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Barjac 2012 : Mouron, l’arc-en-ciel d’émotions

Mouron (photos Chantal Bou-Hanna)

Jour après jour, le carnet de route de Catherine Cour Une autre artiste dont la carrière internationale la rend trop rare en France (à l’instar d’Éric Guilleton, dont je parlais il y a peu), c’est Mouron. À force de se partager entre l’Asie, la Russie, l’Europe (beaucoup l’Allemagne)… il faut aller loin pour pouvoir l’entendre. Heureusement qu’il y a Barjac et Avignon, de temps en temps !

En ce soir d’été, encore chaud du soleil d’août, illuminé autant par la pleine lune que par les projecteurs de la scène, Mouron s’est avancée, seule, sur scène. Simplement accompagnée (merveilleusement bien, comme à son habitude, mais de façon très dépouillée, en grand virtuose qu’il est) au piano par Terry Truck, elle nous a donné à entendre La vie en trois minutes… enfin, ça a sûrement duré un peu plus de trois minutes, mais je n’ai pas vu le temps passer !

La voix de Mouron est une palette dans laquelle elle puise tour à tour l’arc-en-ciel des émotions. Tantôt le rose de l’espoir, tantôt le gris de la tristesse, le bleu du souvenir, le mauve de l’amour, le rouge de la violence. C’est une voix souple qui peut se faire tendre et enjôleuse, mais qui peut aussi rugir de colère ou pleurer sa peine, comme le faisaient « les Grandes Dames » des années cinquante : Piaf, Fréhel, Damia, Barbara. Elle nous offre un voyage au gré de ses chansons. Les « anciennes » (dont une de mes préférées, qui parle à mon cœur : Le chemin de papier : « Sur le chemin, je m’en vais / J’ai trop rêvé de m’envoler / Je m’en vais / Sur le chemin de papier / Je me suis échappée / Je vis dans le dessin que j’ai animé / Sur le chemin de mon cœur / J’ai trouvé le bonheur / Le bonheur que j’ai tant cherché« )

Et puis de plus récentes, racontant, pendant la guerre, la rencontre de son père, ténor d’opéra, avec un pianiste Berlinois : Le musicien inconnu, « Moi qui n’aime que les gens trop fous / Qui changent les règles du jeu / Que l’amour qui se mêle de tout / Et redonne aux cendres du feu / J’aime cette histoire folle, inattendue / Ces trouble-guerre de trouble-fête / Et je dédie ma chansonnette / À ce musicien, à ce musicien inconnu« .

Elle nous chante aussi « Amar et Antoinette », la rencontre improbable, dans le Marseille des années trente, d’un immigré Algérien et d’une fille de bonne famille. Son oncle et sa tante. Ils vont se marier et vivre heureux ensemble plus de cinquante ans. « Je n’invente rien –dit Mouron-, je raconte des histoires vraies »

Elle les raconte, les chante, les vit et les revisite avec nous. « Fais-moi valser »… « Contre toi, je ne dis rien, je chante / Je ne pense à rien, j’invente / Je ne mange plus, j’embrasse / Je ne marche plus, je valse / Je ne pleure plus, je nage / Je ne pleut plus, j’voyage / Je ne dors plus, je rêve / Je ne neige plus, je sève« …

Vivre sans elle, que j’écrirais aussi « Vivre sans ailes », un beau chant d’amour à sa mère. Une autre que j’adore : « Préservons-nous de tout mais pas d’amour » et sa conclusion Tant qu’il y aura des clowns : « Ne laissez pas partir les magiciens, les doux / Ne laissez pas mourir les musiciens, les fous / Les autres, les étrangers de la méchanceté / Les anges égarés qui viennent nous faire rêver« 

Nous avons bien dû laisser partir cet ange égaré de Mouron. Un autre grand ange de la chanson patientait pour nous faire rêver, lui aussi. Mais ce soir-là, la nuit était plus tendre, la lune plus douce et plus propices aux amoureux que les autres soirs de cette semaine… C’était donc « Mouron… d’amour » (je peux me le permettre : elle l’a fait avant moi –en 1997, si mes souvenirs sont exacts- !) en léger différé de Barjac…  

À vous les studios…

 

 

 

 

Une réponse à Barjac 2012 : Mouron, l’arc-en-ciel d’émotions

  1. Chris Land 14 août 2012 à 19 h 28 min

    Bravo Catherine ! Très chaleureux ce compte-rendu.
    Oui Mouron est une grande et talentueuse artiste trop rare en France. Quand elle revient de ses voyages, là où on l’a invité à faire son métier, elle retrouve ses habitudes à Ivry où elle demeure.
    Et en dehors de Barjac ou d’Avignon, on a pu aussi la découvrir sur la scène de l’Annexe, petit restau Ivryen où nous l’avons programmée la saison dernière. Ce fut un enchantement et les personnes présentes en parlent encore comme une des plus chouette soirée de la saison…
    Mouron est rare, et tout ce qui est rare est « chère »… Mouron nous est très chère…
    Chris Land

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