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Prémilhat 2012 : Made in Normandin

Steve Normandin (photo d’archives DR)

Les Rencontres de la Chanson francophone de Prémilhat, c’est parti depuis hier, depuis ce récital de Normandin. Ce soir Natasha Bezriche et Isabelle Bonnadier en chants mêlés, demain Michel Boutet puis Audrey Antonini et Véronique Pestel… Jusqu’à ce dimanche, des tas d’artistes et une ambiance rare que nous tenterons de restituer ici… On vous y attend !

Ah ! Steve Normandin ! Suffit de le voir une fois pour s’en rappeler toujours… Ici, nous sommes à la Ganne, à trois bornes de Prémilhat. La salle commune de cette ferme pédagogique est bien pleine ce soir pour accueillir notre phénomène en scène. Sauf qu’il n’y a pas de scène ici. Le chanteur est face à nous, bardé de son accordéon, sur une chaise.  Et s’élance, fort de son accent autant que de son chromatique, dans un récital aux contours imprécis, à durée variable, à l’intuition. C’est parti pour deux heures voire bien plus, question d’affinité.

Le statut « chanson » de cet « Accordéoniste voyageur » qu’est Normandin est difficile à bien cerner, au moins au début. Il a son répertoire en propre, un peu, mais ce n’est pas forcément ce qui marque, ce qui reste. Non, il excelle d’abord et surtout dans la reprise, tant que c’en est d’une rare évidence.  Tant que son récital, son one man show, est un pan d’Histoire de la chanson, de celle qu’on chantait naguère à Paris comme à Montréal, dans la rue comme dans les plus grandes salles. S’il commence sa prestation par Gilles Vigneault (Une branche à la fenêtre), c’est bien plus loin dans le temps qu’il va puiser l’essentiel de ses chansons : Bernard Dimey, Edith Piaf, Charles Trenet, Francis Carco, Roméo Beaudry, La Bolduc et j’en passe et des tout aussi bons. Comme ce Stephen Faulkner : « Assis au bout du quai / Le cœur gros comme ma bouteille / Je regarde se coucher le soleil / Au fond de la baie / Si j’pouvais, j´irais noyer / Ma peine au bout du monde / J’partirais / Avant que la nuit ne tombe… » Ah ! la chanson populaire à deux sous, la chanson tragique à deux balles, à l’eau de rose avec ou sans épines ! Normandin fait œuvre d’historien, à exhumer de l’oubli des perles, des pépites, parfois de ces trucs aussi sans grande portée qu’il interprète avec superbe, tantôt impliqué, tantôt avec un humour distancié. Bien entendu, que, tout chanteur pédagogique (sans doute inspiré par le lieu) qu’il est, il disserte longuement sur l’art de La Bolduc et ce distingo subtil entre la turlutte cousine et celle de chez nous. Sur ça et sur un peu tout : car notre homme est intarissable, puits de connaissance à vulgariser sans délai. Il remonte jusqu’aux 78 tours et bien encore, vieilleries de gramophones qu’il porte à nos oreilles toutes ouies, toutes réjouies. Jusqu’à imiter (à la perfection, il ne sait pas faire autrement) l’écoute d’un disque d’alors, à la voix mielleuse et pleureuse, criarde, aux craquements d’origine, aux rayures d’usures : Normandin est époustouflant en ce genre d’exercice. Il vous instruit de choses rares, de Trenet et d’Aznavour chantant Québec, de la môme Piaf et de cet inédit, cet introuvable qu’elle ne chanta qu’une seule fois dans sa carrière, à Québec justement (Le lapin et les chameaux), de ces épisodes de l’Histoire qui ont façonné la chanson de là-bas, de, de, de… De tout comme un grand livre qu’on ouvre et ne sait refermer. Bien sûr que ça prend fin un beau moment. Pour mieux, lors du repas d’après, repartir en un juke-box  vivant, étonnant, d’une connaissance de la chanson dont peu peuvent se prévaloir. Vraiment Normandin est enivrant !

Le myspace de ce phénomène, c’est ici. http://www.myspace.com/stevenormandin

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2 Réponses à Prémilhat 2012 : Made in Normandin

  1. CHRISTIAN VALMORY 1 novembre 2012 à 14 h 44 min

    je ne peux que souscrire à cet article écrit « à chaud ». Nous avons passé une très bonne soirée!

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  2. Françoise Mingot-Tauran (dite fanFan) 6 novembre 2012 à 6 h 10 min

    Arrivée à Prémilhat jeudi, le lendemain, j’ai donc manqué ce mémorable récital, que Catherine Cour et Michel Kemper m’ont évoqué… Heureusement, il était encore là, le personnage, et je dois avouer que pour moi ce fut une rencontre marquante, d’autant plus marquante après les deux heures de rêve passées samedi, avant son départ, au studio de JP Chauvet, Eldora, au milieu des bois, avec son ami Henri. Sa fougue créative, ses intuitions musicales et son immense érudition, il sait les mettre au service de la chanson avec une rare générosité et, toujours positif, proposer spontanément des pistes de diffusion et d’interprétation. Quel bonheur (et quel honneur) de l’entendre « à la feuille » arranger la mélodie de deux des textes de mon album, et de pouvoir les chanter sur place accompagnée par son accordéon magique. Merci à Prémilhat de m’en avoir donné l’occasion, et de favoriser les rencontres entre artistes dans une ambiance aussi chaleureuse qui favorise de nouveaux projets…

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