Spa 2025. Daran, costaud et indémodé
Daran sur la scène des Francofolies (photos Pol de Groeve)
Francofolies de Spa, 20 juillet 2025,
S’il y a un festival où Daran a son rond de serviette, ce sont les Francos de Spa. Il n’est donc guère surprenant de le retrouver à l’affiche de cette édition 2025. Comme il nous l’avouera d’ailleurs en souriant, il vise, mine de rien, à rattraper Marka, le recordman absolu des passages dans la ville d’eaux !
Pourquoi les Francos auraient-elles d’ailleurs fait l’impasse sur l’artiste, lui qui a sorti à l’automne dernier un nouvel album réussi en tous points, Grand hôtel Apocalypse ? Un disque rock taillé pour la scène, enregistré dans la formule de base classique (guitare-basse-batterie), sans artifice ni ajout. Un album qu’il défend donc sur les planches dans cette même configuration, entouré d’un guitariste et d’un batteur, lui-même se chargeant de la basse.
Revoir Daran, c’est retrouver un vieil ami, qui nous accompagne depuis une trentaine d’années. Le cheveu a blanchi, la voix s’est un peu voilée, mais l’énergie est intacte et le chant s’est chargé d’une émotion crépusculaire qui nous rend ses chansons d’autant plus précieuses.
Le dernier album est bien sûr à l’honneur. L’occasion de découvrir les nouveaux titres (Je voulais te dire, Plus jamais nous, L’humain qui gêne, Dimanche soir…) et de se rendre compte combien l’opus est recentré sur l’individu, ses peines de cœur et ses difficultés à vivre, loin de la colère sociale qui animait son prédécesseur, Endorphine. Comme si la partie était perdue, que la désillusion avait gagné, qu’il ne restait plus qu’à se replier du champ de bataille et trouver un endroit à soi pour y panser ses plaies… Les héros seraient-ils fatigués ?
Daran en duo avec Olive
Quelques titres plus anciens, comme Au moins ou Saoûlé (avec cette phrase si bien adaptée aux festivals : « Mon dieu, comme la solitude est douce / Y’a toujours un mec trop grand devant et qui tousse »), viennent s’intercaler, mais le répertoire de Daran est d’une telle cohérence qu’on ne saurait distinguer les antiquités des nouveautés.
Au final, l’incontournable Dormir dehors, avec son rif de guitare infernal façon western, met l’assistance en joie, avant que la magnifique Une sorte d’église (une des plus belles chansons de tous les temps), interprétée en duo avec la jeune chanteuse belge Olive, ne clôture la soirée.
Confirmation nous a donc été donnée une fois de plus que Daran est une valeur sûre, un artiste indémodable, un placement de bon père de famille pour tout organisateur de festival qui se respecte. Vivement qu’on puisse à nouveau l’applaudir lors des Francos 2028.
PLUS TÔT DANS LA JOURNÉE
J’avais découvert le groupe Terrenoire à ces mêmes Francos de Spa, en 2022. Je terminais alors mon compte-rendu par ce constat : Pas besoin d’être devin pour leur prédire un bel avenir. Trois années plus tard, celui-ci s’avère exact, même si le groupe n’est pas encore devenu immensément populaire (cela viendra…). Programmés à présent sur la 2ème grande scène du festival, les deux frérots Raphaël et Théo nous ont présenté leur deuxième album Protégé.e, mix de chansons engagées (excellente Le fou dans la voiture) et de titres intimes (Vivre sobrement, Un chien sur le port…). Trois solides musiciens permettent aux deux chanteurs, en totale osmose, de déployer leur rock tendu et nerveux. Leur mini-tube Jusqu’à mon dernier souffle, tout en émotion, finira de mettre le public à genoux. Un set bien trop court qui donne envie de les revoir vite.
Le site de Daran, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le facebook de Terrenoire, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.



Daran est un artiste de premier plan, cohérence, maîtrise et grande sensibilité. « Une sorte d’église » est l’une des plus grandes chansons ». D’autres pépites parsèment ses albums.
Sur scène, nous ne pouvons qu’être comblés.