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Susheela, elle a, Ella

Parmi mes estivales rediffusions, ce papier sur cette star mi anglaise mi indienne qui fait dentelle de ses origines. Un grand moment, assurément. C’était en novembre 2006, à Saint-Chamond, dans le cadre des Oreilles en pointe.

Susheela Raman (photo DR)

Archive. C’est l’Inde et c’est ailleurs. Cinq musiciens, assis en tailleur, qui en blanc, qui en orange pale, sont haut perchés sur des praticables, avec leurs instruments traditionnels (violon, percussions, guimbarde, thavil, nageswaram, veena…) pour une musique lente, lancinante, aux sons qui nous sont étrangers. Long moment, longue intro, le temps sans doute à nos oreilles de bien se mettre sur une fréquence pour nous insolite et fascinante… Se mettent en place les guitares, hautes comme basse. Et voici Susheela Raman, cheveux bouclés couleur d’ébène, teint mat, épaules nues et large décolleté. Elle chante avec des sons qu’elle va chercher très loin. Loin dans sa gorge, loin dans son histoire. Elle chante avec sa voix, ses mains, ses bras qui sculptent les arguments et traduisent l’émotion. Ça tient du blues, du gospel, d’un ouvrage d’art qui fait pont entre le Royaume-Uni, pays celtes inclus, et l’Inde. Imaginez la fierté autant que la fragilité d’un tel édifice… Tout est long, lent, qui s’étire, brisant d’un coup tous les formats d’une chanson. Tout est calme, reposé, au total opposé d’une assemblée rock. Parfois, percus, guitare électrique et basse font chorus et tranchent un instant en d’énigmatiques transes. Mais trad’ ou modernes, les instruments font aussi passerelles, tendent chacun vers l’autre rive, l’autre culture… Et annexe les genres. Bien malin qui étiquettera cette musique… Raman a la politesse de présenter ses titres dans la langue d’accueil, c’est plus simple pour nous, ça nous implique plus encore. De toutes façons, le concert est à ce point prenant, superbe, que nous y sommes au plus profond, en un bonheur sans nom, sans nationalités sauf à toutes les avoir. Encore un autre voyage, sans visas et sans passeport, libres. Triomphe pour Susheela. C’est une grande dame que nous venons de côtoyer le temps d’un concert. Qui tient de toutes celles qui ont poussé leur art à des sommets rarement atteints. Susheela, elle a, elle a… Ella

Le site de Susheela Raman (en anglais)

Une réponse à Susheela, elle a, Ella

  1. Guillou 6 juillet 2010 à 11 h 27 min

    Je l’ai vu en concert à Lisbonne l’été dernier et je suis d’accord avec « sommets rarement atteints » !
    Je n’ai jamais vu ni entendu une telle puissance dans le chant plein maitrise et d’humilité.
    Avec Lokua Kanza et Renata Rosa, elle trône au sommet des prestations scéniques « musique de monde » auquel j’ai eu la chance d’assister.

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