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Feu! Chatterton, chaud boulette !

Feu! Chatterton à Arena5 Photos©Annick Delperdange

Feu! Chatterton à Arena5 Photos©Annick Delperdange

Bruxelles, Arena 5, 28 juillet 2021,

 

Troisième rendez-vous sur la plaine de l’Arena 5. Avec un ciel capricieux, désireux de jouer avec nos nerfs, qui laisse éclater un orage une heure avant le concert pour nous dessiner ensuite avec délicatesse un sublime arc-en-ciel. Et laisser au pied de celui-ci, tel le trésor des récits légendaires, une scène s’apprêtant à vivre un moment unique.

Le public est en nombre et sensiblement plus jeune que pour les soirées précédentes, avec une large majorité de trentenaires. Une assistance bouillante, prête à s’enflammer, venue pour faire la fête. Ses attentes seront comblées.

Feu! Chatterton, ce sont quatre musiciens : un batteur et trois guitaristes, qui s’adonnent aussi aux claviers à l’occasion. Et puis c’est un chanteur-auteur, Arthur Teboul, forcément davantage médiatisé, new dandy charismatique en diable. Bien décidé à mettre le feu, d’emblée il nous intime l’ordre qu’on n’osait espérer : « Debout » ! Et chacun, tout en restant à sa place désignée, de se lever pour danser, trépigner, sauter, et ne plus s’asseoir de la soirée. Un concert debout, on en avait presque oublié le goût !

226192463_518519849424077_8165585060804320303_n226554828_801749100503179_6192626685359065017_n224900195_1237744830011882_1388311108946391267_nLe premier morceau est une chanson de Prévert-Kosma, jadis dite ou chantée par Reggiani, Salvador, puis, édulcorée, par Yves Montand : Compagnons. On appréciera au passage l’ironie d’ouvrir les festivités avec une histoire de musiciens ayant essuyé un bide (La recette a été mauvaise (…) J’aurais dû vous écouter / J’aurais dû jouer du caniche / C’est une musique qui plaît) faute d’avoir donné dans la musique consensuelle. Cette mise en bouche avalée, place aux choses sérieuses, avec un funky Ecran total, qui verra à mi-parcours le chanteur descendre du podium pour se mêler au public, faisant monter encore la température de quelques degrés. Chaud boulette, comme on dit par chez nous !

La soirée était lancée, l’ambiance ne retombera plus jusqu’au final. Feu! Chatterton nous a offert un concert de rêve, mêlant titres anciens ayant fait leurs preuves (Côte Concorde, La mort dans la pinède…) aux extraits de leur nouvel album Palais d’argile (Cristaux liquides, Cantique, Libre…). Du rock mêlant la tradition des guitares tranchantes à la modernité de l’électro. Des chansons enlevées pour danser ou sensuelles pour s’aimer. Des morceaux souvent efficaces, jamais faciles pourtant : les ruptures de tons y abondent et la forme couplet-refrain n’y est qu’un vague concept. De la musique hors des clous, du free-rock, dont l’accès n’est pas forcément aisé, à l’instar des textes à haute teneur en poésie.

Pourtant, sur scène, tout passe sans coup férir. Le talent des cinq compères emporte tout. D’une générosité folle, ils se donnent sans lésiner et annihilent toute réticence. Arthur Teboul tient la vedette bien sûr : il maîtrise son chant à la perfection et tient le public dans sa main, complice et roublard, grand sorcier d’un univers hypnotique. Il serait pourtant injuste de minimiser l’apport des quatre musiciens virtuoses, qui assurent le show autant que leur extravagant chanteur.

Au sommet du concert, l’enchaînement de leur dernier succès Monde nouveau et de leur classique La Malinche. Deux morceaux incandescents qui vont mettre le public à genoux. Le groupe reviendra pourtant pour nous offrir encore trois titres plus calmes, histoire de nous laisser rentrer chez nous apaisés : le lancinant L’homme qui vient, l’ample Cantique et, en guise de dernière virée, le sensuel Sari d’Orcino. Avouons toutefois que nous aurions bien repris une giclée d’adrénaline avec un ultime morceau bien saignant…

Feu! Chatterton est probablement ce que la scène rock française offre de mieux en ce moment. Leur haute exigence musicale et textuelle les place du côté de Bashung, leur maîtrise de la scène nous rappelle Noir Désir. Un compagnonnage dont ils n’ont pas à rougir, tant ils sont probablement appelés à grandir encore. Allez les applaudir maintenant, vous pourrez le raconter à vos petits-enfants plus tard.

 

Le site de Feu! Chatterton, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de ce groupe, c’est là.

« Monde nouveau » : Image de prévisualisation YouTube

« Cristaux liquides » : Image de prévisualisation YouTube

 

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