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Avoir les boules (en concert)

Je lis un prospectus ramené d’un festival, Les Francofolies en l’occurrence mais peu importe. Un truc édité par l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé. L’accroche : « A force d’écouter la musique trop fort on finit par l’entendre à moitié ». Ça nous parle, « à bon entendeur », des dégâts, souvent irréversibles, du son trop fort dans nos oreilles. Pour en savoir plus, c’est utile et nécessaire, allez sur http://www.ecoute-ton-oreille.com
De temps à autres, mais pas si souvent que ça, je constate la distribution de bouchons d’oreilles à l’entrée de salles de concerts de musiques amplifiées. Ça me semble bien et je regrette que ce ne soit pas obligatoire, qu’à partir d’un certain nombre de décibels les organisateurs ne soient pas tenus de fournir ça à leur public. Y’a des coups de pied au cul et des inculpations pour mise-en-danger-des-oreilles-d’autrui qui se perdent…
Ce qui me fait plus drôle encore, façon de parler, c’est qu’on soit obligé de s’obturer les oreilles avec ça pour mieux apprécier un concert. Pour t’écouter je me bouche les oreilles ! Ouais… N’y a-t-il pas la possibilité de réduire la sono, de sommer les techniciens du son de calmer le jeu ? Je suis de ceux qui préfèrent, exemple parmi beaucoup d’autres, Les Fatals Picards en disque qu’en concert. Parce que c’est trop fort, parce que, si je n’ai pas appris au préalable leurs textes par cœur, je ne risque pas d’en saisir le propos, ou alors des bribes de ci, de là, tirées d’une bouillie de gros son. Est-ce ça un concert ? Je ne le pense pas. On ne vient pas écouter un artiste ou un groupe puisque qu’on ne peut l’entendre correctement, puisqu’on ne peut pas discerner le moindre mot (quitte à ne rien comprendre, l’anglais peut encore progresser sur nos scènes…). Alors on vient pour quoi ? Pour le fun, pour l’ambiance, pour le visuel, pour boire un coup, pour en tirer un ?… Je sais pas, mais moi qui ne porte pas de lunettes noires au cinoche, ça m’est une énigme que de mettre des boules Quiès pour assister à un concert. Je ne comprendrais jamais cette perversion de l’esprit d’aller chercher l’hyper son, de jouer sa surdité à la roulette russe chaque fois qu’on entre dans une salle « rock » ou un festival.

C’est vrai que nous sommes loin ici de l’idée de chanson. Pas besoin de bouchons d’oreilles pour apprécier Julos Beaucarne ou Maxime Le Forestier, Amélie-les-Crayons ou Corentin Coko, Allain Leprest ou Gilles Servat. La chanson c’est tout sauf du bruit.

(On lira aussi à ce sujet « L’ouïe Bertignac (le mur du son) » sur NosEnchanteurs)

7 Réponses à Avoir les boules (en concert)

  1. depaulis 20 juillet 2011 à 9 h 42 min

    Je suis tout à fait d’accord avec toi

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  2. POMMIER Marc 20 juillet 2011 à 9 h 47 min

    ça ressemble à des suppositoires… C’est un non sens ! Au secours Julos et son front de libération de l’oreille (FLO).
    Au mois de juin j’ai assisté, aux « Veyracosmusies » (festival rural en Haute Vienne). J’ai assisté à trois spectacles :
    FLOW, cette jeune femme écrit de jolis textes, possède de beaux atouts de scène, mais horreur pour le son, et il n’y avait même pas de suppositoires auditifs ! idem pour Florent VINTRIGNIER
    IDIR, le lendemain soir avec autant de musiciens a pour sa part choisi l’intelligence de coeur de se faire entendre !!!
    Mais qui décide de la prise de son ? Les artistes, n’ont-ils pas leur mot à dire ? Je rejoins la position de cette personne ! Pourquoi offrir du bruit, un prolongement de ce qui est l’environnement des machines au travail (dites silencieuses ?)
    J’aime maintenant la convivialité des petites salles !

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  3. Barthès Jacques 20 juillet 2011 à 10 h 15 min

    Le volume des sonorisations est devenu un véritable danger pour les oreilles du public et gâche de nombreux spectacles. Le volume est en principe limité à 105 dB (ce qui est déjà dangereux pour l’oreille), mais il doit y avoir très peu de contrôles. Une bonne sonorisation est une sonorisation que l’on oublie. On conçoit que certaines musiques s’écoutent fort mais aller jusqu’à être obligé de distribuer des bouchons d’oreilles à l’entrée des concerts est une aberration. La musique devient alors ni plus ni moins qu’une pollution et c’est vraiment triste. Merci pour votre article.

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  4. Christian PIERREDON 20 juillet 2011 à 10 h 25 min

    Une aberration si l’on sait que ces bouchons coupent les aiguës…
    Mais les techniciens du son ne sont pas les seuls responsables souvent. Dans une petite salle, un sonorisateur est à la merci d’un batteur qui tape très fort sur sa batterie, d’un guitariste ou d’un batteur qui met son ampli à fond. Son seul remède consiste à batailler avec les musiciens ou de monter le son pour se mettre au niveau du musicien sourd.
    Comme sonorisateur, je pense que le moins est toujours le mieux. Mais hélas, cela n’est possible que si tout le monde collabore à cela. Toute une éducation des musiciens aussi. Je suis toujours étonné de voir un guitariste qui a un ampli Marshall de grande puissance, demander au sonorisateur de mettre fort son ampli dans les retours. A se demander à quoi lui sert son ampli….

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  5. Antonin 20 juillet 2011 à 19 h 12 min

    La réponse est si simple… Parceque aujourd’hui être ingénieur du son digne de ce nom est un véritable métier. Il faut un ressenti, des oreilles et aussi savoir choisir son matériel. Une console ne ressemble pas à une autre, des effets se « sentent ». Une salle doit être aussi appropriée pour recevoir de la musique dite amplifiée, mais là encore, c’est l’ingénieur du son qui par son talent en fera quelque chose de bien. Rien à voir avec un batteur qui tape fort ou pas ni même une question de mettre un ampli à fond car là on ne parle pas de musiciens…. Mais là aussi, c’est l’ingénieur du son le patron sur scène et il faut savoir se faire respecter et faire respecter son travail. Ne l’est pas qui veut. Sans mauvais jeu de mots : mais qui veut l’entendre aujourd’hui ??

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  6. Bémer 5 janvier 2012 à 15 h 05 min

    Connaissant ta verve cinglante cher Michel, je pensais que tu t’insurgerais, aussi du fait que sur certains sites, il les font payer les bouchons. C’est inadmissible.

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  7. Le blog de LouYsa Carabine 5 janvier 2012 à 19 h 51 min

    Haa ! quel bonheur de lire cet article ! Je ne suis plus seule à râler dans les concerts et à m’exiler au fond de la salle ou du parc afin de ménager mes pauvres conduits auditifs… Quant aux bouchons dans les oreilles… quelle aberration ! Quand je vais écouter de la musique, ce n’est pas pour… me boucher les oreilles ! En plus, je les supporte pas ces trucs ! Dernier concert en date, le festival Toumélé à Maule (78) : tous les groupes se sont faits impeccablement sonoriser, à part le dernier, un groupe fluo-punk dont je ne veux pas me rappeler le nom surtout, et qui a mis le son tellement fort que j’en avais les vêtements qui vibraient à une dizaine de mètres de la scène et que dans les villages avoisinants, un nombre d’appels téléphoniques record a été enregistré par la gendarmerie et les mairies, émanant des habitants qui se demandaient ce qui se passait, alors que ce festival a lieu chaque année et que personne ne proteste ! Brr !

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