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Sa plus belle histoire d’amour, c’est nous

Quinze ans en novembre que Barbara a compris qu’il lui fallait s’endormir aussi et pour de bon, comme elle le pressentait dans Les Insomnies… Est-elle morte en paradis ? Voit-elle fleurir ses roses, de l’autre côté du chemin ? Quinze ans ! Cela justifie-t-il une commémoration ? Je n’en suis pas certaine… Mais c’est pourtant pour ces quinze années passées sans Barbara que Camille Simeray (La Meute Rieuse) et Sam Burguière (Les Ogres de Barback) se sont réunis pour apporter une couleur nouvelle au précieux répertoire. Ce vendredi soir, au Bijou, à Toulouse, le public fut nombreux pour cette deuxième représentation.

La salle est pleine. Un simple coup d’oeil dans la salle m’informe que toutes les générations (ou presque) sont représentées. Le plateau où sont posés, suspendus, ici et là quantité d’instruments (violon, trompette, tuba, tambourin, accordéon, guitare, clavier, harmonium) est métamorphosé en salon intime avec ses lampes et leurs abat-jour année cinquante, une psyché où pendent négligemment quelques fleur rouges, un miroir. C’est dans ce décor que Camille, toute juponnée de volants beige rosé, fleur piquée dans sa chevelure claire, ouvre le spectacle par un texte dit : « Je ne suis pas une tulipe noire, je ne suis pas un oiseau de proie […] je ne suis pas poète, je suis une femme qui chante… »  On devine aux premiers applaudissements, aux bravos criés bien haut  que c’est gagné pour ce duo qui affiche la séduction de leur jeunesse. A eux deux, ils ont à peine l’âge de Barbara quand elle mourut. Au fond c’est comme si ses petits-enfants venaient lui rendre hommage, avec toute leur insolence et leur créativité. Et c’est simplement beau.

Tout comme moi, sans doute, nombreux sont ceux qui connaissent chaque mot, chaque note et parfois notre oreille souffre un peu (enfin disons  la mienne…) quand  le tuba se fait trop insistant, dominant, ou quand la voix de Camille s’égare dans les aigus. Mais l’essentiel n’est pas là. Les chansons s’enchaînent sans que jamais revienne le même arrangement et l’on y reconnaît la signature des Ogres… Pour le Soleil Noir (première chanson du concert) – fracassante et éblouissante chanson contre la violence des armes – percussions seules au début, clavier au refrain, dans les Insomnies, guitare électrique, tambourin puis tuba pour souligner l’autodérision de l’auteur (c’est très réussi !), trompette seule dans Pierre où vient  s’insérer subtilement Göttingen, mariage de la guitare électrique et de l’accordéon pour Le Mal de vivre… Belle valse tournoyante pour la joie de vivre à la fin de la chanson. !  Camille s’en va faire aussi  un clin d’œil aux chanteuses réalistes que Barbara aimait tant, quand du fond de la salle, Sam au violon, elle entonne : « Viens voir l’Italie/ comme dans les chansons / Viens voir les fontaines / Viens voir les pigeons… » Quand elle s’attaque à Ma plus belle histoire d’amour, elle se joue de cette  audace et en vient à détourner habilement la chanson comme l’indique le titre de cet article. Je l’en aurais presque remerciée. Quant à la Petite Cantate, quelques notes auront suffi quand le public était  déjà en train de fredonner… Ouf ! On échappe à un trop plein de nostalgie même si, je l’avoue, j’ai fait ce voyage avec ces deux artistes là, les larmes aux paupières.

Gageons que l’album (actuellement en souscription) vienne prolonger cette re-création et aide à toucher la jeune génération.

Le site du bout des lèvres c’est ici. Et voici ceux des Ogres de Barback et de La Mouette rieuse.

Un extrait de l’album maintenant disponible, Du bout des lèvres.
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3 Réponses à Sa plus belle histoire d’amour, c’est nous

  1. Odile 17 juin 2012 à 9 h 28 min

    Oh Toulouse tu es bien trop loin de chez moi !
    Et moi qui l’aimait tant Barbara…
    Cet hommage devait être très émouvant et je vous envie d’avoir été là !
    Merci Claude pour ce compte-rendu…

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  2. danièle 17 juin 2012 à 9 h 43 min

    Une de mes plus belle histoire d’amour de chansons, un de mes plus beaux souvenirs de scène, et une des rares que j’ai du mal à écouter dans d’autres voix que la sienne, malgré tout le talent de ceux qui lui rendent hommage et reprennent ses chansons …

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  3. Jean Lapierre 17 juin 2012 à 10 h 36 min

    Je me permets de signaler – si tu le permets, cher Michel – ma Conférence-Spectacle « Barbara, la longue route », ainsi que l’expo du même nom, facilement transportable…
    Merci

    voir ici : http://jeanlapierre.pagesperso-orange.fr/conference.htm

    Répondre

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