité, respect.

L’un est comme dans un film de Bruno Dumont, troublant d’humanité ; l’autre cause autant à son micro que ses membres font eux-même conversation. Parfois l’un chante et l’autre pas ; souvent ils chantent-parlent en commun, en épatant et probant duo.

Par eux, les petits gens, les sans grade, les ouvriers et ceux qui rêvent aux étoiles. Leurs mots et leurs maux. Hommage aux perdants et aux autres, aux leurs. Aux Gens qui doutent, aux losers, aux déclassifiés, aux rouages roués. « Aux travailleurs ceux qui bossent pour la gloire / Aux chômeurs ceux qui rêvent d’en avoir / Aux énervés qui refusent l’abattoir… » Empathie.

Il y a ce qu’ils ont fait et gravé à deux, sur leur CD Fiers et tremblants dont c’est le concert de sortie. Et ce qu’ils puisent dans leur stock perso. Tiré du premier album de La Canaille, Nammour repart à L’usine. Comment vous dire ? Vous y êtes : « Couper, séparer, jeter / C’est ça le boulot / Couper, séparer, jeter / Toute sa vie […] Huit heures à tenir et pas question de flancher / Sinon c’est la porte / Des gars comme lui, y en a à la pelle […] Ouvrier spécialisé. Ferme-la et trime / L’exploitation est officialisée ».

Dans leur bréviaire à eux, en pleins comme en déliés, Nammour et Lantoine ont chacun puisé les mots pour le dire, des qui par leur poésie allègent un peu la souffrance. Et rend aux gens leur dignité.

La tonalité est très rock, servie par des musicos performants, épatants, en fait l’épine dorsale de La Canaille : Jérôme Boivin aux claviers, Valentin Durup à la guitare, Alexis Bossard à la batterie.

Un conseil : si d’aventure Nammour et Lantoine baladent leurs chroniques sociales pas loin de chez vous, allez-y. Vous y apprendrez autant d’eux que de vous.

 

A lire ici, l’entretien de NosEnchanteurs avec Loïc Lantoine et Marc Nammour, par Robert Migliorini

Le facebook de Marc Nammour, c’est ici ; le facebook de Loïc Lantoine, c’est là.

 

« Les fauves » : Image de prévisualisation YouTube

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