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Marcel Amont, 1929-2023

amont 1Au grand repas de la Chanson, il était la sauce béarnaise, onctueuse, savoureuse. Marcel Miramon s’est fait un nom en amputant le sien, en devenant, dans les cabarets puis sur des scènes prestigieuses comme l’est L’Olympia ou dans nos écrans télé noir et blanc puis couleurs, l’un de nos plus grands divertisseurs. Miramon ou Amont ne diront pas grand’chose à la jeune génération mais, à sa manière, dans sa catégorie, il fut un très grand, j’ose dire un géant. Fasse qu’on rediffuse sur nos écrans devenus plats ce total bijou qu’est cet Amont mis en images par Jean-Christophe Averty ! Certes, ceux qui se font une haute idée de la chanson et font la fine bouche ne retiendront de lui que Le Chapeau de Mireille que lui offrit son pote Brassens, mais ça serait occulter tout le reste, pléthorique, fait certes de bon et de moins bon, mais toujours délectable, qui fit les beaux jours de la radio-télédiffusion, de De Gaulle à Giscard d’Estaing.

Je ne referais pas ici la biographie du défunt : tant de journaux et de sites la publient aujourd’hui, copiant les uns sur les autres, elle qui trépignait d’impatience depuis des lustres (on appelle ça, le savez-vous, de la « conserve »). Je me contenterais de rappeler l’immense bonhomme, le bel humain qu’était Marcel. Car si on sait son talent, que d’aucuns considéreront d’un autre âge, d’une époque certes révolue, on connaît moins le personnage privé, attentionné, attentif. Et le passionné de chansons, toujours à l’écoute de ce qui se fait, ce qui naît. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la chanson (dont l’érudit et passionnant Une Chanson, qu’y-a-t-il à l’intérieur d’une chanson ? [Le Seuil, 1989], un de mes livres de référence, de chevet) et de quelques autres, notamment sur sa Gascogne natale.

amont 2Comme pour beaucoup d’artistes à succès du music-hall, on lui confia quelques rôles au cinéma, mais rien qui impressionna durablement la pellicule.

Homme de Gauche, il fut actif acteur de la victoire du 10 mai 1981 (il appela de son chant l’arrivée de la gauche au pouvoir : « Ça va changer, ça va changer je t’assure / Avec une rose à ton poing »…) et dès lors, quasi radié des programmes télé : drôle de récompense qu’on doit à cet imbécile de Jack Lang.

Souvenez-vous des grandes et mémorables chansons de Marcel Amont (Le Mexicain, Bleu blanc blond, L’Amour ça fait passer le temps…) et mesurez l’inconsolable perte qui nous est annoncé aujourd’hui : Marcel Amont est mort, un ami est parti.

 

« Le Chapeau de Mireille » : Image de prévisualisation YouTube

« Bleu blanc blond » : Image de prévisualisation YouTube

11 Réponses à Marcel Amont, 1929-2023

  1. Catherine Laugier 9 mars 2023 à 11 h 06 min

    Qui n’a pas de souvenirs familiaux dans ma génération avec l’éternellement jeune Marcel Amont, qui a fait encore plus jeune dès lors qu’il a eu les cheveux tout blancs. Pour moi, ce sera le 45 tours « Bleu blanc blond », qui se poursuivait par la moins connue « Les bleuets d’azur » et deux autres dont je me souviens moins, dont « Si je devais mourir d’amour » écrite par un certain Charles Aznavour.
    Et puis encore plus personnel, « Le Mexicain » (texte Jacques Plante et musique Aznavour) que chantait à tue-tête un mien cousin à l’âge où l’on ne sait pas encore parler, tant qu’on l’avait à l’époque surnommé « En guise » (Un Mexicain basané / Est allongé sur le sol / Le sombrero sur le nez / En guise, en guise, en guise, en guise, en guise, en guise, en guise, en guise, en guise de parasol / Ouille, ouille, ouille, ouille, ouille)

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  2. Jean Pierre Gleize Bourras 9 mars 2023 à 11 h 32 min

    Et je n’arrivais pas à bien situer le Mexique…je men foutais qu’il soit basané ou pas ce Mexicain…il m’était sympathique, un peu » fatigué de naissance » comme moi (dixit mon père).Et puis tellement universel (la rime avec Marcel) Monsieur Amont…Dans ses yeux…la bonté, la fraternité, la tolérance . Adissias loù cantaÏre !

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  3. FAURÉ Jean-Pierre 9 mars 2023 à 23 h 51 min

    Marcel Amont était à la chanson un fantaisiste éclairé. Il savait donner son talent au service d’un public conscient que derrière ses chansons « populaires », il y avait une véritable conscience sociale et un amour de la vie. Brassens ne s’y était pas trompé en lui offrant le chapeau d’une certaine Mireille. Il lui avait dit qu’il pourrait être un grand interprète. Mais Monsieur Marcel ne le souhaita pas, préférant rester ce qu’il appelait un ménestrel, un troubadour de la chanson, un amuseur. Je l’ai rencontré un après midi lors d’une rencontre organisée par la disparue maison de la chanson à Paris. C’était un vrai professionnel, humble, désireux de partager, d’échanger mais aussi d’écouter les autres jeunes chanteurs, auteurs présents ce jour là. Une vraie page de l’histoire de la chanson, encore une, se tourne aujourd’hui. Mais reste son message à suivre « merci la vie, l’amour ça fait passer le temps »

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  4. Pierre Schuller 10 mars 2023 à 9 h 18 min

    Merci et bravo pour votre chronique, Marcel Amont était un honnête homme, au sens du 17ème siècle.

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  5. Yvan Perey 10 mars 2023 à 9 h 29 min

    Je souscris à tout ce qui est dit dans l’hommage de NosEnchanteurs. Il faudra un jour que quelqu’un nous explique pourquoi la gauche a rejeté à partir de 1982 tous ceux qui l’ont soutenue (Amont, Béranger…). Et répéter aussi combien le livre « Une chanson, qu’y a-t-il à l’intérieur d’une chanson ? » de ce cher Marcel est un livre indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la chanson et à son écriture.

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  6. Germinal Le Dantec 10 mars 2023 à 9 h 33 min

    Je n’oublie jamais, comme un marqueur de mon initiation, la découverte de cet enchanteur ! J’avais 13 balais et jouais de la bombarde au stand du Sud-Finistère de la fête de l’Huma, qui se tenait dans le parc de l’observatoire de Meudon cette année-là (1959). Je me souviens de son interprétation magistrale du « Balayeur du roi » (de Nougaro ? il me semble). J’étais scotché par cette présence magistrale en scène. Un mexicain basané, plein de verdeur !
    Quoi ? Je le croyais éternel !!!! Je me souviens de sa présence lors des manifs contre la centrale nucléaire de Golfech !
    Un missile solaire ! Un sombrero de la patrie ! Au panthéon de nos chœurs !

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  7. Jean-Marc Héran 10 mars 2023 à 12 h 05 min

    « Hommage » à Marcel Amont au journal de 20h de la 2. Quelques secondes desquelles les jeunes qui ne le connaissaient pas retiendront qu’il était une sorte de clown un tantinet cabot…
    C’est peu, très peu, trop peu. Et c’est surtout faux et honteux.
    Quand je lui ai demandé de me faire la préface de mon bouquin pour le centenaire de Brassens, à lui l’ami et le seul interprète original avec Patachou, m’inquiétant de n’avoir pas de réponse, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai appelé.
    J’ai eu sa femme qui m’a dit : « Il ne vous a pas répondu tout de suite parce qu’il n’était pas sûr de savoir faire (!)… Ça y est, il a trouvé. Il vous l’envoie ».
    On a encensé Salvador sur ses vieux jours en criant au génie et on compisse Marcel Amont sur son lit de mort !
    Peut-être justement parce qu’il était tout sauf un cabot mais plutôt un homme profondément humble et généreux.
    M. Marcel, je vous aime.

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  8. Brian Thompson 10 mars 2023 à 16 h 12 min

    Bel hommage à une belle personne que je regrette de ne pas avoir connue. Merci Michel ! ❤️

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  9. Fred Daubert 11 mars 2023 à 8 h 53 min

    Lorsque je bossais à la Poste à Saint-Cloud, il était venu chanter une chanson pour le pot de départ de son facteur… il avait appelé avant pour demander si quelque chose était organisé et s’il pouvait se joindre à nous , presque timidement. Il nous avait fait promettre de garder le secret et ce fut un moment de belle humanité.

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  10. Eric Laurent 11 mars 2023 à 8 h 54 min

    Je sais que pendant plusieurs années il a fait des concerts de soutien pour l’Union Pacifiste de France. Peu le connaissent sous cet angle. Chapeau bas l’artiste !

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  11. Yvan Perey 12 mars 2023 à 9 h 45 min

    Puisqu’il est mentionné dans cette chronique que Marcel Amont était un homme de gauche, qui fut un actif acteur de la victoire du 10 mai 1981, voici un extrait de ses mémoires « Sur le boulevard du temps qui passe » (paru chez Christian Pirot en 2009) : « Un de mes copains, compagnon de route de Mitterrand depuis longtemps, me lance : « Après quarante ans de pouvoir de droite, c’est le moment où jamais de mettre tes actes en accord avec tes paroles ! » (…) Nous voilà donc parti, gratos évidemment, à Château-Chinon, fief de François Mitterrand (…) Première partie, les discours politiques devant toutes les huiles du parti, au grand complet. Entracte. Pour la deuxième partie, les trois premiers rangs vides. Vides, vides, entendez-vous ! Vides ! Ces messieurs-dames du staff n’ont pas jugé de la plus élémentaire bienséance de rester applaudir, ou même faire semblant, les artistes venus les soutenir. J’étais fou de rage; Catherine Sauvage pleurait (…) Peut-être, l’heure étant grave, l’état-major était-il fiévreusement en train de s’organiser en Comité de Salut Public. Que nenni ! Cela nous fut confirmé : nos déserteurs papotaient, serraient des paluches et vidaient force bouteilles dans l’accueillant quartier général du Vieux Morvan (…) Sans trouver d’excuses à la goujaterie, je m’étais dit que ce n’était quand même pas la règle, que mon style n’était pas très culturel aux yeux des innombrables enseignants membres du parti; que les états d’âme d’un cabotin en mal de reconnaissance n’étaient pas grand-chose au regard de tout ce qu’il y avait à faire dans ce pays pour les défavorisés. Tout ça, tout ça, tout ça… Alors j’ai repris ma modeste action et mon bâton de pèlerin, sans savoir que c’était un gros gourdin pour me faire matraquer une dizaine d’années plus tard. »

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